Rechercher
Rechercher

Actualités - ANALYSE

Une réconciliation confirme à contrario le fiasco du système

Le sommet libano-syrien, cette habitude dont le taux de fréquence ne cesse de croître en suivant le rythme des querelles de la troïka, a consacré le rabibochage des dirigeants libanais. La question est de savoir si ce sommet sera le dernier du genre, autrement dit si les trois présidents ne vont pas encore une fois déterrer la hache de guerre à peine après avoir fumé le calumet de paix. Interrogé à ce sujet, un officiel informé, mais qui se montre discret quant au déroulement de la rencontre élargie, indique que «la réconciliation a eu lieu cette fois sous l’égide et la caution du président Hafez el-Assad. Les trois dirigeants libanais se sont engagés devant lui à mettre de côté tout sujet litigieux, à tourner la page, à ne plus se disputer, à unir leurs efforts pour cimenter la position intérieure face aux menées d’Israël dont les querelles intestines libanaises servent les desseins». Les trois présidents se sont également entendus pour garder bouche close sur les débats qu’ils ont pu avoir et sur les arrangements qu’ils ont finalement conclus à Lattaquié. Cela pour qu’on ne sache pas qui d’entre eux en définitive l’aura emporté et qui aura perdu la partie du fait de la réconciliation. Mais il n’est pas besoin d’être grand clerc pour tirer des conclusions. Le principal sujet de conflit est le mariage civil. Le gel du projet et son renvoi au prochain régime conviennent à M. Rafic Hariri qui ne demandait que cela. Ne pas en parler permet de sauver la face du côté hraouiste, surtout si pour la forme le texte, comme l’exige le chef de l’Etat, était transmis à la Chambre où il dormirait d’un profond sommeil. Il en va de même pour les autres différends comme les pourvois de postes vacants dans l’administration, le financement des projets de développement ou de l’augmentation aux fonctionnaires ou les permutations diplomatiques qui sont pourtant pressantes. Toujours est-il que la crise du pouvoir, qui avait failli tourner à la crise de pouvoir, a atteint cette fois une telle virulence que pour la toute première fois le communiqué final du sommet ne se contente pas du sujet régional et mentionne la question intérieure libanaise. Ce communiqué certifie en effet la conclusion d’un accord complet, ce qui est en soi la reconnaissance d’une situation institutionnelle plutôt scabreuse… La caution personnelle du président Assad qui se trouve cette fois engagée doit en principe signifier que les dirigeants libanais se tiendront tranquilles jusqu’aux présidentielles en septembre ou octobre prochains. Il y a dans cet élément, faut-il le souligner, un côté disciplinaire scolaire un peu insolite: s’il devait y avoir une nouvelle dispute, le chef de l’Etat syrien sanctionnerait celui qui l’aurait provoquée. Mais il y a fort à parier qu’aucun des trois présidents libanais ne voudrait faire à M. Assad l’affront de ne pas tenir compte de ses injonctions de retenue. Sauf que sept mois sans catch c’est long… Toujours est-il que selon des sources informées «le président Assad a rejeté l’idée d’une élection anticipée et cela par amitié pour M. Hraoui dont il apprécie la loyauté, les décisions courageuses et les réalisations. Un scrutin rapproché aurait en effet signifié que le problème c’est l’hôte de Baabda, qu’il est responsable de la récession et qu’il s’agit d’abréger son mandat pour y remédier plus rapidement. Evidemment si l’intéressé le souhaite lui-même, s’il en fait lui-même la demande comme il l’a proposée voici quelque temps, on lèverait l’interdit et l’élection anticipée pourrait se produire. Mais lorsque M. Hraoui en avait parlé à M. Assad lors d’une précédente rencontre, il s’était vu répondre qu’il est préférable qu’il reste en place et termine normalement son mandat, car rien ne justifie une révision de la Constitution pour modifier la date de l’élection présidentielle». Pour l’essentiel, ces sources répètent que le président Assad «a pressé les trois présidents libanais à coopérer entre eux, à ne plus se livrer à des empoignades qui nuisent à leur pays surtout à un moment où ce dernier affronte aux côtés de la Syrie une phase régionale cruciale et font face aux manigances d’Israël qui tente de dissocier les deux volets pour parvenir à des accords séparés». Au sujet de l’amendement de l’article 49, le président syrien estimant que rien ne presse a conseillé qu’on la laisse de côté en attendant qu’un accord se fasse à son sujet. En pratique donc tout doit être gelé sur la scène politique intérieure, en attendant que la situation régionale se décante…
Le sommet libano-syrien, cette habitude dont le taux de fréquence ne cesse de croître en suivant le rythme des querelles de la troïka, a consacré le rabibochage des dirigeants libanais. La question est de savoir si ce sommet sera le dernier du genre, autrement dit si les trois présidents ne vont pas encore une fois déterrer la hache de guerre à peine après avoir fumé le...