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Actualités - ANALYSE

Présidence de la République Plaidoyer loyaliste pour un bilan contrasté

Il faut rendre à César… et justice au président Élias Hraoui. D’autant que novembre est le mois des commémorations. S’acquittant en chœur de leur devoir de loyauté ou d’élémentaire courtoisie, dirigeants et ministres s’inclinent donc, au moment des adieux, devant les «réalisations» du régime en partance… Un des piliers inamovibles du pouvoir, qui se répand depuis de longues semaines dans les médias pour chanter les louanges du donneur de gifles –la presse non plus n’a pas courte mémoire – répète à l’envi qu’il trouve «abominablement injuste la campagne de dénigrement dirigée contre le chef de l’État». Et de rappeler dans quelles conditions dramatiques M. Hraoui avait accédé au pouvoir «prenant en charge un pays démoli, déchiré, sans institutions où l’État était moins que rien au point qu’il avait fallu emprunter un siège puis en louer un autre pour la présidence de la République...». Il fallait donc repartir de zéro pour édifier un État, ce qui de l’avis tout à fait personnel de ce ministre «a bien été effectué, même si des fautes ont été commises. Du reste, ajoute-t-il, le président de la République ne peut être tenu pour seul responsable des dérapages, dont il a dénoncé bon nombre et qui étaient la plupart du temps le fait des gouvernements qui se sont succédé sous son règne. On ne doit pas oublier en effet que Taëf a ôté l’exécutif des mains du chef de l’État pour le confier au Conseil des ministres», dit ce pénitent repentant qui a fait partie de plusieurs de ces gouvernements. Et de glisser ensuite assez subtilement que «le tout premier à faire l’éloge du régime sortant est le président du Conseil, M. Rafic Hariri. Cela se comprend : il est partie prenante à la plupart des réalisations accomplies, qu’il lui arrive même de qualifier de grandioses. Et si l’on porte tort au régime, c’est en partie à lui qu’on s’attaque...». Cette personnalité passe ensuite à l’historique que l’on peut résumer dans ces points : – L’élection de M. Hraoui s’est déroulée dans des conditions particulièrement délicates. Il succédait à un président assassiné. L’ombrelle sécuritaire était uniquement assurée par les Syriens, les forces régulières locales étant disloquées, disséminées ou en rébellion, occupant le palais présidentiel. Il a dû se réfugier dans un premier temps dans la garnison d’Ablah près de Rayack. Puis il s’est trouvé un pied-à-terre à Ramlet el-Baïda, dans un immeuble appartenant à M. Hariri. Pendant deux ans, il lui a fallu lutter pour recoller les morceaux de l'État. Il a dû, en désespoir de cause, ordonner l’éviction de Michel Aoun par les armes. Et sur le plan symbolique, ce n’est qu’en juillet 93, lorsqu’il a pu s’installer, que la liquidation des séquelles de la guerre interne a été consommée. – Il y avait au départ énormément de choses essentielles à faire et cela a été fait au pas de charge. Notamment, la dissolution des milices, ce qui n’était pas une mince affaire au regard des complications politico-confessionnelles que cela impliquait. – La formation du premier gouvernement s’est faite sur la base de l’entente nationale, ce qui était une gageure. Et l’on a commencé à appliquer les dispositions de Taëf. – L’armée, éclatée en régiments confessionnalisés, a été réunifiée et déconfessionnalisée sous la houlette du général Lahoud. – Les relations avec la Syrie ont été aménagées dans le cadre d’un pacte de fraternité signé le 22 mai 1991 et la création d’un Conseil supérieur commun. – Un effort a été accompli pour globaliser la résistance à l’occupant israélien, en l’étendant à toutes les communautés et en unifiant les positions par rapport à l’ennemi. – Des élections législatives ont été organisées à deux reprises en 92 et en 96, ce qui était une promotion de la démocratie. Même s’il y a eu large boycott lors du premier scrutin, l’opération était préférable aux désignations, comme cela avait eu lieu en 91. – De même, des élections municipales ont été organisées, avec le plus grand succès de participation au printemps dernier. Une réalisation de taille quand on pense que les dernières municipales remontaient à 35 ans. – La stabilité sécuritaire et la stabilité monétaire ont été solidement assurées. – Le chantier de la reconstruction a été lancé et se trouve maintenant en plein essor, malgré les agressions israéliennes comme «les raisins de la colère» qui visaient notamment à briser cet élan. L’infrastructure a été traitée sur tous les plans : centre-ville, Elyssar, Linor, routes, autoroutes, ponts suspendus, électricité, eau, téléphone, agrandissement de l’aéroport et du port, Cité sportive, Grand Sérail, annexe pour la Chambre, réédification de bâtiments publics et d’écoles, réouverture de la Foire Rachid Karamé à Tripoli, création de 23 zones industrielles… – Évacuation des squatters et début du retour des déplacés. Unification des programmes scolaires. Réorganisation de l’information. Échelle des salaires. Projet de loi contre l’enrichissement illicite. – Levée de l’embargo américain. Visite du pape. Retour du Liban sur la scène diplomatique internationale. Etc.
Il faut rendre à César… et justice au président Élias Hraoui. D’autant que novembre est le mois des commémorations. S’acquittant en chœur de leur devoir de loyauté ou d’élémentaire courtoisie, dirigeants et ministres s’inclinent donc, au moment des adieux, devant les «réalisations» du régime en partance… Un des piliers inamovibles du pouvoir, qui se répand...