Cheng reçoit le Malraux

Le second prix André Malraux pour le livre d’art a été décerné à François Cheng pour Shitao : la saveur du monde, publié par Phébus. Ce prix, non doté, tend à «pallier l’absence de toute autre distinction d’envergure ayant pour souci de récompenser et d’encourager l’édition œuvrant pour le rapprochement entre l’écriture et l’art». Le jury, présidé par Jorge Semprun, comprend notamment Florence Malraux, fille de l’écrivain. Le premier prix André Malraux avait été décerné à Daniel Arasse pour Léonard de Vinci (Hazan). L’auteur nous fait découvrir une centaine de peintures, parmi les plus représentatives du moine-peintre Shitao (1642-1707), la plupart en provenance des musées de Chine, donc quasi inconnues en Occident. Cheng retrace l’itinéraire mouvementé de Shitao, inventeur d’une conception «totalement moderne» du geste de peindre qu’il exprima dans un ouvrage devenu célèbre : Propos sur la peinture du moine-citrouille. «Son esprit d’invention, sa hardiesse toujours en alerte ont littéralement brisé le moule de la composition classique», écrit Cheng à propos de Shitao. Pour Shitao, la seule façon de goûter à «la saveur du monde», c’est de solliciter, notamment pour peindre, non seulement le regard, mais tous les sens. «Je parle avec ma main, tu écoutes avec tes yeux», aimait dire Shitao pour résumer «l’alchimie sensorielle» qui gouverne, selon lui, toute représentation.