De nombreux médecins américains reçoivent des demandes d’euthanasie ou d’assistance au suicide de leurs patients, et près de 6% ont déjà accepté d’exécuter de telles requêtes au cours de leur carrière, affirme un sondage paru dans l’hebdomadaire «New England Journal of Medecine». Cette première grande enquête nationale sur le sujet, réalisée auprès de 1.902 praticiens répartis dans tous les Etats-Unis, indique que 18,3% des médecins ont reçu au moins une fois une requête leur demandant d’aider un de leurs malades à se suicider et 11,1% ont été sollicités pour leur faire une injection mortelle. Au total, 16% de ces requêtes ont été honorées, rapporte l’enquête, dirigée par le Dr Diane Meier, de la Mount Sinaï School of Medicine de New York. Sur l’ensemble des médecins interrogés, 3,3% ont reconnu avoir prescrit au moins une fois une dose mortelle de médicaments et 4,7% avoir déjà administré une injection mortelle à un de leurs patients. Globalement, près de 6% des médecins américains ont avoué avoir satisfait l’une de ces requêtes, alors que l’euthanasie ou le suicide médicalement assisté font l’objet d’une interdiction formelle dans 35 des 50 Etats américains. L’exception de l’Oregon En dépit de ces lois, 11% des médecins interrogés ont indiqué qu’ils étaient prêts à prescrire une dose mortelle de médicaments si une telle demande leur était formulée et 7% à leur administrer une piqûre fatale. Respectivement, 36% et 24% ont souligné qu’ils étaient prêts à satisfaire une de ces deux requêtes si la loi le leur permettait. L’enquête relève que 95% des demandes de prescription mortelle viennent des patients eux-mêmes mais que 54% des requêtes d’injection sont le fait d’un membre de la famille ou du conjoint du malade. De même, près de quatre demandes sur cinq (79%) sont seulement suggérées de façon voilée plutôt que formulée explicitement. «La légalisation pourrait augmenter largement le nombre de médecins qui souhaitent accélérer la mort de leurs patients et peut-être augmenter le nombre de cas d’euthanasie», estiment les auteurs de l’étude. «Des études complémentaires (...) sont nécessaires pour évaluer si un recours plus large aux soins palliatifs pourrait modifier certaines de ces requêtes», ajoutent-ils. La Cour suprême avait confirmé en juin 1997 la légalité des lois interdisant le recours aux suicides assistés aux Etats-Unis, affirmant notamment que le droit à mourir n’était pas une liberté fondamentale. Un seul Etat américain, l’Oregon, a adopté en 1994 une loi autorisant l’euthanasie, qui est entrée en vigueur en novembre 1997. (AFP)