Actualités - CHRONOLOGIE
Persistance troublante du prion
le 24 avril 1998 à 00h00
Des souris «résistantes» à une variété d’ESB, la tremblante du hamster, peuvent héberger pendant longtemps l’agent de la maladie et contaminer une autre espèce, sans avoir jamais été malades elles-mêmes, selon des travaux de laboratoire américains publiés dans la revue britannique «Nature». Ces travaux expérimentaux n’ont pas porté directement sur la maladie de la vache folle (ou encéphalopathie spongiforme bovine, ESR) et les chercheurs qui ont recouru pour leur démonstration à des injections dans le cerveau, n’ont pas vérifié si des résultats similaires pouvaient être obtenus par voie orale. L’étude américaine soulève néanmoins la question préoccupante de l’éventuelle existence de «réservoirs» cachés de prion bovin chez des animaux comme le poulet, voire le cochon, qui seraient, en l’absence de test de détection adéquat, difficile à identifier et encore plus à éradiquer. Cette découverte d’une très longue persistance de prion pathologique observée chez des souris pourrait avoir des implications pour la maîtrise de l’épidémie de l’encéphalopathie spongiforme bovine (ESB), notent les auteurs, Richard Race et Bruce Chesebro (National Institute of Allergy and Infections Desease, Hamilton, Montana, Etats-Unis) dans la revue. Ils préconisent l’abandon total des farines de viande et d’os de ruminants (vache, mouton) pour nourrir «toutes» les espèces animales entrant dans l’alimentation humaine, comme les volailles, tout en reconnaissant l’absence actuelle de preuve d’une existence de ce mode de transmission à partir d’une espèce animale «résistante» à l’ESB. Selon leur étude, des souris insensibles à une maladie à prion propre aux hamsters, la «tremblante du hamster», peuvent discrètement abriter l’agent responsable de cette encéphalopathie. Les chercheurs ont en effet montré que des tissus (cerveau et rate) de ces souris «résistantes», préalablement infectées avec la tremblante du hamster par voie intra-cérébrale, peuvent — très longtemps après l’inoculation (204 à 782 jours, soit une période approchant leur durée de vie) — provoquer la maladie une fois réinjectés à des hamsters sains, sans qu’aucune des souris n’ait jamais eu le moindre signe de tremblante. «Réservoirs» L’injection à des souris saines de ces mêmes tissus contenant du prion pathologique de hamster n’a pas réussie à les rendre malades. La maladie bovine est transmissible par inoculation ou par ingestion, naturellement ou expérimentalement, à de nombreuses espèces: souris, mouton, chèvre, ouistiti, vison, chat, ruminants exotiques ainsi qu’au porc mais uniquement pour ce dernier par injection intra-cérébrale. L’EBS n’a, en revanche, jamais pu être transmise au poulet. Deux experts suisses, Adriano Aguizzi et Charles Weissamnn commentent dans Nature cette observation d’une persistance durable et «troublante» de prion pathologique chez des souris. De nombreuses raisons permettent de croire, selon eux, que l’exposition aux prions infectieux ne conduit pas nécessairement à la maladie, considérée comme une irrévocable sentence de mort. Dans les troupeaux touchés, seules quelques vaches sont atteintes, même si toutes ont vraisemblement mangé les mêmes farines contaminées. De surcroît, ajoutent les experts suisses, alors que beaucoup de gens en Grande-Bretagne et en Europe ont sans doute ingéré l’agent de l’EBS, très vraisemblablement à l’origine du nouveau variant de la maladie de Creutzfeldt-Jakob humaine, seule une petite minorité a, à ce jour, développé cette nouvelle forme de la maladie. Une des explications possibles serait que l’agent infectieux n’arriverait pas à se multiplier («répliquer») suffisamment pour déclencher la maladie, mais assez pour aboutir à une infection chronique «silencieuse», sans symptôme clinique. Dans cette hypothèse, il y existerait des «réservoirs» d’agent infectieux, des porteurs sains de prions, qui seraient, faute de test de dépistage disponible, «difficiles à identifier et encore plus à éradiquer», relèvent les experts. Les cochons et les volailles, nourris avec des farines d’origine bovine, sont considérés comme sans danger pour l’alimentation humaine parce qu’ils n’ont jamais développé la maladie bovine après une exposition orale à l’agent de l’ESB, estiment les experts. Pourtant, à leur connaissance, aucune expérience scientifique n’a été conduite pour vérifier si les volailles et les cochons exposés à l’ESB pouvaient receler du prion pathologique et transmettre la maladie bovine à des vaches saines. (AFP)
Des souris «résistantes» à une variété d’ESB, la tremblante du hamster, peuvent héberger pendant longtemps l’agent de la maladie et contaminer une autre espèce, sans avoir jamais été malades elles-mêmes, selon des travaux de laboratoire américains publiés dans la revue britannique «Nature». Ces travaux expérimentaux n’ont pas porté directement sur la maladie de la vache folle (ou encéphalopathie spongiforme bovine, ESR) et les chercheurs qui ont recouru pour leur démonstration à des injections dans le cerveau, n’ont pas vérifié si des résultats similaires pouvaient être obtenus par voie orale. L’étude américaine soulève néanmoins la question préoccupante de l’éventuelle existence de «réservoirs» cachés de prion bovin chez des animaux comme le poulet, voire le cochon, qui seraient, en...