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Actualités - CONFERENCES ET SEMINAIRES

Débat en duplex entre Chehayeb et des experts à Washington au sujet du traitement des déchets Vers un renforcement de la coopération libano-US pour la protection de l'environnement

Malgré l’abondance des problèmes économiques et politiques dans le pays, les questions relatives à l’environnement et à sa protection ont finalement attiré l’attention des responsables en raison de la gravité de certains cas de pollution au Liban. Dans un effort pour se renseigner sur les meilleurs moyens à adopter en vue de régler les problèmes environnementaux, un dialogue télévisé en duplex, par le biais de Worldnet, a eu lieu hier à l’ambassade américaine à Awkar, entre le ministère de l’Environnement et des spécialistes américains à Washington. Le ministre, M. Akram Chehayeb, et une équipe de spécialistes du ministère ont ainsi dialogué avec Mme Esther Bowring, spécialiste du département de déchets solides à Montgomery County, Maryland, qui leur a fourni des renseignements sur les méthodes utilisées aux Etats-Unis pour le traitement des déchets. L’ambassadeur américain, M. Richard Jones, qui était présent durant l’émission, a assuré que «le dialogue va désormais se poursuivre entre l’ambassade et le ministère de l’Environnement pour une meilleure coopération en matière de protection de l’environnement». Les deux sujets qui ont été abordés au cours du dialogue ont été définis par M. Chehayeb comme suit: les différentes méthodes de traitement des déchets et la question des réserves naturelles. En réponse aux questions de ses interlocuteurs, Mme Bowring a donné des précisions sur les dernières techniques jugées efficaces aux Etats-Unis. La structure économique Quels sont les moyens de traitement des déchets aux Etats-Unis et y a-t-il de nouvelles techniques dans ce domaine? Mme Bowring a répondu qu’«aux Etats-Unis, la priorité est actuellement à la réduction du volume des déchets, donc à la réduction de l’utilisation de produits qui auraient besoin d’être jetés en fin d’usage». Pour cela, Mme Bowring a fait les suggestions suivantes: 1. Encourager les gens à ne pas utiliser des produits jetables. 2. Activer le recyclage afin de réutiliser tous les produits. 3. Incinérer les déchets de façon que la fumée qui en résulte puisse produire de l’énergie donc de l’électricité. Cette méthode est très populaire aux Etats-Unis actuellement parce qu’elle est économiquement très rentable. 4. Essayer de réduire le volume des déchets qui ont besoin d’être jetés dans une décharge sanitaire afin de rendre minimes les nuisances de ces décharges sur l’environnement, comme la pollution des eaux souterraines par exemple. Mais à la question de savoir laquelle de ces méthodes serait applicable dans un pays comme le Liban, Mme Bowring a fait remarquer que «les méthodes utilisées dépendent beaucoup de la structure économique du pays parce qu’il faut prendre en considération le coût de la technique, le besoin en produits recyclés, etc.». «Mais nous avons découvert aux Etats-Unis que la combinaison de plusieurs techniques à la lumière des besoins du pays était la meilleure solution possible», a-t-elle ajouté. Quelle est la méthode adoptée aux Etats-Unis pour le traitement des déchets médicaux et y a-t-il de nouvelles technologies dans le domaine? «Les déchets médicaux sont traités d’une façon très particulière», a expliqué Mme Bowring. «Nous avons adopté le système des sacs rouges qui différencient ces déchets des autres. Le «manifest system» consiste à suivre avec minutie le cheminement de ces déchets souvent dangereux: leur transport, leur destination finale... Par ailleurs, la façon la plus commune aux Etats-Unis de traiter les déchets hospitaliers est l’incinération». De l’électricité à partir des décharges Environ 60 à 70% des déchets au Liban sont organiques. Or n’est-il pas difficile de transformer ces ordures en énergie? Mme Bowring a répondu: «A Montgomery, nous produisons de l’électricité à partir de décharges parfois très anciennes, et qui contiennent des déchets organiques. Ce fait n’est en aucun cas un obstacle. Au contraire, cette opération est très rentable parce que non seulement elle permet d’obtenir une certaine quantité d’électricité, mais elle consiste aussi à utiliser le méthane et à l’empêcher par conséquent de se répandre dans l’air. Aux Etats-Unis, le gouvernement encourage l’exploitation des décharges par un système d’exemption fiscale». Quelle est la méthode la plus efficace pour traiter les déchets dangereux, dans un pays comme le Liban où leur quantité est assez limitée? Pour Mme Bowring, «il faut que ce genre de déchets soit soumis à des restrictions très sévères. D’une part, les parties qui produisent ces ordures doivent suivre leur cheminement du moment de leur production jusqu’à leur disparition. D’autre part, il faut prévoir des dépotoirs spéciaux pour ce genre de déchets. Aux Etats-Unis, l’emplacement de ces dépotoirs et le traitement des déchets sont déterminés par le gouvernement fédéral. Notons que certains de ces déchets sont incinérés». Comment résoudre le problème du pétrole usé et quelles sont les lois en vigueur aux Etats-Unis concernant cette question? Selon Mme Bowring, «il faut adopter un système de raffinage de ce pétrole afin qu’il soit réutilisé pour autre chose. Une campagne agressive pour instruire les gens sur la nécessité de faire traiter ce pétrole usé est également indispensable». M. Chehayeb a ensuite annoncé que le second sujet, à savoir les réserves naturelles, allait être abordé. A la question de savoir si le rôle des organisations non gouvernementales (ONG) était considérable dans la protection des espaces de verdure à la lumière de l’expérience américaine, Mme Bowring a déclaré que «les ONG américaines ont un rôle non négligeable dans la protection de certaines réserves». «Mais leur rôle ne peut en aucun cas être comparé à celui du gouvernement qui fait le gros du travail et s’occupe des opérations d’envergure parce que les ONG ne peuvent pas avoir les mêmes moyens que les autorités officielles», a-t-elle souligné. Progrès et environnement Y a-t-il une caisse pour l’environnement comme celle que le PNUD et le ministère de l’Environnement comptent instaurer au Liban? Mme Bowring a répondu: «Nous avons un grand nombre d’associations qui font leur possible pour collecter des fonds afin de financer leur action. Et leurs efforts sont généralement dirigés vers la création d’un lobby apte à influencer les autorités politiques. Quant au concept de développement durable, il est récent mais très répandu aux Etats-Unis: il consiste principalement à faire en sorte que le progrès puisse être poursuivi sans que l’environnement ne soit détruit pour autant. C’est une idée qui a lentement fait son chemin dans notre pays». Des études ont-elles été entreprises en Amérique pour montrer l’importance des réserves naturelles dans la protection des ressources d’eau? Pour Mme Bowring, «il y a plusieurs rivières qui ont été classées réserves naturelles aux Etats-Unis et les études sur la protection de l’eau sont innombrables». Comment peut-on promouvoir les produits «Friendly to the environment», et encourager les gens à ne plus utiliser les produits jetables? Quel pourrait être le rôle du secteur privé dans la promotion de ces produits, notamment au tiers-monde? Mme Bowring a fait valoir ce qui suit: «Aux Etats-Unis, le consommateur est devenu très conscient de ces questions. Il exige que les produits contiennent un certain pourcentage de recyclé. Nous avons actuellement tendance à préférer que les produits que nous achetons aient déjà été utilisés et recyclés. De leur part, les compagnies ont compris les avantages économiques du recyclage et répondent aux demandes du public. Il faut cependant encourager par tous les moyens possibles le secteur privé à adopter ce genre de système qui peut être très rentable». Les espaces verts au Liban diminuent de façon dramatique. Cela est dû en partie aux carrières. Comment peut-on retirer du gravier du sol sans nuire à la verdure? Mme Bowring: «Aux Etats-Unis, une grande partie du matériel utilisé dans les constructions est recyclé à partir d’anciennes constructions démolies. On peut par exemple utiliser une matière faite de verre mélangé à de l’asphalte. Actuellement, la production de gravier est soumise à des restrictions plus dures que par le passé». Par ailleurs, M. Jones a fait remarquer que «les questions environnementales sont aujourd’hui principalement entre les mains du secteur privé en Amérique, ce qui était impensable il y a quelques années». «Le débat qui opposait économie et protection de l’environnement est actuellement largement dépassé, parce qu’il y a des secteurs de l’économie, comme le tourisme par exemple, qui dépendent d’un environnement sain», a-t-il considéré.
Malgré l’abondance des problèmes économiques et politiques dans le pays, les questions relatives à l’environnement et à sa protection ont finalement attiré l’attention des responsables en raison de la gravité de certains cas de pollution au Liban. Dans un effort pour se renseigner sur les meilleurs moyens à adopter en vue de régler les problèmes environnementaux, un...