C’est une route privée longue de 500 mètres, plantée des deux côtés d’arbustes, qui mène à la résidence de M. Hassan Dandache (Abou Machhour). La maison du chef de la tribu est une résidence luxueuse de quatre étages de pierres blanches entourée d’un immense jardin (5 000 mètres carrés). C’est l’épouse du cheikh Abou Machhour qui ouvre la porte en bois massif pour accueillir les visiteurs. La femme du cheikh, qui est également sa cousine germaine, est brune, grande, et ses longs cheveux noirs sont attachés en queue de cheval. La cheikha est en survêtement. Elle porte cependant des bijoux : un collier, un bracelet et des boucles d’oreilles en or massif. Tandis que ses enfants jouent dans la salle de séjour meublée à l’orientale (tapis et coussins rouges) en regardant la télévision (la chaîne italienne Raitre), elle reçoit ses hôtes dans l’un des grands salons qui recèlent beaucoup d’objets hétéroclites: deux mehbajs (sortes d’urnes orientales en bois massif utilisées pour moudre le café et parfois comme instrument de musique) trônent à côté d’un piano à queue «âgé de 160 ans». La cheminée anglaise en fonte est placée à proximité d’une tête de buffle empaillée et de vases chinois peints à la main. Le sol en marbre est recouvert de tapis persans. «Abou Machhour est allé jouer aux cartes chez son gendre», annonce la cheikha qui tient cependant à honorer ses invités en leur offrant du café et des cigarettes. C’est l’employée de maison sri lankaise qui prépare le café arabe et qui place le plateau sur la table, mais c’est la cheikha qui tend à chaque hôte une tasse de café. Comme toutes les femmes au foyer, elle parle de la réunion «des parents d’élèves hier à l’école des religieuses de Ras Baalbeck», des tapis de la salle de séjour «achetés très cher à Fakha (localité voisine)», de sa maison «fraîchement bâtie (8 ans) et qui n’est pas encore entièrement meublée», et de la piscine «en cours de construction dans le jardin de la résidence». La cheikha indique que les pièces d’antiquité sont des cadeaux qu’Abou Machhour a reçus «de personnes à qui il a rendu service». «Le cheikh est très généreux, et il aime les antiquités», dit-elle. Elle est très contente d’avoir prochainement une piscine dans son propre jardin, mais même après l’achèvement des travaux elle ira, «comme tous les étés, passer un mois de vacances avec ses six enfants et son mari, à Latakié (Syrie)», note-t-elle.