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Actualités - OPINION

Carnet de route L'annuaire comme le clergé : payant et obligatoire ...

«Incertitude, ô mes délices Vous et moi nous nous en allons Comme s’en vont les écrevisses A reculons, à reculons». La mariée était trop belle, on le sentait. Nous parlons — le jeu de mots était trop tentant — de l’instauration des noces civiles telle que la prévoit le président de la République libanaise. Non que le premier personnage de l’Etat ait encore changé d’avis, mais parce qu’on n’entre pas dans l’avenir à reculons, si par avenir on entend le progrès et la démocratie. On me dira que le sens même de la notion de progrès est contesté, que «la flèche du temps» peut zigzaguer, voire décrire les cercles du retour éternel nietzschéen, mais puisque M. Hraoui, lui, semble croire au sens de l’Histoire, qu’il annule son projet. Car il n’est pas nécessaire d’être intellectuel, spectateur dégagé ou militant politique pour être logique: le bon sens suffit. Et le bon sens énonce qu’il est illogique d’instituer un mariage civil couplé d’un divorce incivil (voir L’Orient-Le Jour du 9 avril), amputé de modalités que lui confèrent les législations des pays développés, notamment la possibilité du«consentement mutuel» qui joue contre l’humiliation et la lenteur à la fois. Mais les projets de M. Hraoui, comme la casuistique dérisoire des Eglises catholiques et la violence de Dar el-Fatwa, ne valent ni qu’on s’en inquiète ni qu’on en soit inquiété. Pour les deux instances religieuses, on aura rarement vu une fois d’aussi mauvaise foi. Quant à Hraoui, on lui connaissait déjà une forte propension au bâclage. * * * Déjà très fort, depuis quelques années, dans le «patrimonial», Ghassan Tuéni va présider désormais le comité du Musée Sursock. Ce que nous lui demandons, paradoxalement, c’est de s’y révéler un homme d’argent et de trouver une fatwa byzantino-moutawwalienne pour donner enfin à cette institution le budget qu’elle mérite, afin de mieux accomplir encore la vocation dont elle est grosse. * * * Dans la Tunisie de Bourguiba, aux moments de pointe, les fonctionnaires étaient tenus à des «heures supplémentaires gratuites et obligatoires». Nous voici tenus, citoyens censément libres que nous sommes, à un annuaire téléphonique «payant et obligatoire». Imboycottable. Pour ceux qui souhaitaient vivre à Beyrouth comme Burroughs et Bowles à Tanger, c’est rapé. Mais civique: il ne faut en effet pas prendre Beyrouth pour Tanger: ce serait politiquement incorrect. Mais si séduisant....
«Incertitude, ô mes délices Vous et moi nous nous en allons Comme s’en vont les écrevisses A reculons, à reculons». La mariée était trop belle, on le sentait. Nous parlons — le jeu de mots était trop tentant — de l’instauration des noces civiles telle que la prévoit le président de la République libanaise. Non que le premier personnage de l’Etat ait encore changé...