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Actualités - ANALYSE

Un dossier qui ne fait plus tellement l'unanimité

Un sourd malaise court depuis quelque temps au sein des instances gouvernementales qui ne sont plus tellement d’accord sur la conduite à suivre en ce qui concerne le dossier du Sud. Nombre de membres du Cabinet, et pas des moindres, soutenus par des diplomates, pensent en effet, comme le résume un spécialiste, que «l’on donne de la position libanaise une idée d’une insoutenable légèreté quand on repousse d’une chiquenaude les propositions israéliennes en affirmant tantôt qu’elles ne sont pas sérieuses et tantôt qu’elles sont piégées. L’Occident, l’ONU même, ne comprend pas cette attitude d’enfant boudeur que nous adoptons. Nous avons trop crié «au loup» et nous nous retrouvons avec un net problème de crédibilité, maintenant qu’il est là, entendre que le retrait s’offre enfin à nous. Nous ne pouvons pas, si nous voulons vraiment l’intérêt de ce pays, garder un bandeau sur les yeux, ignorer les vraies réalités et nous dispenser d’être prêts pour toute éventualité. Il faut se préparer, établir des plans, savoir exactement que faire si Israël se retirait brusquement, s’il procédait à un retrait partiel ou s’il devait y avoir des dispositions préalables sur le terrain. C’est notre territoire qui est concerné et il est absurde de soutenir qu’il appartient à la FINUL de traiter des questions dites techniques avec un occupant en instance de départ car toutes les implications du dossier sont d’ordre politique et chaque détail peut avoir de sévères conséquences». Cette personnalité répète que, «regrettable ou non, le fait est là: les Occidentaux et l’ONU accordent un net crédit aux déclarations israéliennes. C’est ce que nous a confirmé Kofi Annan en soulignant qu’il existe des indices montrant qu’Israël est disposé à appliquer les résolutions du Conseil de Sécurité concernant le retrait de ses forces du Liban-Sud. Il en découle que — par respect effectif de ces mêmes résolutions, a précisé M. Annan —, il faut nécessairement engager des pourparlers, aucune paix solide ne pouvant être instaurée sans que l’on fasse participer la Syrie à l’opération, selon les propres termes du secrétaire général des Nations Unies. Comment peut-on dans ces conditions s’obstiner à dire «non» sans se laisser accuser de refuser la récupération du Sud...». Autre son de cloche Un autre officiel affirme pour sa part qu’on ne peut «encore juger une position libanaise qui n’est pas définitive, du moment qu’Israël ne s’est pas encore déclaré officiellement, quoi qu’en pensent les Occidentaux et l’ONU. Il faut en effet attendre que le Conseil des ministres israélien se prononce sur la question du retrait du Sud et de la Békaa-Ouest, ce qui n’est pas encore fait. Si les déclarations de Netanyahu et de Mordehaï étaient de la sorte confirmées, nous y répondrions tout aussi officiellement, après concertation avec la Syrie qui du reste pourrait joindre sa propre réponse à la nôtre, puisque les Israéliens comme l’ONU ou les Occidentaux s’adressent également à elle. D’ailleurs, la proposition israélienne, une fois rendue officielle, pourrait entraîner la tenue d’un sommet arabe restreint, groupant les pays voisins de l’Etat hébreu, surtout si le secrétariat général de l’ONU devait être chargé par le Conseil de Sécurité d’établir un plan de règlement». Ce ministre indique à ce propos que «l’une des raisons principales du dernier sommet libano-syrien était que certains rapports faisaient état d’une mission importante de facteur confiée à M. Kofi Annan, donné comme porteur du plan de retrait israélien, ce qui aurait nécessité une réponse unifiée. Mais il est apparu que ces rapports étaient sans fondement, M. Annan n’apportant rien dans sa besace, et se contentant de conseiller que l’on ne traite pas par le mépris les propositions israéliennes, en rappelant que les choses ont changé depuis 1978 et la promulgation de la 425. Donc, répète ce responsable, nous n’avons pas encore eu à prendre officiellement position, par une déclaration du Conseil des ministres, par rapport à des propositions israéliennes qui restent officieuses, voire simplement médiatiques et auxquelles nous avons répondu uniquement sur ce même plan, en exprimant notre méfiance». Il y a eu quand même un peu plus: le ministre des Affaires étrangères, M. Farès Boueiz, a en effet déclaré, comme on sait, qu’Israël n’a qu’à appliquer la 425 en se retirant totalement et tout à fait inconditionnellement, sans qu’il n’y ait besoin de négociations. Il a ajouté que la FINUL peut très bien prendre à son compte les pourparlers techniques prévus dans la 426 qui est en quelque sorte le décret d’application de la 425. Une position tranchée, qui a suscité même à Beyrouth sinon des sourires entendus du moins un certain embarras: «Le Liban, rappelle un ancien ministre, a en effet accepté de négocier, dans le cadre du processus de Madrid, et l’a même fait au Maryland pendant des années. De plus, l’attachement absolu à la 425 est en contradiction logique avec la nouvelle politique adoptée uniquement depuis Taëf qui lie pratiquement le sort du Sud à celui du Golan à travers ce que l’on appelle le jumelage indéfectible des deux volets…». Controverse A cet argument, le responsable cité précédemment répond que «le Liban a accepté de se joindre au processus de paix globale comme pays concerné par le conflit israélo-arabe et pas du tout par rapport à la 425. Il n’a pas négocié cette résolution qui n’a rien à voir avec la paix globale ou avec des problèmes comme la question des réfugiés palestiniens, la situation des sept villages et le partage des eaux». Une attestation qui est contestée «car, rétorque l’ancien ministre évoqué plus haut, c’est notoirement du retrait israélien que l’on a traité durant les rounds successifs de négociations à Washington puis dans le Maryland et si les structures militaires, les officiers des deux pays étaient présents ce n’était certainement pas pour parler de la paix globale ou du partage des eaux et des réfugiés palestiniens, questions laissées du reste de côté pour les multipartites par le Liban comme par la Syrie qui ont refusé de négocier de tels problèmes avant que les bilatérales n’aient abouti». Toujours est-il que, pour sa part, M. Boueiz refuse l’amalgame entre la 425 et la 242, qui régit comme on sait le Golan. Sans citer le haut plateau syrien, le ministre libanais répète en substance qu’Israël «doit se soumettre à la 425 qui ordonne un retrait immédiat du territoire libanais sans que cela n’implique des engagements quelconques de la part du Liban à l’égard de l’Etat hébreu. Le Liban n’a pas à engager de négociations ni à accepter des arrangements de sécurité. S’il le faisait, la 425 serait vidée de son contenu et ce pays se retrouverait dans un tunnel semblable à celui qu’Arafat a emprunté par rapport aux accords d’Oslo qui ont été vidés de leur contenu». M. Boueiz met en garde contre des arrangements de sécurité «car Israël se mettrait à réclamer des stations de préalerte ainsi que le droit de poursuite et de traque de ceux qu’il qualifie de terroristes à l’intérieur du territoire libanais, sans compter un règlement à sa convenance pour les milices d’Antoine Lahd, le désarmement du Hezbollah ou d’autres conditions sources de conflits rendant les pourparlers interminables, en dénaturant la 425». Le ministre rejette donc toute condition que poserait Israël et rappelle que, jusqu’à la paix globale, les relations libano-israéliennes doivent rester régies par la convention d’armistice de 1949. Au-delà de la position officielle qu’il affiche, M. Boueiz indique qu’à son avis personnel Israël n’a pas l’intention de rétrocéder tout le Sud et la Békaa-Ouest occupés, mais procéderait uniquement à des retraits partiels, ne changeant rien au fond du problème du moment que la résistance resterait active tant qu’une portion du territoire demeure occupée.
Un sourd malaise court depuis quelque temps au sein des instances gouvernementales qui ne sont plus tellement d’accord sur la conduite à suivre en ce qui concerne le dossier du Sud. Nombre de membres du Cabinet, et pas des moindres, soutenus par des diplomates, pensent en effet, comme le résume un spécialiste, que «l’on donne de la position libanaise une idée d’une...