Pierre Cordahi, une grande figure du droit libanais

La disparition subite de Pierre Cardahi, professeur à la faculté de droit de l’Université libanaise, membre correspondant de l’Institut de France, sera durement ressentie par ses amis, ses collègues, ses étudiants. Fils de Choucri Cardahi, l’une des grandes figures de la science juridique libanaise, dont l’enseignement à l’Université Saint-Joseph de 1920 à 1961 marqua des générations de juristes libanais, il cherchait toujours à perpétuer le souvenir et les écrits de son père. L’Académie des sciences morales et politiques, en France, qui appréciait à sa juste valeur l’œuvre laissée par le grand juriste libanais, devait récemment en souligner l’importance en instituant le prix Choucri Cardahi qu’elle décerne désormais chaque année à un juriste libanais. Mais Pierre Cardahi s’était aussi imposé par sa contribution personnelle à l’approfondissement du droit libanais, du droit des successions, de la loi civile du 23 juin 1959 dont il fit l’objet de sa thèse de doctorat. Il y déploya, sous la direction du professeur Jean Chevallier, des qualités indéniables d’analyse et de perspicacité, indiquant avec beaucoup de vigueur, notamment dans le domaine de la représentation successorale, les solutions que la jurisprudence récente devait consacrer. Sa discrétion, son refus des apparences traduisaient sa distinction et la force de ses qualités intérieures. Sa mort soudaine met en lumière sa personne, son ascendance familiale et, à travers celles-ci, toute une époque où le droit et les valeurs qu’il incarne étaient affirmés avec beaucoup de grandeur et d’élévation.