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Actualités - ANALYSE

Budget - Le dossier financier est à l'étude Un remède inévitable, la privatisation

Les potions d’apothicaire ne sont pas toujours agréables à avaler. Qu’on se souvienne par exemple du bleu de méthylène ou de l’huile de foie de morue. Aujourd’hui les finances publiques sont en si mauvais état qu’il leur faut un remède de cheval. Et les spécialistes, officiels ou non, n’en trouvent qu’un : la privatisation… Car il faut des fonds frais pour couvrir l’augmentation consentie aux fonctionnaires – une enveloppe de 350 millions de dollars –, réduire le déficit budgétaire et si possible rembourser une partie de la dette publique pour pouvoir rabaisser les taux d’intérêts et dynamiser l’économie. Bien entendu sans toucher aux réserves de la banque centrale, pour que la monnaie nationale ne s’effondre pas. Comme le pouvoir ne veut pas ponctionner encore plus le contribuable déjà à bout. Et comme il y a très peu de chance d’obtenir des aides extérieures substantielles et gratuites – nul dans ce domaine ne pouvant réussir là où un Hariri a échoué – il ne reste que la privatisation. Les économistes qui forment l’ossature du gouvernement en paraissent tous convaincus. Et M. Hoss lui-même, répète-t-on dans les couloirs de l’Assemblée, en oublie ses préventions antérieures d’opposant soucieux des intérêts de la classe laborieuse. C’est que la privatisation débouche fatalement sur les mêmes résultats qu’une surtaxe indirecte : faire payer à l’usager plus cher des services ou des produits de base, ce qui pénalise bien plus les classes moyennes et pauvres que les nantis. L’idée n’est donc pas populaire et quand M. Hariri en avait parlé, il y avait eu un tel tollé qu’il avait dû capituler. Selon un expert, «la privatisation dans l’état actuel de l’économie libanaise n’est pas une panacée. Elle permettrait de gagner du temps et c’est tout. On ne doit pas oublier que tout n’est pas cessible, que toutes les institutions privatisables ne peuvent pas trouver preneur. Chacun y réfléchirait à deux fois par exemple, avant de s’encombrer de l’EDL… Toujours est-il qu’en vendant la Régie, les Transports et autres secteurs réputés rentables, on réussirait sans doute à passer le cap de l’an 1999 . Un sursis que le gouvernement devrait mettre d’urgence à profit pour épurer, élaguer et réformer l’Administration. Condition sine qua non pour la réussite de tout plan triennal ou quinquennal d’assainissement des finances publiques et de maintien du déficit budgétaire au-dessous de la barre autorisée (par la Banque mondiale) des 37 %». Cette personnalité révèle que les présidents Lahoud et Hoss ainsi que le ministre des Finances M. Georges Corm disposent d’une étude établie par un comité d’experts. Qui font grosso modo les recommandations suivantes : – La privatisation doit être envisagée a priori comme un package deal. – Pour éviter justement de devoir accepter des prix trop bas, l’État devrait donner un coup de jeune et de vernis aux organismes qu’il compte privatiser. Pour en améliorer le rendement autant que l’emballage et pouvoir attirer ainsi plusieurs clients, la concurrence étant le meilleur gage d’un relèvement des prix. – Bien évidemment, toutes les opérations devraient se dérouler dans la plus parfaite transparence, dans le respect absolu des règles d’adjudication. – Ceci étant, le comité d’experts estime que, dans l’ensemble, plutôt que de vendre en bloc, l’État libanais devrait suivre l’exemple des Français qui privatisent sans privatiser. C’est-à-dire qu’ils dotent les institutions cessibles d’actions et cèdent à des tiers des parts du capital (on dit élargissement) dont ils gardent le contrôle. – Le document divise ensuite les organismes visés en trois catégories : les institutions qui croulent sous un lourd déficit annuel, soit par manque de crédits de fonctionnement soit par mauvaise gestion comme la MEA qui commence à se redresser ; les institutions qui seraient très rentables si elles ne souffraient d’une trop mauvaise perception comme l’EDL qui ne recouvre son dû qu’à 30 % et de plus en pénalisant certaines régions tandis que d’autres ne paient rien; les institutions qui donnent du rendement comme la Régie…
Les potions d’apothicaire ne sont pas toujours agréables à avaler. Qu’on se souvienne par exemple du bleu de méthylène ou de l’huile de foie de morue. Aujourd’hui les finances publiques sont en si mauvais état qu’il leur faut un remède de cheval. Et les spécialistes, officiels ou non, n’en trouvent qu’un : la privatisation… Car il faut des fonds frais pour...