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Actualités - ANALYSE

Sud : un traitement actif en vue nonobstant toute objection ...

Quoi qu’on dise, quoi qu’on fasse, quoi qu’on refuse, «le dossier du Sud est cette fois pris en traitement pour de bon», estime un diplomate occidental en poste à Beyrouth pour qui «on s’achemine tout droit vers une solution de simple alternative: soit un calme définitif à la frontière, avec ou sans retrait, soit la guerre. Car, pour le gouvernement de Netanyahu, la pacification de la frontière avec le Liban, qui doit devenir aussi sûre que la frontière avec la Syrie, reste une priorité en attendant un problématique accord de paix…». Ce diplomate soutient que, «depuis la guerre d’octobre 73, la Syrie respecte scrupuleusement le cessez-le-feu conclu avec Israël, bien qu’elle n’ait pas récupéré le Golan. On peut donc aboutir, à l’avantage du Liban, à une suspension d’armes, une trêve permanente avec restitution du Sud et de la Békaa-Ouest occupés. Il n’y a pas à confondre un accord technique sur des mesures de sécurité, qui ne change rien à l’état juridique d’hostilité entre les deux pays, avec des dispositions menant à la paix ou à la normalisation, avec échange de relations diplomatiques et ouverture de frontières». Et de relever que, «s’il est vrai que la 425 ordonne un retrait inconditionnel, les principes de Madrid, qui sont postérieurs et que le Liban a admis, prévoient que la terre sera rendue contre la paix. Personne, heureusement pour le Liban, ne fait ce rapprochement et ne va jusque-là. L’optique est par contre tout naturellement adoptée pour le cas du Golan d’où le retrait ne peut être total que s’il y a normalisation. Paradoxalement, sans la 242 et sans Madrid, la position diplomatique de la Syrie pourrait être meilleure. Elle pourrait en effet faire valoir cet argument: du moment qu’Israël pose comme condition la sécurité pour se retirer du Liban-Sud, rien ne doit l’empêcher de rendre le Golan où cette sécurité est assurée depuis l’accord de désengagement qui a suivi la guerre d’octobre, il y a vingt-cinq ans. Sur le plan pratique, s’étonne encore ce diplomate, on ne voit pas pourquoi les Libanais ne prennent pas exemple sur les Syriens pour conclure à leur tour un arrangement qui leur permettrait de reprendre le Sud à bon compte. En effet, ils n’auraient qu’à déployer leur armée dans la zone frontalière, avec le soutien de la FINUL qui serait éventuellement renforcée, à moins qu’on n’opte pour une nouvelle force multinationale d’appui en base d’une résolution prise par le Conseil de Sécurité de l’ONU. Un autre moyen, suggère encore cette personnalité, serait d’élargir la mission comme les pouvoirs du comité de surveillance du cessez-le-feu pour qu’il veille au maintien du calme et empêche les actions militaires réciproques opposant la résistance à Israël comme à la milice d’Antoine Lahd. L’accord d’avril 96 connaîtrait alors un tour de vis fondamental puisqu’il interdirait désormais toute opération de terrain et pas seulement celles qui mettent en péril ou frappent les civils comme c’est le cas actuellement. Ce serait vraiment un cessez-le-feu, label jusque-là trompeur ou erroné». Annan en ligne Et cela serait tout à fait conforme aux vœux d’Israël… Sans s’y arrêter, le diplomate occidental affirme ensuite que «la sécurité que l’Etat hébreu réclame à sa frontière avec le Liban constitue, dans les conditions objectives que vit ce pays, une fraction d’un thème général qui concerne également la Syrie. On peut donc mettre dans une même corbeille des discussions sur la sécurité à travers la restitution du Sud et du Golan, à cette nuance près que la question des hauteurs qu’Israël considère comme stratégiques dans le plateau syrien serait traitée à part, dans le cadre des négociations sur la paix même et non plus sur la sécurité proprement frontalière. Il est en effet plus facile et plus rapide d’engager des pourparlers techniques de sécurité que de parler de paix», conclut ce diplomate en poste à Beyrouth. Toujours est-il que, sur le plan pratique, et du moment que le dossier du Sud semble devoir être sérieusement traité dans les prochaines semaines, on se demande si l’initiative va revenir au secrétaire général des Nations Unies M. Kofi Annan. Après sa récente tournée exploratoire dans la région, le secrétaire général pourrait engager — en personne ou par le truchement d’un délégué — des tractations avec le Liban, Israël et la Syrie, en vue d’un retrait israélien assorti d’arrangements de sécurité. Selon des sources informées, M. Annan a effectivement entrepris des contacts préliminaires avec les parties concernées, en prenant soin de ne rien en laisser filtrer par prudence diplomatique. Certes, le plan auquel il parviendrait pourrait refléter l’influence de Washington dont on le dit proche. Mais Beyrouth comme Damas espèrent que cette influence, présumée favorable à Israël, pourrait être contrebalancée par celle de la France, de la Russie et de la Chine qui, dans l’affaire irakienne, ont réussi à empêcher les Etats-Unis de frapper Bagdad. Le Liban reste donc sur le qui-vive et le ministre des Affaires étrangères, M. Farès Boueiz, a mis en garde contre une manœuvre de Netanyahu visant à porter M. Annan à instiller des modifications de facto à la 425, pour la rendre conditionnelle. Le ministre ajoute que le gouvernement israélien peut effectuer un retrait tactique partiel, sans aucun lien avec cette résolution, pour endormir son opinion publique qui réclame le désengagement du Liban, lui faire croire qu’il s’y met alors qu’il maintiendrait en réalité son occupation du territoire libanais. Mais dans des assurances indirectes à M. Boueiz, le secrétaire général des Nations Unies a déclaré qu’à ses yeux, «la 425 est très claire et il n’y a nul besoin de la reformuler». M. Annan a expliqué que lorsqu’il avait souligné à Beyrouth que beaucoup d’eau avait coulé sous les ponts depuis la promulgation de la 425 en 78, il n’avait pas voulu dire que cette résolution était devenue obsolète mais simplement qu’il existe «sur le terrain des réalités concrètes dont il faut tenir compte lors de l’application effective de la résolution. Il y a en effet des forces qui opèrent au Sud qu’il faut démanteler ou au sujet desquelles il faut prévoir un arrangement, que cela soit les éléments de l’ALS ou d’autres…». M. Annan a mis l’accent sur la nécessité de concertations avec toutes les parties concernées. Il a ajouté qu’il n’exclut pas qu’en pratique un retrait israélien du Sud mène à des pourparlers israélo-syriens au sujet du Golan. M. Annan a indiqué que Netanyahu lui a juré ses grands dieux qu’il est sérieux au sujet du retrait du Sud, et qu’il ne s’agit pas d’une manœuvre. Il a certifié son propre engagement dans le dossier rappelant que le secrétaire général a pour mission de veiller à l’exécution des résolutions du Conseil de Sécurité de l’ONU. Et il a conclu en invitant le Liban, une fois le retrait israélien obtenu, «à garantir sa propre unité territoriale ainsi que la sécurité générale dans toutes les régions, Sud compris».
Quoi qu’on dise, quoi qu’on fasse, quoi qu’on refuse, «le dossier du Sud est cette fois pris en traitement pour de bon», estime un diplomate occidental en poste à Beyrouth pour qui «on s’achemine tout droit vers une solution de simple alternative: soit un calme définitif à la frontière, avec ou sans retrait, soit la guerre. Car, pour le gouvernement de Netanyahu, la...