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Actualités - DISCOURS

Haranguant des milliers de manifestants à Dar El-Fatwa Kabbani : personne ne pourra miner la forteresse de la religion

«C’est nous qui minerons la muraille confessionnelle. Notre opposition au mariage civil facultatif ne peut pas être assimilée à un bouclier confessionnel mais à une forteresse de la religion et cette forteresse, personne ne l’ébranlera. C’est nous qui minerons la bataille confessionnelle». Le mufti de la République, cheikh Mohamed Rachid Kabbani, était visiblement irrité par les propos tenus la veille par le chef de l’Etat, M. Elias Hraoui, au sujet de la tournure qu’a pris le débat autour de l’institution du mariage civil facultatif (VOIR PAR AILLEURS). Devant plus de 5000 personnes venues de Tripoli pour lui exprimer leur soutien, cheikh Kabbani a affirmé catégorique qu’il ne permettra pas «aux laïques d’introduire le virus du mariage civil au Liban». Pour lui, mais aussi pour tous les leaderships mahométans qui ont poursuivi leur campagne contre le projet du chef de l’Etat, un revirement d’attitude est hors de question. L’état de fébrilité dans lequel la perspective de l’institution du mariage civil au Liban a mis les leaderships religieux, notamment mahométans, était à son paroxysme durant le week-end écoulé avec l’organisation d’un rassemblement d’appui au mufti de la République à Dar el-Fatwa. Au moins cinq mille personnes venues de Tripoli, avec à leur tête les responsables sunnites religieux de la région, ont pris le matin le chemin de Beyrouth à bord de voitures touristiques et de bus mis à leur disposition par le député Misbah el-Ahdab, opposé au projet du chef de l’Etat. Tout le long de la route, ils scandaient des slogans mettant en garde contre toute atteinte à la «charia» (loi islamique) brandissant des pancartes sur lesquelles on pouvait lire «Non au mariage civil». A Dar el-Fatwa, ils ont été harangués par le mufti qui a entamé son discours en répondant aux propos tenus la veille par le président Hraoui et en affirmant que «personne ne pourra miner la forteresse de la religion». Estimant que la position des Libanais opposés au mariage civil, qu’ils soient chrétiens ou musulmans, ne peut pas être considérée comme étant confessionnelle, cheikh Kabbani a fait remarquer que le confessionnalisme doit être cherché non pas dans l’esprit des Libanais mais dans celui «des politiciens qui exploitent la religion au niveau de leurs postes». «C’est cette muraille confessionnelle que nous devons détruire», a-t-il dit d’une voix retentissante. Il a fait remarquer que le conflit autour du mariage civil se situe au niveau de l’Etat et en Conseil des ministres, avant d’appeler les croyants rassemblés à Dar el-Fatwa à ne pas exprimer leur mécontentement dans la rue. «L’islam ne nous a pas appelé à résoudre nos problèmes dans la rue et les manifestations n’ont pas permis de récupérer la Palestine», a-t-il déclaré affirmant que «le droit doit prévaloir sans qu’on n’insulte ou qu’on ne blesse personne». «Nous sommes au Liban, la forteresse des Arabes, de l’islam et de la religion et nous ne permettrons jamais aux laïques d’introduire le virus du mariage civil au Liban pour qu’il se répande ensuite dans le reste du monde arabe», a-t-il dit. Le mufti du Liban-Nord, cheikh Taha Sabounji, a pour sa part affirmé qu’il n’est pas question pour les leaderships sunnites de «reculer d’un pouce», indiquant que «le Liban ne se soulève contre le mariage civil que parce qu’il sait que ce projet constitue le premier pas sur la voie d’un long processus visant à anéantir la religion et à instaurer l’athéisme et la corruption». Cheikh Sabounji a fait remarquer que sans l’appel du mufti Kabbani, «nous serons sortis dans la rue et nous aurons montré à tout le monde la force de notre foi et la fermeté de notre opposition à tout projet de discorde et de corruption», avant d’ajouter: «Nous sommes aujourd’hui ici pour annoncer que nous lâcherons tout responsable qui signera ce texte. Il existe dans ce pays des athées qui refusent tout recours à la religion. Mais nous le crions haut et fort: les athées et les laïques n’ont pas de place au Liban et il n’est pas question d’instituer le mariage civil dans ce pays». Cheikh Saïd Chaabane, chef du «Mouvement d’unification islamique», a également annoncé un boycottage des ministres et des députés qui signeront le projet contesté. Il a invité le président Hraoui à retirer le texte, l’accusant d’avoir «empoisonné le climat dans le pays».
«C’est nous qui minerons la muraille confessionnelle. Notre opposition au mariage civil facultatif ne peut pas être assimilée à un bouclier confessionnel mais à une forteresse de la religion et cette forteresse, personne ne l’ébranlera. C’est nous qui minerons la bataille confessionnelle». Le mufti de la République, cheikh Mohamed Rachid Kabbani, était visiblement...