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Actualités - ANALYSE

Un dilemme, le cas de l'ALS

Le cas de l’Armée du Liban-Sud que dirige Antoine Lahd et le sort de ses miliciens posent aux autorités locales, en marge du dossier Sud et des propositions israéliennes, un sérieux dilemme. Les députés de la région, particulièrement ceux de Jezzine et de Marjeyoun, sont fortement préoccupés par un problème qui peut se révéler explosif et tout à fait destructeur, après un éventuel retrait israélien. On sait que, sur le plan officiel, le Liban, notamment par la bouche du président du Conseil, M. Rafic Hariri, refuse absolument qu’Israël se mêle de cette affaire considérée comme purement intérieure. Ce qui revient à rejeter dans la foulée le principe des garanties («post-mortem» si l’on peut dire) que l’Etat hébreu exige en ce qui concerne le devenir des hommes de l’ALS, de leurs familles et du courant qu’ils représentent. Il n’empêche que M. Hariri, à l’instar d’ailleurs du président Nabih Berry, se veut un peu rassurant, en répétant en substance que «ces éléments de l’ALS, dévoyés, trompés ou contraints, restent nos fils, nos enfants. C’est bien parce qu’ils sont Libanais, qualité que nous ne leur dénions pas, que seul notre Etat est habilité à traiter leur cas. Nous n’acceptons donc pas qu’Israël émette même un avis là-dessus, ni qu’il en fasse une revendication ou une des conditions, du reste toutes inadmissibles, de son retrait. La question sera réglée, précise M. Hariri, selon les lois libanaises, chaque cas d’espèce étant examiné bien à part. La justice tiendra certainement compte, prévoit-il, des circonstances contraignantes qui ont prévalu ou prévalent encore au Sud comme dans la Békaa-Ouest occupée et qui ont pu amener certains à s’embrigader dans cette milice». Mais cette mise au point «est aussi incomplète que tardive», relève un politicien qui constate que «le gouvernement a pris position après le Hezbollah, comme s’il attendait le feu vert de ce parti… Et on ne nous dit pas de quelle cour, spéciale ou non, les miliciens seront justiciables ni comment ils seraient protégés, avec leurs familles, contre une quelconque vindicte…» On sait en effet que le Hezbollah, tout en proclamant qu’à son niveau il ne va pas sévir ultérieurement, invite de manière pressante les hommes de l’ALS à faire défection et amende honorable avant qu’il soit trop tard, ce qui peut vouloir beaucoup dire… Plus au fond, «il faut comprendre, reprend la personnalité citée, ce qui risque de se passer en pratique: certes, l’ALS va s’effriter avec le départ des Israéliens. Mais s’il n’y a pas d’assurances de non-répression ou même de récupération par le biais d’un enrôlement dans les forces régulières libanaises, Israël peut très bien entretenir par la suite des bandes armées qui gagneraient le maquis ou tiendraient même certaines localités. Et l’instabilité, via les heurts entre ces francs-tireurs et les hezbollahis, continuerait à régner au Sud». Jezzine Un ministre, sans abonder dans le même sens, rappelle que, lorsqu’il y a quelques mois, des attentats attribués aux intégristes avaient endeuillé la région de Jezzine, ce qui avait entraîné la création de la Rencontre de Mar Roukoz, la question de l’ALS avait été soulevée en Conseil des ministres. Député de Jezzine et membre de la Rencontre ( contrairement à ses collègues MM. Samir Azar et Sleiman Kanaan, dissuadés par M. Nabih Berry), le ministre de l’Industrie, M. Nadim Salem, avait demandé au gouvernement ce qu’il comptait faire en cas de retrait israélien. Et plus ponctuellement quelle était sa position par rapport à ce qui se passait déjà comme actions de vengeance, du reste aveugle puisque les bombes avaient surtout fauché des innocents… M. Salem avait insisté pour que l’on prenne en considération les circonstances des éléments de l’ALS, ajoutant qu’il est inadmissible de lancer des accusations de trahison sans vérification et de classer arbitrairement les Libanais en bons ou mauvais patriotes. Il avait donc invité le pouvoir à récupérer ces éléments, pour leur permettre de quitter l’ALS, ajoutant que la vraie résistance c’est finalement l’attachement à la terre et le maintien d’une population qu’on ne doit pas faire fuir par des proscriptions. Ce même témoin rapporte que, ce jour-là, le chef du gouvernement avait rejeté le point de vue exprimé par M. Salem, en laissant entendre qu’on ne saurait accorder les circonstances atténuantes aux membres de l’ALS, mais sans prendre encore de décision. Intervenant à son tour, le ministre des Affaires étrangères, donnant raison au député de Jezzine, avait émis quelques idées: lancer un appel aux membres de l’ALS et à leurs familles pour qu’ils fassent défection et gagnent les régions libérées; former un comité chargé d’étudier chaque cas, sans que l’on n’emprisonne chaque particulier qui quitte la zone occupée pour l’interroger sous le chef d’inculpation de haute trahison comme cela s’est fait… Mais tout cela n’avait pas non plus séduit M. Hariri qui avait prié M. Salem de ne plus soulever du tout la question de Jezzine ou de l’ALS en Conseil des ministres. On attend donc aujourd’hui de savoir ce que le gouvernement compte faire. Si tant est qu’il en ait la moindre idée, avant de consulter…
Le cas de l’Armée du Liban-Sud que dirige Antoine Lahd et le sort de ses miliciens posent aux autorités locales, en marge du dossier Sud et des propositions israéliennes, un sérieux dilemme. Les députés de la région, particulièrement ceux de Jezzine et de Marjeyoun, sont fortement préoccupés par un problème qui peut se révéler explosif et tout à fait destructeur,...