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Actualités - ANALYSE

Vie politique - Ni remous, ni secousse économique Les occidentaux ne paraissent pas trop mécontents

Ceux qui ont parié sur des remous ont perdu. Il n’y a, avec le brusque retrait de M. Rafic Hariri, ni émoi politique ni secousse économique. Les diplomates occidentaux applaudissent la nomination de M. Hoss. Et toutes les craintes antérieures paraissent dès lors infondées. Pour le moment. Car les retombées du changement – notamment sur le plan économique et financier – ne se feraient sentir, le cas échéant, qu’en 1999 (voir encadré). Mais un diplomate occidental affirme que «le Liban pourra continuer à compter sur les mêmes amitiés, sur les mêmes soutiens à l’extérieur, sur les mêmes aides». Pas grand-chose à dire vrai, sauf ces lignes de crédit assez consistantes – en volume et en taux d’intérêt – que M. Hariri parvenait à décrocher grâce à son entregent international. L’ambassadeur ajoute toutefois qu’au niveau gouvernemental, «il est agréable de traiter avec un homme d’expérience, un économiste averti et honnête comme M. Sélim Hoss avec qui on peut savoir où on va au juste». Sous-entendu probable : où va l’argent. Si tant est qu’il y en ait. D’autres diplomates occidentaux confient en privé qu’ils ont été assez surpris de constater que M. Hariri refusait son soutien au nouveau régime et préférait s’en aller en claquant la porte. À leur avis, «l’avènement du président Lahoud est une chance pour le Liban qui a besoin d’une direction ferme au moment où Israël se prépare à se retirer du Sud». En tout cas, M. Hariri pour sa part ne semble pas vouloir provoquer de bataille. Un de ses proches confirme qu’il avait senti le vent tourner, du côté des décideurs, depuis plusieurs semaines. Et il a eu l’impression que ce qu’on lui reprochait surtout c’était d’avoir bâti un État des institutions pour lui tout seul, en créant des organismes puissants, comme le CDR, placés directement sous sa coupe. On revient donc à l’ancienne forte devise des niveleurs : «Toute tête qui dépasse sera tranchée…». Une opération sous anesthésie générale. Ainsi un député opposant, mais de l’Ouest, se félicite de ce que «la fermeté et l’habileté manœuvrière des décideurs, qui ont sans nul doute orchestré toute la mise en scène, aient permis une transition sans brutalité, en douceur, dans le calme, et sans provoquer de psychose». Et de rendre grâces aux décideurs, «garants d’une si belle stabilité politico-confessionnelle : dans le temps, un clash comme celui qui vient de se produire provoquait une mobilisation générale et un quelconque sommet d’Aramoun ou de Louayz». Mais un loyaliste soutient pour sa part que «les Syriens ont refusé d’intervenir, de se mêler de quoi que ce soit. Ils soulignent que désormais les Libanais doivent apprendre à régler eux-mêmes leurs propres affaires, en respectant la Constitution et les lois en vigueur. Donc si M. Hariri a été défait c’est que le président Lahoud est le plus fort sur le plan intérieur, la population dans toutes ses composantes plaçant en lui ses espérances de purification comme de redressement socio-économique». À partir de là, cette personnalité, qui soutient à fond le nouveau régime, estime qu’il faudra «relire et corriger Taëf à tête reposée. Le système, tout le monde en convient, est vicié. Il faut revoir non seulement la Constitution mais aussi les détails du pacte national conclu à Taëf. Tout remettre sur le tapis et veiller à ce que cette fois il n’y ait plus de clauses ou d’articles constitutionnels pouvant prêter à équivoque». Sur un plan concret, immédiat, cette source déduit du départ de M. Hariri qu’il n’existe plus «de constantes inamovibles protégées par les décideurs». Ce qui reste en réalité à vérifier, car des constantes peuvent en remplacer d’autres.
Ceux qui ont parié sur des remous ont perdu. Il n’y a, avec le brusque retrait de M. Rafic Hariri, ni émoi politique ni secousse économique. Les diplomates occidentaux applaudissent la nomination de M. Hoss. Et toutes les craintes antérieures paraissent dès lors infondées. Pour le moment. Car les retombées du changement – notamment sur le plan économique et financier – ne...