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Actualités - CHRONOLOGIE

La Douma se prépare à infliger un camouflet à Boris Eltsine Les députés russes préfèrent un ancien apparatchik plutôt que Kirienko à la tête du gouvernement (photo)

Les députés russes se préparent à rejeter aujourd’hui vendredi à une majorité écrasante la candidature du jeune libéral Serguei Kirienko comme premier ministre et le président Boris Eltsine a d’ores et déjà fait savoir qu’il n’avait pas d’autre nom à avancer pour ce poste: face à une telle situation, apparemment sans issue, Moscou se prépare à connaître sa crise politique la plus grave depuis 1992, année qui avait vu le Parlement repousser le choix par le chef de l’Etat d’un autre jeune réformateur, Egor Gaïdar. Aujourd’hui donc, les parlementaires infligeront un camouflet au président, alors que le pays se trouve plongé dans une crise politique depuis plus de deux semaines. Même les alliés de M. Eltsine à la Douma (Chambre basse) ont abdiqué tout espoir de voir les députés entériner le choix de M. Kirienko en première lecture. «Il y aura dans les urnes beaucoup moins que les 226 bulletins nécessaires» pour entériner la candidature du premier ministre par intérim, a pronostiqué Alexandre Chokhine, chef du groupe pro-gouvernemental Notre Maison la Russie. Les députés reprochent à M. Eltsine d’avoir choisi un technocrate de 35 ans qui bénéficie en tout et pour tout d’une année d’expérience ministérielle, pour gérer la deuxième puissance nucléaire de la planète. La seule question était de savoir si Boris Eltsine subirait vendredi un revers ou une humiliation de la part des députés. Seulement 120 à 150 élus devraient soutenir le candidat du Kremlin, selon les estimations de la plupart des chefs de groupes parlementaires. L’appui pourrait être encore plus chiche et se limiter aux seuls 51 députés de l’ultranationaliste Vladimir Jirinovski, selon le président de la Douma, Guennadi Seleznev. «Ce serait un scandale à l’échelle internationale», a ajouté le président communiste de l’hémicycle, en référence aux fréquents écarts de conduite de M. Jirinovski, qui s’est encore laissé aller mercredi à une violente diatribe antisémite. Un tel rejet constituerait également une nouvelle escalade dans le conflit entre le maître du Kremlin et la Douma, dont les relations ont toujours été houleuses. Ultime démarche Depuis que Boris Eltsine a fait donner l’armée en 1993 contre le Parlement rebelle de l’époque, (le Congrès des députés du peuple) la Douma qui lui a succédé s’est toujours gardée de provoquer outre mesure le maître du Kremlin. M. Eltsine, 67 ans, a d’ores et déjà prévenu qu’il représenterait la candidature de Sergueï Krienko «dans l’heure» suivant son rejet éventuel par les députés. Les communistes ont dénié au président un tel droit, s’appuyant sur une lecture de la Constitution selon laquelle le chef d’Etat doit présenter un candidat différent en cas de rejet du premier. Ils ont également affirmé qu’ils rejetteraient de toute façon une seconde fois le nom de M. Kirienko si le Kremlin le présentait à nouveau. Le chef de l’Etat a tenté en soirée une ultime démarche pour débloquer la situation: dans une allocution à la radio, dont le texte a été diffusé à l’avance, M. Etlsine a exhorté les députés à entériner son choix, affirmant n’avoir pas d’autre candidature à proposer. «Il est impossible de faire traîner la solution» des problèmes du pays, a dit M. Eltsine, dans son texte diffusé par fax par la radio Echo de Moscou: «Il faut que les députés se prononcent le plus vite possible sur la candidature de Kirienko, et qu’ils se prononcent précisément sur cette candidature, parce que je n’ai pas d’autre candidature». «Les députés ont le droit de réfléchir, d’examiner, de se consulter, mais aujourd’hui, le facteur temps devient décisif, nous vivons sans gouvernement depuis trop longtemps», a ajouté le chef de l’Etat. «La Douma est peut-être prête à attendre encore une semaine ou plus, mais l’économie ne va pas le tolérer, elle ne va pas attendre», a encore dit Boris Eltsine, assurant que «chaque jour des questions s’accumulent, qu’il faut résoudre d’urgence». Le président Eltsine a reconnu que la nomination d’un homme de 35 ans quasiment sans expérience gouvernementale a été «accueillie au début de façon circonspecte, et même par certains à la baïonnette». «Mais je défends tout de même la candidature de Kirienko», a-t-il dit. «C’est un dirigeant professionnel, qui sait travailler en équipe, qui sait éviter l’auto-publicité et le populisme». Le groupe communiste dispose de 149 des 450 sièges de la Douma et de 221 en y ajoutant ses alliés du Parti agraire et du mouvement Pouvoir au Peuple. Les communistes se sont cependant bien gardés de dire ce qu’ils feraient si M. Eltsine leur proposait une troisième fois la candidature de M. Kirienko: en cas de nouveau rejet parlementaire, la Constitution stipule que le président dissout la Douma et convoque des élections anticipées. La plupart des analystes estiment qu’aucun des adversaires n’a intérêt à aller à une telle extrémité: le Kremlin n’est absolument pas assuré qu’une nouvelle chambre serait plus docile que l’actuelle et les députés, pris individuellement, n’ont pas intérêt à perdre leurs avantages parlementaires avant le terme normal de leur mandat en décembre 1999. Le président de la Douma Guennadi Seleznev a indiqué qu’en cas de rejet vendredi de la candidature de Sergueï Kirienko, il irait voir M. Eltsine pour lui demander de choisir un candidat plus consensuel, comme le très placide président de la chambre haute, l’ancien apparatchik soviétique Egor Stroïev, 61 ans.
Les députés russes se préparent à rejeter aujourd’hui vendredi à une majorité écrasante la candidature du jeune libéral Serguei Kirienko comme premier ministre et le président Boris Eltsine a d’ores et déjà fait savoir qu’il n’avait pas d’autre nom à avancer pour ce poste: face à une telle situation, apparemment sans issue, Moscou se prépare à connaître sa...