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Actualités - ANALYSE

Nouveau mandat : spéculations sur le style Lahoud Opposition : l'heure de la mutation a sonné

L’opposition. Un nom générique qui recouvre des forces politiques diverses et même… opposées. Opposition parlementaire ou extraparlementaire, taëfiste ou antitaëfiste, modérée ou radicale : un microcosme aujourd’hui disloqué. Car l’élection du général Lahoud modifie à tel point les donnes que dans le néo-loyalisme qu’elle engendre on retrouve bon nombre de figures de proue jusque-là contestataires. Le fait est là, comme tout bon Arabe, le Libanais a tendance à accueillir en fanfare une ère nouvelle et à en faire même un peu trop dans le dithyrambe, avant d’avoir rien vu. Il est même prêt le cas échéant à dérouler le tapis rouge devant un envahisseur, à lancer sur le défilé de ses troupes eau de Cologne, grains de riz et pétales de fleurs, voire à égorger le mouton pour lui. Pour en revenir à l’actualité locale, on relève sans trop de surprise parmi les thuriféraires les plus zélés du général-président une liste de ministres, de politiciens, de notables de la société civile qui ont fait des pieds et des mains auparavant pour qu’il n’accède pas au pouvoir. En faisant valoir, comme principal argument, l’antinomie qui existe selon eux entre l’État militaire et la démocratie ou les libertés publiques, dont ils se prétendaient les défenseurs. Mais maintenant que les faits leur ont donné tort, ils font contre mauvaise fortune (trop) bon cœur et essaient de se racheter en quelque sorte par des surenchères laudatives. Confirmant ainsi leur professionnalisme, puisque la politique consiste souvent à être du bon côté du manche «aux côtés de celui qui est debout», comme dit l’adage local. De l’hypocrisie ? Non, de l’opportunisme. Les champions de ce genre de sport sont ceux-là mêmes qui le condamnent avec mépris et s’érigent en porte-parole de l’intéressé pour affirmer qu’il ne prête aucune attention aux gesticulations des flatteurs et qu’il ne juge que sur les actes. Une façon supérieure de flatter certes, mais qui ne fait pas oublier que ces donneurs de leçons jugent eux aussi avant d’avoir rien vu. On peut, pour conclure sur ce point délicat, estimer qu’à l’image de leur chef, les vrais proches du général ne pipent mot, ne font pas de commentaires, ni dans un sens ni dans l’autre. Handicaps constitutionnels Sur le plan politique, un vétéran note que «le général ne se heurte au départ à aucune opposition, ni au sein ni en dehors du Parlement». Et d’ajouter que «cela peut s’expliquer en partie par l’état de grâce dont bénéficie tout nouvel arrivant au pouvoir. Et en partie par le fait que les circonstances ont changé. Du temps du mandat français, le choix du chef de l’État provoquait parfois de vives objections, sur le plan populaire et parlementaire. Au début de l’ère de l’indépendance, le pays était grosso modo divisé entre deux grands courants, les destouriens de cheikh Béchara el-Khoury et les partisans du Bloc national d’Émile Eddé. L’opposition était donc automatiquement présente. Plus tard, elle prenait corps à l’occasion de la formation des gouvernements, en regroupant les frustrés. En tout cas la démocratie était vivace, comme l’a prouvé en 1970 l’avènement du président Sleiman Frangié, élu par une seule voix de différence contre Élias Sarkis, sans aucune immixtion étrangère». Toujours pour ce vétéran, «les présidents de la République confortaient leur pouvoir en disposant à la Chambre d’un bloc bien à eux, pour guider la majorité dans telle ou telle orientation. Ainsi Fouad Chéhab dirigeait de son palais le Front démocratique parlementaire. La question qui se pose aujourd’hui est de savoir si le général Lahoud va tenter à son tour d’avoir sous sa coupe un groupe parlementaire organisé. Et par voie de conséquence, car l’un ne va pas sans l’autre, s’il va se constituer plus tard une opposition à son régime…». Bien sûr c’est une question à laquelle il n’y a pas de réponses, ni même de spéculations à faire, puisqu’en politique, on ne sait absolument rien du général Lahoud qui n’en a jamais fait. Il a réussi en tant que commandant en chef de l’armée, mais la présidence de la République, c’est tout à fait autre chose. Il paraît très probable que son style va beaucoup différer de celui de son prédécesseur. Mais jusqu’à nouvel ordre, les handicaps constitutionnels restent les mêmes : le chef de l’État n’est plus détenteur, depuis Taëf, du pouvoir exécutif, échu au Conseil des ministres. De plus, certaines sources généralement fiables affirment que le général Lahoud ne veut avoir ni de ministres ni de députés à lui. Il pense que les majorités doivent se dessiner en fonction de l’intérêt du pays, non d’une personne. Comme il serait pratiquement le seul à exercer une telle éthique, il y a des risques que sa volonté ne passe pas… Mais enfin, répétons-le, il ne faut présumer de rien. C’est aux actes qu’on juge. Et c’est en forgeant qu’on devient forgeron…
L’opposition. Un nom générique qui recouvre des forces politiques diverses et même… opposées. Opposition parlementaire ou extraparlementaire, taëfiste ou antitaëfiste, modérée ou radicale : un microcosme aujourd’hui disloqué. Car l’élection du général Lahoud modifie à tel point les donnes que dans le néo-loyalisme qu’elle engendre on retrouve bon nombre de...