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Actualités - OPINION

Tribune Un libanais au Quai d'Orsay

Après les charges qu’il a dignement et efficacement remplies au Liban, François Abi-Saab occupera bientôt un poste à la direction de la presse et de l’information, au Quai d’Orsay. Comme on le sait, Paris n’est pas un exil, et le poste auquel est destiné notre ami n’est pas une sinécure. Il est important, c’est pourquoi les amis de François Abi-Saab, et les Libanais en général, s’en réjouissent. Mais quelque chose là, quelque part, nous gêne. Se découpant sur tous les horizons, des relations franco-libanaises, la silhouette de François Abi-Saab faisant l’interprète et l’intermédiaire, réchauffant un climat, arrondissant les angles, harmonisant les points de vue, laissant partout bonne impression dans des situations parfois très délicates, va rester pour longtemps incrustée dans la mémoire des gens. François Abi-Saab était plus que lui-même, un rouage indispensable au bon fonctionnement des choses, au niveau - important - qui était le sien. Va-t-il à Paris, utiliser - au profit du Liban, comme de la France - le privilège de sa double nationalité? Au seuil d’un siècle se «mondialisant» à tour de bras, la double nationalité, – davantage que le renforcement maladif de l’une – est une armure, un rempart. S’analysant dans son dernier livre «Les identités meurtrières», Amin Maalouf écrit: «Depuis que j’ai quitté le Liban en 1979 pour m’installer en France, que de fois m’a-t-on demandé avec les meilleures intentions du monde, si je me sentais «plutôt français» ou «plutôt libanais». Je réponds invariablement: «l’un et l’autre» (...) «Ce qui fait que je suis moi-même et pas un autre, c’est que je suis ainsi à la lisière de deux pays... de deux ou trois langues, de plusieurs traditions culturelles». S’amputer d’une partie de soi-même, cultiver jalousement son jardin culturel, multiplier en soi et autour de soi les «murs» eux aussi culturels, au lieu de les abattre, et d’abattre tous les Babel réducteurs, n’est-ce pas la meilleure façon d’entrer dans le troisième millénaire, pour essayer de résister aux effets dévastateurs de la globalisation?. François et Gaby Abi-Saab, bon vent...
Après les charges qu’il a dignement et efficacement remplies au Liban, François Abi-Saab occupera bientôt un poste à la direction de la presse et de l’information, au Quai d’Orsay. Comme on le sait, Paris n’est pas un exil, et le poste auquel est destiné notre ami n’est pas une sinécure. Il est important, c’est pourquoi les amis de François Abi-Saab, et les Libanais...