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Actualités - ANALYSE

La sécurité de nouveau en vedette...

Ce dossier de la sécurité intérieure, qu’on était parvenu depuis l’affaire Toufayli à occulter sous prétexte qu’il ne fallait pas alarmer les gens, revient brutalement sur le devant de la scène avec la mutinerie de Roumyé. La révolte des prisonniers est en effet l’un des symptômes d’un syndrome bien plus général. Les viols, les rapines, les attaques à main armée, les vols à l’arraché, les vols de voitures, les meurtres même ne se comptent plus. Les personnalités bodygardées exceptées, plus personne, nulle part, n’est à l’abri d’une agression ou d’un racket, pire qu’au temps des milices. Les malfaiteurs opèrent en plein jour, à découvert, sans même porter de masque ou de cagoule, comme s’ils étaient assurés de l’impunité ou solidement protégés. Et quand on parle de crise socio-économique, on ne peut plus en dissocier ce facteur si alarmant d’insécurité… Sauf, bien entendu, quand on est un «responsable» occupé à des choses bien plus importantes comme les querelles d’influence en vase clos à l’approche des présidentielles. Selon un analyste informé, «les rapports de police soulignent à l’envi la recrudescence alarmante de la criminalité sous toutes ses formes dans toutes les régions. Les incidences semblent souvent porter la même «signature» comme disent les criminologues. Il y aurait comme une orchestration sous-jacente et si l’on ne peut parler de crime organisé, on peut estimer qu’il existe des encouragements occultes. Pour tout dire, affirme cette personnalité, on a l’impression que tout est mis en œuvre pour démontrer que le Liban reste par trop instable pour s’assumer tout seul sur le plan sécuritaire…». Un soupçon — politique, est-il besoin de le souligner — qu’on peut réfuter en rappelant que le Liban n’est justement pas «tout seul» à gérer ce dossier de la sécurité et que, s’il y a des failles, la responsabilité reste plutôt partagée. Il reste que la police, il faut le reconnaître, tente de faire face comme elle peut. Elle a distribué et collé à la porte des immeubles dans certaines zones de la capitale des conseils de prévention sécuritaire, pour freiner un peu la montée en puissance des bandes organisées, redoutablement violentes à l’occasion. Mais cette initiative, louable dans ses effets pratiques, est aussi un aveu inquiétant d’impuissance de la part de l’Etat qui n’arrive pas à liquider ces gangs. «Comment voulez-vous, se récrie un cadre des services spécialisés, que nous soyons efficaces quand on vient de réduire nos crédits de 40% dans le budget 98? Nous n’avons plus tellement de moyens pour agir». Abondant dans le même sens, un politicien opposant soutient pour sa part que «ces crédits ont été attribués en réalité aux «fonds secrets» dont dispose la présidence du Conseil. On ne sait donc à quoi ils seront utilisés mais il est peu probable qu’ils servent à lutter contre la criminalité…». Et de se demander ensuite «pourquoi le chef du gouvernement continue à bloquer la nomination d’un nouveau commandant en chef de la gendarmerie et d’un chef de la police, postes qui sont confiés depuis des mois à des intérimaires à la marge d’action limitée». Répondant aux critiques, le ministre de l’Intérieur, M. Michel Murr, soutient que la situation sécuritaire est meilleure au Liban que dans nombre de pays européens, dont de grandes puissances. Il affirme qu’ici les faits divers sont énergiquement traités, les coupables recherchés, appréhendés et déférés devant les tribunaux. Il souligne cependant que la prévention est difficile, en ajoutant que l’essentiel c’est qu’il y ait capture et répression, comme cela s’effectue régulièrement à l’en croire. Des politiciens mettent pour leur part la recrudescence de la criminalité sur le compte de la crise socio-économique et de l’appauvrissement du pays, ce qui pousse les démunis à se procurer ce dont ils ont besoin comme ils peuvent, par le vol le cas échéant.
Ce dossier de la sécurité intérieure, qu’on était parvenu depuis l’affaire Toufayli à occulter sous prétexte qu’il ne fallait pas alarmer les gens, revient brutalement sur le devant de la scène avec la mutinerie de Roumyé. La révolte des prisonniers est en effet l’un des symptômes d’un syndrome bien plus général. Les viols, les rapines, les attaques à main...