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Actualités - REPORTAGE

L'IISS tire la sonnette d'alarme Le blocage au P.O. a atteint un stade dangereux

Le blocage du processus de paix au Proche-Orient a atteint un stade dangereux dont seuls les Etats-Unis sont capables de venir à bout. Mais «de vertu, leur patience peut se transformer en vice», selon l’Institut international d’études stratégiques (IISS) dans son rapport annuel rendu public jeudi Présentant le bilan devant la presse, le directeur de l’institut, John Chipman, a jugé qu’«il est temps pour les Etats-Unis d’utiliser plus fortement leur influence pour faire avancer le processus», a-t-il relevé, s’il va sans doute s’avérer difficile de faire accepter au Congrès et à l’opinion intérieure la nécessité de davantage de fermeté envers l’Etat hébreu. Prenant l’exemple de la récente réussite des négociations intensives sur l’Irlande du Nord, avec concentration des participants et fixation d’une date-limite, il a noté que les Etats-Unis ont une «chance réelle de faire évoluer» les négociations. Il se sont déjà montrés capables de mettre en œuvre un tel schéma lors des pourparlers sur la Bosnie à Dayton. Quoique les Américains aient donné des signes clairs d’impatience devant la poursuite du blocage, les experts de l’IISS ne veulent pas croire à un abandon pur et simple de leur part. «Même si l’Union européenne, et plus récemment sa présidence britannique, a montré quelque intérêt à redonner vie au processus, tout le monde s’accorde à penser que seuls les Etats-Unis peuvent véritablement le faire», a noté John Chipman. Il y faudra une clarification de certaines ambivalences, notamment celle qui fait hésiter le gouvernement américain entre sa préférence affichée pour l’action internationale multilatérale et la commodité de l’action directe unilatérale, estime l’institut. Le scénario de la réunion prévue le 4 mai à Londres, tel qu’évalué par l’IISS, est que le secrétaire d’Etat Madeleine Albright mettra sur la table des propositions qui circulent depuis plusieurs semaines entre les parties, et que les Etats-Unis s’attendent à une acceptation de ces propositions, notamment de la part du premier ministre israélien Benjamin Netanyahu. M. Netanyahu reviendrait ensuite devant son gouvernement avec une décision personnelle «d’aller de l’avant sur les principales propositions américaines, dont la toute première est un retrait de 13%» de la Cisjordanie, prévoit M. Chipman. Jusqu’à présent, le premier ministre israélien s’est refusé à envisager un retrait de plus de 9%, compris comme un échange contre des mesures antiterroristes de la part des autorités palestiniennes. Le processus de paix israélo-palestinien «doit demeurer la priorité numéro un de Bill Clinton en politique étrangère», estime l’IISS, selon lequel il y va de la stabilité de la région et aussi du statut diplomatique des Etats-Unis aux yeux du monde arabe tout entier. Arafat affaibli Le blocage des négociations a en outre affaibli la position du président Yasser Arafat et laisse le champ libre à une éventuelle nouvelle vague de violence, poursuivent les experts, selon lesquels «on voit mal comment des affrontements pourraient être évités si on n’offre pas davantage d’espoir aux Palestiniens». «La situation délicate de ni paix ni guerre peut durer un certain temps, mais il est incertain que de violents affrontements peuvent être évités si on n’offre pas plus d’espoir aux Palestiniens», estime l’institut. Les heurts entre soldats israéliens et manifestants palestiniens se sont multipliés, selon l’IISS, qui affirme qu’une nouvelle «intifida» ou soulèvement contre l’occupation israélienne pourrait être en perspective. «Il est néanmoins difficile de prévoir si elle sera dirigée par M. Arafat», indique le rapport, notant que l’avenir politique de ce dernier est étroitement lié au processus de paix. «Sa position est menacée par le blocage actuel à telle enseigne que le sentiment de désespoir et de colère parmi les Palestiniens peut le pousser à entreprendre une telle action pour faire valoir sa suprématie» selon l’IISS. «S’il le fait, le processus de paix subira probablement un coup mortel», poursuit le rapport. La politique de colonisation d’Israël et son refus de procéder aux retraits militaires en Cisjordanie prévus par les accords sur l’autonomie représentent les principales pierres d’achoppement du processus de paix. L’Etat hébreu exige en outre de M. Arafat une lutte sans concession contre les groupes intégristes, notamment le Hamas. «Dans ces conditions, il est difficile pour M. Arafat et l’Autorité palestinienne de montrer au peuple palestinien les fruits de la paix, alors que le groupe terroriste Hamas gagne en crédibilité», affirme l’IISS. L’impasse ne peut persister longtemps «sans créer une atmosphère propice à la violence et aux attaques terroristes, qui vont radicaliser davantage la position israélienne», conclut le rapport.
Le blocage du processus de paix au Proche-Orient a atteint un stade dangereux dont seuls les Etats-Unis sont capables de venir à bout. Mais «de vertu, leur patience peut se transformer en vice», selon l’Institut international d’études stratégiques (IISS) dans son rapport annuel rendu public jeudi Présentant le bilan devant la presse, le directeur de l’institut, John...