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Actualités - ANALYSE

L'hypothèse d'une présidentielle anticipée de nouveau sur le tapis

Pendant des années et des années, les présidents se chamaillaient à tour de rôle mais tôt ou tard finissaient par se rabibocher. Cette solide tradition risque cependant de ne pas être respectée jusqu’au bout. En effet, à six mois de l’élection présidentielle, la crise relationnelle a atteint de tels sommets que selon certains visiteurs de Baabda, «l’épilogue pourrait bien en être la démission du président Hraoui ou du président Hariri…». Un pessimisme que l’on ne partage généralement pas dans les milieux politiques «car tout le monde sait, rappelle un opposant, que toute démission est interdite par les décideurs et nul n’ignore que les velléités manifestées l’an dernier à ce propos par M. Hariri ont été rapidement jugulées…». Et de préciser que «les départs ne se feraient que sur ordre des meneurs de jeu non sur initiative personnelle, dans le cas où l’on jugerait bon d’organiser une élection présidentielle anticipée sans modifier l’article 73 de la Constitution. En effet si M. Hraoui devait résigner ses fonctions, il y aurait forcément élection avant le terme légal, après quoi M. Hariri rendrait automatiquement son tablier pour que le nouveau régime puisse former son premier gouvernement». Cette personnalité souligne ensuite que «si l’option de l’élection présidentielle anticipée n’était pas retenue, MM. Hraoui et Hariri devront trouver un modus vivendi pour continuer encore ensemble jusqu’à l’expiration du mandat du chef de l’Etat fin novembre». Idées Il faudra donc trouver une plate-forme d’entente minimale. Selon un médiateur on passe actuellement au crible les idées suivantes: — Le président Rafic Hariri signerait le projet de loi du mariage civil facultatif qui, une fois transmis à la Chambre, y dormirait d’un sommeil profond, comme tant d’autres textes à problèmes. Une formule qui permettrait de sauver la face aux deux hommes. — Le Conseil des ministres réuni à Sanayeh sous la présidence de M. Hariri réexaminerait le projet à la lumière des remarques qu’y auront apportées les ministres et prendrait une décision à son sujet. — Le Conseil réuni à Baabda sous la présidence de M. Hraoui retirerait le projet, sous prétexte d’y introduire des modifications, de la Chambre mais M. Hariri l’aurait auparavant contresigné. — Les députés reprendraient à leur compte le projet Hraoui, feraient une proposition de loi ce qui dispenserait le gouvernement de transmettre son projet à la Chambre et enterreraient ensuite royalement le texte en commissions. — La Chambre désignerait les membres du comité national pour l’abolition du confessionnalisme politique qui inscrirait à son programme, étalé sur des années, le mariage civil facultatif. Sobre commentaire d’un opposant: «ces scénarios qui ne tromperaient personne sont la preuve que tout sonne faux dans le système». Tentation Toujours est-il qu’il fonctionne et que les loyalistes doutent, indique l’un d’eux «que M. Hariri tente de pousser la chansonnette jusqu’au point de happer l’Exécutif, c’est-à-dire de ne plus organiser de Conseil des ministres qu’à Sanayeh, pour en priver M. Hraoui, ce qui lui est constitutionnellement loisible. Il est peu probable que le chef du gouvernement se lance dans un défi aussi outrancier parce que le Cabinet se retrouverait cassé en deux et pourrait immédiatement imploser. Pire même, tout le système risquerait de sauter si en signe de protestation le chef de l’Etat démissionnait ou si les ministres qui lui vouent de la sympathie claquaient tous ensemble la porte. Il est douteux, dit ce responsable, que les décideurs laissent la crise aller aussi loin. A l’extrême limite, ils permettraient en cas d’impasse la mise en place d’un nouveau Cabinet qui superviserait les municipales et se contenterait ensuite d’expédier les affaires courantes jusqu’aux présidentielles. Mais cette éventualité a l’air également improbable car elle implique que l’on écarterait M. Hariri et les décideurs ne le voudraient certainement pas —, à un moment où se jouent les présidentielles où il tient à jouer sa partie, justement pour pouvoir ensuite rester en place…». Cette personnalité reconnaît à son tour qu’il n’y a plus «qu’une alternative: ou bien un arrangement de coexistence vaille que vaille entre MM. Hraoui et Hariri jusqu’en novembre; ou bien une élection présidentielle anticipée avec l’accord des deux hommes, ce qui permettrait d’éluder les municipales, de larguer les problèmes socio-économiques et de régler le problème d’un Cabinet miné par ses contradictions intérieures». Un modéré note pour sa part qu’«au lieu d’avoir encore une trêve qui sauterait au bout d’une semaine, il faudrait peut-être crever l’abcès, organiser une présidentielle anticipée et mettre en place un régime qui gommerait pour de bon le système si nocif dit de la troïka. Lequel équipage couronne sa carrière par un faux conflit sur le mariage civil et par une vraie empoignade au sujet des présidentielles. Mais ce n’est là qu’un pieux souhait et tout en définitive dépend des décideurs».
Pendant des années et des années, les présidents se chamaillaient à tour de rôle mais tôt ou tard finissaient par se rabibocher. Cette solide tradition risque cependant de ne pas être respectée jusqu’au bout. En effet, à six mois de l’élection présidentielle, la crise relationnelle a atteint de tels sommets que selon certains visiteurs de Baabda, «l’épilogue pourrait...