Rechercher
Rechercher

Actualités - ANALYSE

Sud : une partie diplomatique apparemment mal engagée ...

Madeleine Albright a invité nos officiels à prendre au sérieux les propositions israéliennes… et un ancien diplomate les presse de ne pas prendre non plus à la légère une telle recommandation. «Il faut, dit-il, une réponse solide, après concertation avec les pays frères ou amis. Une réponse qui soit convaincante au niveau des instances internationales et qui rende injustifiable une quelconque réaction violente d’Israël». Ce spécialiste regrette que «les querelles oiseuses de nos dirigeants leur fassent oublier les vrais problèmes et négliger leurs devoirs les plus urgents. Ainsi la contre-campagne diplomatique libanaise lancée pour réfuter les thèses de la propagande sioniste au sujet de la prétendue «acceptation» de la 425 par Israël est loin d’être un succès. Pas plus l’ONU que les Occidentaux ne comprennent vraiment pourquoi nous refusons de traiter et pour un peu ils nous reprocheraient de « faire des manières». Et ce qui est plus grave, ils ne sont sans doute pas loin de penser que les Israéliens ne se trompent peut-être pas quand ils affirment que nous tenons bien plus à ménager la Syrie qu’à assurer nos droits propres. Il faut leur ôter ce soupçon de la tête et leur faire comprendre toute la spécificité de notre situation. Ils ne voient pas en effet pourquoi nous refusons ce que la Syrie avait admis pour le Golan, à savoir des dispositions de sécurité en vue du retrait. Il est certes nécessaire de ne pas négocier sur le fond, plus exactement sur le territoire, mais il faut accepter à tout le moins des tractations techniques, dans le prolongement du reste des pourparlers antérieurs, engagés après la conférence de Madrid à Washington puis au Maryland. Le Liban, selon cet ancien diplomate, ne peut pas se figer dans une attitude de refus de tout contact car il fait ainsi clairement le jeu d’Israël qui a la partie belle auprès de l’opinion mondiale. Si nous continuons à nous braquer, nous risquons de dorer la pilule à la proposition ultra présentée par Ariel Sharon qui a été rejetée par le Conseil des ministres israéliens au profit de la proposition plus souple d’Yitzhak Mordehaï. Cette offre peut en effet se discuter, peut-être par tiers interposé, bien qu’elle aussi recèle des dangers certains pour le Liban, pour la Syrie et partant pour toute la région». Objectivité Toujours d’après ce vétéran «on ne peut se contenter de répondre à Madeleine Albright par des déclarations de bouderie à l’emporte-pièce. Il faut beaucoup mieux expliciter qu’en réalité Israël ne reconnaît toujours pas la 425, détailler les raisons juridiques et autres du rejet des conditions que l’occupant pose pour son retrait, multiplier les explications en direction des capitales amies et doter nos ambassades à l’étranger d’un argumentaire fourni pour qu’elles déploient une vaste campagne d’information dans les pays d’accréditation. Il est essentiel de faire comprendre combien les insinuations d’Israël, qui veut faire croire que c’est le Liban qui menace sa sécurité et pas l’inverse, sont absurdes. Et il faut discuter point par point, sans se contenter de répéter à longueur de journée que le Liban «saura assumer l’ordre frontalier» après le retrait israélien». Responsabilité Et de préciser que «Beyrouth doit se situer clairement par rapport aux engagements pris dans le cadre de la Charte des Nations Unies qui impose à tout pays de prévenir les agressions à partir de son territoire contre un pays voisin. Nous devons anticiper toute éventualité en soulignant dès maintenant que nous ne saurions être tenus pour responsables d’une infiltration ou d’un acte de violence dont nous n’aurions pas eu connaissance. En ajoutant que nous sommes évidemment disposés à prendre les mesures préventives nécessaires mais que nul dispositif ne peut empêcher totalement des opérations de ce genre, souvent menées par des kamikazes et qui se produisent partout, même en France ou aux Etats-Unis. Il faut parler logiquement et en détail, sans se cantonner dans de vagues généralités». Pour cet ancien diplomate «tout comme l’Egypte, la Jordanie et la Syrie, nous sommes invités à assurer le calme à la frontière avec Israël. Nous n’avons pas à rougir de nous y engager fermement car cela nous permettrait de faire face aux exigences israéliennes concernant les mesures de sécurité en soulignant que, sur notre sol, c’est de notre seule responsabilité comme il en va pour les autres voisins de l’Etat hébreu. Nous devons cesser, dans le même esprit de crédibilité et d’autorité, de répéter que nous ne serions en mesure d’assurer la sécurité à la frontière avec Israël qu’après la conclusion d’une paix régionale globale. C’est en effet dire au monde qu’effectivement nous ne voulons pas reprendre le Sud tant que le Golan n’aura pas été rendu, ce qui revient à donner raison aux allégations israéliennes comme quoi notre intérêt national passe à nos propres yeux après celui d’une autre nation, à savoir la Syrie. Cet argument des assurances à retardement doit donc être abandonné au plus vite car il nous fait le plus grand tort dans l’opinion occidentale. D’autant que même sans retrait israélien, la Syrie assure un calme parfait à sa frontière de facto avec Israël. Nous ne devons plus du tout avoir l’air plus royalistes que le roi…» Sur le plan pratique, ce professionnel prévoit qu’après la transmission de l’offre israélienne par le truchement des Etats-Unis, un émissaire américain viendra tenter d’arranger quelque chose, parallèlement à des efforts que déploierait un délégué de Kofi Annan dans le même sens. Il pourrait en résulter à son avis des pourparlers israélo-libanais par tiers interposés. Les tractations qui s’articuleraient autour de la 426 (la résolution relative aux mécanismes du retrait) engloberaient également la Syrie en tant que tuteur du Liban sinon du Hezbollah.
Madeleine Albright a invité nos officiels à prendre au sérieux les propositions israéliennes… et un ancien diplomate les presse de ne pas prendre non plus à la légère une telle recommandation. «Il faut, dit-il, une réponse solide, après concertation avec les pays frères ou amis. Une réponse qui soit convaincante au niveau des instances internationales et qui rende...