Paul Vatine, sur Chauss’Europ, a repris le commandement de la Route du Rhum dans la nuit de mercredi à jeudi, aux dépens du tenant du titre Laurent Bourgnon. Le skipper de Primagaz a viré de bord la nuit dernière pour aller se recaler plus au Nord et contourner ainsi la nouvelle dépression qui s’annonçait. Il a du coup été relégué à la troisième place, derrière Alain Gautier, à la barre de Brocéliande. Franck Cammas (Groupama) a pris la même option que Bourgnon alors que Francis Joyon (Banque populaire) poursuit sa route très au Sud en espérant toucher rapidement les alizés. Le pari est risqué : Joyon est pointé en 15e position. Loïc Peyron, sur Fujicolor, qui a choisi une route intermédiaire, occupe toujours la dixième place et avance à une vitesse de cinq noeuds, alors que le groupe du Nord avance à 14-15 nœuds. Dans la catégorie des monocoques, le chassé-croisé continue également, entre Catherine Chabaud (Whirlpool-Europe 2) et Thomas Coville (Aquitaine innovation). La navigatrice a repris jeudi matin la tête de la course après l’avoir cédée dans la nuit. Après une période de calme nocturne, les marins ont retouché des vents plus forts jeudi matin. «La mer est creusée et le bateau tape beaucoup», a déclaré Jean-Luc Van den Heede, troisième des monocoques. «Ce n’est pas encore la guerre mais ça va le devenir vu ce qu’annonce mon baromètre». Nord ou Sud, l’avis des routeurs Nord ou Sud ? La question divise jeudi les routeurs de la Route du Rhum, ces stratèges météo qui, à terre, tentent de diriger au mieux leurs skippers. Paul Vatine, actuel leader sur Chauss’Europ, est un tenant de l’option Nord. Il travaille avec le routeur breton Jean-Yves Bernot. «Nous commençons à trouver que Francis Joyon (tenant de l’option Sud, ndlr) descend drôlement bas», commente ce dernier. «En revanche, nous nous méfions beaucoup de Loïc Peyron. Il n’est pas loin et peut revenir dans le coup, soit à 50-60 milles des premiers d’ici deux jours». «Ce qui attend le groupe du Nord est assez compliqué et va être difficile à gérer avec des zones de calme et vent fort mélangés. Ça va être un vrai cirque», ajoute-t-il. «Loïc Peyron a fait le pari d’une route peinard pensant que ceux du Nord auraient beaucoup de mal au niveau matériel. Nous avons des analyses différentes mais la vérité sortira des systèmes météo. Si ça passait pour Joyon au Sud, les carottes seraient cuites pour les Nordistes», poursuit-il. Dans le camp de Peyron, on reste confiant. «Nous sommes en train de sortir d’une zone de haute pression et devrions trouver des conditions correctes pour arriver sur les Açores avec un vent portant», explique Pierre Lasnier, routeur du skipper de Fujicolor. «Il est normal que pour l’instant, la situation soit favorable aux tenants de l’option Nord. Mais quand ces derniers vont faire cap au Sud et nous cap à l’Ouest, les choses vont changer. Il ne faut pas oublier que nous sommes partis de la latitude 50 et que l’arrivée est à la latitude 15. Il faut bien qu’un jour ou l’autre, ceux du Nord descendent». Abandon de Bernard Mallaret Bernard Mallaret, sur le monocoque Baume et Mercier, a été contraint à l’abandon jeudi dans la Route du Rhum, la tête de la quille pivotante de son bateau s’étant brisée. «Je ne peux plus maîtriser la quille, elle se balade toute seule de gauche à droite. J’ai passé des bouts (cordes) pour la bloquer mais c’est hyper dangereux», a-t-il expliqué par radio au PC course, la gorge serrée. «J’ai actuellement 40 nœuds (74 km/h) de vent et la situation est critique. Si je continuais la course, je prendrais d’énormes risques», a-t-il ajouté.