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Actualités - ANALYSE

Nouveau mandat - Trop d'intérêts sont en jeu Changement : fortes résistances en perspective

Tant qu’il s’agit de faire plaisir à bon compte, les politiciens applaudissent volontiers l’avènement d’un régime nouveau, porté sur le pavois par les masses populaires. Mais ses orientations les inquiètent. Ils n’aiment pas trop ce leitmotiv du «changement» dont on leur rebat les oreilles. Car leurs intérêts, et ils sont puissants, s’en trouveraient fatalement compromis. C’est donc toute une mentalité, tout un establishment claquemuré dans différents fortins, qu’il faudrait raser. Un objectif difficile à réaliser. En effet, les pôles d’influence réfractaires disposent d’atouts majeurs pour organiser une résistance opiniâtre au vent qui se lève. Sans encore rechercher la confrontation, ils peuvent se positionner et commencer le freinage dès le premier test concret, la mise sur orbite d’un nouveau Cabinet. Pour commencer, ils ont en quelque sorte la Constitution de leur côté. La désignation du président du Conseil se fait en effet en base de l’avis impératif que rend la majorité parlementaire, que le chef de l’État est tenu de consulter. Puis le chef du gouvernement pressenti doit à son tour en référer aux députés. La Chambre, toujours elle, contrôle ensuite les actes du gouvernement, les avalise ou les bloque à sa guise. Comme en témoignent les dizaines de projets gouvernementaux «urgents» qui dorment dans ses augustes tiroirs. Sur le terrain même, les vizirs qui veulent le rester ont souvent des protections incontournables du côté des décideurs. Et protègent eux-mêmes des directeurs généraux ainsi que des réseaux entiers de fonctionnaires bien placés qui font leur jeu. On ne doit pas oublier en effet que le système déviationniste dit de la troïka ne se limite pas aux trois présidences et recouvre toute la planète Taëf. Un partisan de la rénovation croit savoir que «lors de la formation du gouvernement, le général-président confirmera qu’il ne réclame pas pour lui-même un quota de ministres. La meilleure façon de torpiller, d’entrée de jeu, le système vicié que l’on appelle “le partage”. Bien qu’on ne puisse jurer de rien, le président du Conseil et le président de la Chambre, pour ne parler que d’eux, seraient mal venus après cet exemple venu d’en haut de tenter d’avoir leur quota». À cette nuance près que le système du partage interprésidentiel, pour répréhensible qu’il soit, découle à l’origine d’une nécessité inévitable dans un pays composite vivant sur le consensus : la représentation au pouvoir des forces politiques. Les présidents n’auraient plus leurs ministres, mais bien évidemment les communautés et nombre de leaderships garderaient droit de parts. Et comme ces éléments sont en bonne partie contrôlés par les présidents, on n’est pas très loin du cercle vicieux. Une difficulté que le néo-loyaliste cité contourne en précisant que «l’esprit de consensus sera respecté par le choix, effectué d’un commun accord, de ministres compétents faisant l’unanimité autour de leurs noms. Ce ne serait ni “le gouvernement du président Lahoud” ni “le gouvernement du président Hariri” mais une équipe bien soudée, au service de la nation. L’essentiel devant être pour commencer l’impeccable, l’incontestable probité de ses membres, car l’opinion publique y attache la plus haute importance». Et d’insister sur ce point : «Quels qu’en soient les protecteurs, les ministres sortants qui sont classés sur le plan de la corruption dans la catégorie “douteux” ne doivent pas revenir au pouvoir. Il en va évidemment de même pour les ministres jugés incompétents ou incapables». Reste à savoir si les «protecteurs» en question vont insister ou non, car «leurs demandes ne se refusent pas», comme le répète en privé un dirigeant. Et puis, il y a les cas de conscience. À ce propos, la source affirme que «toute personnalité pressentie qui trouve insuffisants les émoluments officiels doit refuser le portefeuille proposé. Il ne faut pas qu’un ministre émarge également ailleurs. Cette règle juridique dite du conflit d’intérêts doit être désormais strictement appliquée». Une pierre dans le jardin des haririens.
Tant qu’il s’agit de faire plaisir à bon compte, les politiciens applaudissent volontiers l’avènement d’un régime nouveau, porté sur le pavois par les masses populaires. Mais ses orientations les inquiètent. Ils n’aiment pas trop ce leitmotiv du «changement» dont on leur rebat les oreilles. Car leurs intérêts, et ils sont puissants, s’en trouveraient fatalement...