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Actualités - CHRONOLOGIE

Kirienko rejeté par la Douma : la crise entre dans sa phase décisive

La Douma, dominée par les communistes, a déclenché vendredi la phase ultime et décisive du bras de fer qui l’oppose depuis quatre semaines à Boris Eltsine, en rejetant pour la deuxième fois la candidature de son favori Sergueï Kirienko au poste de premier ministre. Le président russe, sourd aux appels de l’opposition, a immédiatement présenté de nouveau à la Douma (Chambre basse du Parlement) la candidature de M. Kirienko, un libéral de 35 ans. S’il est rejeté une troisième fois, Boris Eltsine dissoudra l’assemblée, conformément à la Constitution. Le troisième tour, dont l’issue peut déterminer la stabilité politique et économique de la Russie dans les mois à venir, devrait avoir lieu vendredi prochain. Hier, M. Kirienko a obtenu un plus mauvais score qu’au premier tour, avec 115 voix pour, contre 143 une semaine plus tôt, bien loin de la majorité requise de 226 voix. Les communistes et leurs alliés, majoritaires à l’assemblée, ont massivement voté contre lui. Le scrutin s’est exceptionnellement tenu publiquement, et non à bulletin secret, pour éviter les risques de débauchage individuel de députés par le Kremlin. Très vite, les leaders du Parlement ont commencé à supputer les risques d’une dissolution, qui plongerait le pays dans une longue période d’incertitude politique, alors que les graves crises sociale et budgétaire exigent au contraire des décisions rapides et déterminées. Une dissolution, avait affirmé lui-même Sergueï Kirienko la veille, serait «le pire qui puisse arriver», dans un pays où les contrecoups de la crise asiatique et la chute des cours du pétrole ont balayé l’optimisme prudent qui prévalait encore fin 1997, lorsque certains frémissements de l’activité laissaient espérer un retour de la croissance. Le camp gouvernemental, à la Douma, s’est montré optimiste: «Je suis sûr que Kirienko va passer au troisième tour. Aujourd’hui les communistes ont juste voulu montrer leur pouvoir réel», a déclaré Alexandre Chokhine, chef du groupe «Notre Maison la Russie», dont 52 députés sur un total de 67 ont voté en faveur de M. Kirienko. Les communistes, qui ont adopté une attitude dure contre M. Kirienko dès le début de la crise, semblaient en état de choc: «Le groupe communiste ne votera jamais pour Kirienko», a assuré le représentant de l’aile radicale du groupe, Viktor Ilioukhine. Un revirement toujours possible Le chef du PC, Guennadi Ziouganov, a qualifié la décision de présenter M. Kirienko une troisième fois d’«atteinte au bon sens». Le chef communiste, qui vise l’élection présidentielle de l’an 2000, a toutefois laissé la porte ouverte à un revirement. Le vote du Parti communiste au troisième tour, a-t-il dit, sera défini jeudi prochain lors d’un plénum du comité central. «Nous choisirons la solution qui débarrassera le pays des troubles», a déclaré M. Ziouganov, sans préciser davantage sa pensée. Jusqu’à présent, la Douma a toujours reculé devant la perpective d’une dissolution. Dans la matinée, M. Kirienko était intervenu une trentaine de minutes à la Douma pour compléter la présentation de son programme de rigueur, exposé en détail lors du premier tour, le 10 avril. Son premier objectif est de réduire la dette du pays, pour pouvoir régler avant un an les arriérés de salaires du secteur public, le fléau social qui ronge la Russie depuis des années. Très technique, peu séduisant, il s’est efforcé de répondre aux objections soulevées par sa première intervention. «Le programme (du gouvernement) n’a pas changé en une semaine, nous avons simplement discuté et rodé certains de ses éléments», a-t-il déclaré en ouvrant son discours. «Je vais considérer avec attention toutes vos propositions sur mon programme et sur la formation du gouvernement», a-t-il ensuite déclaré aux députés, soulignant qu’il avait déjà reçu plus de 60 candidatures à des postes ministériels. La Russie vit avec un gouvernement provisoire depuis que Boris Eltsine a limogé, le 23 mars, son fidèle premier ministre Viktor Tchernomyrdine, devenu trop «présidentiable» à son goût.
La Douma, dominée par les communistes, a déclenché vendredi la phase ultime et décisive du bras de fer qui l’oppose depuis quatre semaines à Boris Eltsine, en rejetant pour la deuxième fois la candidature de son favori Sergueï Kirienko au poste de premier ministre. Le président russe, sourd aux appels de l’opposition, a immédiatement présenté de nouveau à la Douma...