Réaffirmant qu’un pays étranger n’avait pas à s’immiscer dans des questions d’ordre intérieur, le ministère chinois des Affaires étrangères a sèchement répondu mercredi aux critiques américaines visant l’arrestation, lundi, du dissident Xu Wenli. «Xu Wenli est soupçonné d’activités qui ont nui à la sécurité nationale et ses actes sont une violation du code pénal en vigueur en République populaire de Chine», dit un communiqué du ministère. «C’est une affaire interne et les autres nations n’ont pas à intervenir». L’arrestation de Xu, l’un des principaux dissidents chinois, a provoqué la colère des États-Unis, qui exigent sa «libération immédiate». James Rubin, porte-parole du département d’État, a estimé qu’il s’agissait d’un «pas dans la mauvaise direction». La police chinoise n’a pas précisé les motifs de l’arrestation du dissident opérée lundi soir, deux mois après l’adhésion de la Chine à la Convention internationale sur les droits civiques et politiques - qui garantit la liberté d’expression, d’assemblée ou de croyance, mais ne s’imposera que lorsque Pékin l’aura ratifiée. Âgé de 55 ans, Xu est l’un des fondateurs du Parti démocratique chinois (PDC), toujours interdit bien qu’il soit la première formation d’opposition. Huit autres membres du PDC ont été arrêtés depuis lundi. Quelque 200 dissidents ont appelé mercredi à leur libération, et deux anciens leaders du Printemps de Pékin, le mouvement démocratique écrasé dans le sang en 1989, ont entamé une grève de la faim pour appuyer cet appel, annoncent à Hong Kong le Centre d’information sur les droits de l’homme et le mouvement démocratique en Chine. Xu Wenli, qui a passé douze ans en prison pour sa participation au mouvement démocratique des années 1978-79, avait déjà été arrêté au début du mois d’octobre, avant d’être libéré dans la foulée d’une intervention du Premier ministre britannique Tony Blair, alors en visite officielle en Chine.