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Actualités - REPORTAGE

Au théâtre Monnot Une Julia Domna à la fois puissante et vulnérable (photo)

Les planches du Monnot ont vibré au récit de l’impératrice «Julia Domna»: une vie dédiée au pouvoir, unique moyen pour cette étrangère et sa descendance de survivre à Rome; une existence jonchée de cadavres, mais également vouée au culte d’Ishtar, déesse de l’amour passionnel, charnel; un destin de femme marqué par le sceau du deuil... Mireille Maalouf, investie de cette personnalité hors du commun, en impose une image tour à tour vaniteuse, fanatique, enflammée, tourmentée, soumise... La servante (Ninar Esber) recueille ses confidences comme on recevrait un trésor; son mutisme qui répond au flot verbal de l’impératrice, instaure un dialogue aux nuances subtiles. Et la salle, à part quelques toussottements et une sonnerie de portable qui s’égosille, retient son souffle. Semblant à chaque mot redouter le suivant, dans ce voyage au bout de l’enfer... Au centre de la scène trône la statue noire d’Ishtar. La servante muette est installée à droite, à même le sol. Son poing qui s’abat sur la peau tendue d’un tambour donne le coup d’envoi de ce récit qui conduira Julia Domna à se sacrifier sur l’autel du pouvoir. Impériale, elle entre en scène voilée de rouge. Lourdement vêtue d’une tunique tissée de fils d’or et sertie de saphirs, la tête ceinte d’une couronne richement ornée, Julia Domna vient s’offrir à la déesse afin qu’elle préserve la dynastie... Elle salue Ishtar, prêtant à cette sculpture noire et froide les qualificatifs les plus glorifiants. Elle place autour de la représentation de la divinité des statuettes, des coupelles en terre cuite contenant de la myrrhe, de l’encens, de l’ambre... des plats débordant de fruits, d’amandes... Les essences brûlées dégagent une odeur et une fumée qui contribuent à cette atmosphère de piété et de recueillement. C’est un récit aux mille descriptions: des fastes de son mariage avec Septime Sévère, à l’entrée triomphale de l’empereur d’origine africaine dans Rome; de la cruauté du petit Bastien Caracalla, à la naissance de Geta César; des célébrations du dixième anniversaire de l’accession au pouvoir de Septime Sévère, aux expéditions guerrières pour lesquelles elle-même a soulevé une armée; de la prépondérance du rôle qu’elle a joué aussi bien auprès de son époux que de ses fils, au procès et à l’emprisonnement auxquels l’ont contrainte les notables romains; de la mort de l’empereur au meurtre de Geta par Caracalla... une biographie dans laquelle s’exprime une riche palette de sentiments. La vanité s’y mêle à la vulnérabilité; l’avidité à une générosité sans limites; le cynisme à une douleur indicible... Femme, «mère des Dieux»... Au fur et à mesure que l’histoire déroule ses événements, l’impératrice se départit de ses bijoux, puis de ses robes. Elle s’humanise, exprimant dans des chuchotements sa culpabilité ou sa douleur. Alors qu’elle dépouille son corps des accessoires de la puissance et du pouvoir, en parant la sculpture païenne, elle allège son âme du poids de ces noires années... Elle se présente purifiée et humble, offrande humaine... Elle boit enfin le poison, pour «retourner le destin». Et s’effondre aux pieds de la statue de marbre, alors que la servante sonne le glas. Mireille Maalouf et Ninar Esber, un bon duo d’actrices...
Les planches du Monnot ont vibré au récit de l’impératrice «Julia Domna»: une vie dédiée au pouvoir, unique moyen pour cette étrangère et sa descendance de survivre à Rome; une existence jonchée de cadavres, mais également vouée au culte d’Ishtar, déesse de l’amour passionnel, charnel; un destin de femme marqué par le sceau du deuil... Mireille Maalouf, investie de...