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Actualités - INTERVIEWS

Interview Akl Awit, la poésie coeur battant (photo)

Avant la publication d’un texte, Akl Awit le réécrit six ou sept fois, puis le soumet à l’examen de quelques-uns de ses amis poètes. Une fois l’ouvrage publié, «il n’est plus à moi», affirme Akl Awit. «Nous nous sommes libérés l’un de l’autre»… Il a à son actif sept recueils : «Effaçant l’étrangeté de l’eau» ; «La femme appuyée sur la fleur du corps» ; «Lecture des ténèbres» ; «Sous le soleil du corps inconscient» ; «Je n’ai invité personne» ; «Domaine du cyprès» ; et «Ouvrez les jours, que je m’y éclipse». «Iftahi al-ayam li akhtafi waraaha» (Ouvre les jours, que je m’y éclipse) est le dernier recueil de poésie de Akl Awit (Éditions An-Nahar). Il parle ici poésie, encore et toujours… Akl Awit est rédacteur en chef du supplément littéraire d’An-Nahar. Francophone, il n’écrit cependant qu’en arabe. «Je pense dans cette langue. Je peux en pénétrer l’inconscient», dit-il. Lyrique, il ajoute, «elle a les richesses d’une femme ; et j’ai avec elle des rapports très puissants. J’ai la capacité de créer, avec elle, une relation amoureuse au quotidien». À travers cette relation amoureuse, c’est sur «la découverte permanente du moi» qu’il écrit. Ce moi, «c’est comme une source qui jaillit de la terre et qui crée un rapport quotidien au monde, au corps, à l’autre…». Tantôt affectueuse, tantôt haineuse, cette liaison est faite aussi bien de déceptions que d’émerveillement. Akl Awit est un poète des sens. «J’ai le don d’être un éternel amoureux», dit-il. «Je me jette sur l’écriture comme si je me précipitais dans un gouffre. C’est à chaque fois un choc physique». Résultat, une écriture sensuelle, charnelle. Akl Awit n’écrit que des poèmes, pas de roman ou de récit. «La poésie est une sorte de récit libéré de détails», souligne-t-il. «Mes écrits ont l’essence du récit, mais la structure du poème». Longue histoire «Ifatahi…», poème de 70 pages, «a été rédigé d’une seule traite. J’attendais de l’écrire depuis 17 ans. C’est un véritable hymne à l’amour», dit Awit. N’y a-t-il pas une certaine indécence à étaler tant de sentiments personnels ? «Quand la poésie se libère du quotidien, elle n’est pas indécente». La poésie cristallise cet instant, «en en faisant ressortir le caractère unique». Référence La référence poétique d’Akl Awit, c’est d’abord «Le Cantique des cantiques». Puis, il y a la poésie libanaise qui «n’est pas du tout chauvine et verse toujours dans la poésie humaniste», affirme-t-il. D’après lui, une langue comme celle d’Ounsi el-Hage «se situe dans le vent universel de la poésie». Cependant, Awit avoue être sensible à trois poètes français : Baudelaire, Rimbaud et Eluard. Mais y a-t-il une place pour la poésie dans la vie moderne survoltée ? «Si la vie devait suivre son train-train sans poésie, ce serait comme un jour sans soleil, une nuit sans lune… La poésie — non pas uniquement le fait d’en écrire, mais au quotidien — c’est ce qui nous différencie de l’ordinateur». Autrement dit : science sans conscience — et sans sensibilité — n’est que ruine de l’âme.
Avant la publication d’un texte, Akl Awit le réécrit six ou sept fois, puis le soumet à l’examen de quelques-uns de ses amis poètes. Une fois l’ouvrage publié, «il n’est plus à moi», affirme Akl Awit. «Nous nous sommes libérés l’un de l’autre»… Il a à son actif sept recueils : «Effaçant l’étrangeté de l’eau» ; «La femme appuyée sur la fleur du...