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Actualités - ANALYSE

Les haririens à l'assaut du projet Hraoui

Au-delà du ton passionné qu’adoptent les instances mahométanes, l’initiative présidentielle concernant le mariage civil facultatif est passée au crible dans les cercles haririens où l’on s’efforce d’opposer au projet Hraoui des arguments à consonance juridique autant que politique. — Pour ce qui est de la forme d’abord «la clause 11 de l’article 53 de la Constitution autorise certes le chef de l’Etat à soumettre une question au Conseil des ministres en dehors de l’ordre du jour, mais cette question doit être revêtue du caractère d’urgence, ce qui n’est apparemment pas le cas pour le mariage civil» indique un fidèle du premier ministre. «De plus, même en cas de question urgente, il est de règle que le président du Conseil soit préalablement consulté. La clause 6 de l’article 64 C (Constitution) impartit en effet au chef du gouvernement la prérogative de convoquer le Conseil, d’en établir l’ordre du jour , d’en informer avant débat le chef de l’Etat ainsi que les ministres et de leur communiquer également les questions urgentes qui devront être discutées. Autrement dit, le premier ministre est en même temps la clé et la serrure pour le programme des séances et il est contraire à l’esprit de la Constitution de le contourner. Il est inconvenant que le chef du gouvernement apprenne par la presse que le président de la République va soumettre au Conseil un sujet débattu sur la place publique depuis longtemps et qui n’a rien d’urgent». Ce haririen affirme, comme son chef, que «le vote en Conseil des ministres a porté uniquement sur l’opportunité de discuter ultérieurement le projet et non sur son approbation immédiate, car il faut l’examiner point par point, pour les retoucher au besoin, ce qui n’a pas été fait. La preuve c’est qu’il a été demandé aux ministres de remettre s’ils le souhaitent leurs remarques concernant le texte au secrétariat général du Conseil pour qu’on en débatte au cours d’une prochaine. Certains estiment que le projet est déjà approuvé, que ces remarques de ministres seraient simplement prises en compte lors de la rédaction de la mouture finale avant transmission à la Chambre. Il faut qu’ils comprennent que le président du Conseil et les ministres qui ont voté contre ne ratifieront pas le projet sans discussion point par point en Conseil. Ce qui signifie qu’il resterait bloqué et ne serait pas adressé au Parlement». Ce thuriféraire de M. Hariri relève également, côté textes, que «le code des statuts personnels compte, sans contestation possible, parmi les questions cruciales pour lesquelles toute décision doit être impérativement consensuelle. Si un accord n’est pas réalisable, le vote en Conseil ne peut être acquis qu’à la majorité des deux tiers des membres déclarés dans le décret fondateur lors de la mise sur pied du Cabinet, comme le précise l’article 65 C». Consensus «C’est pourquoi, enchaîne ce loyaliste, le chef du gouvernement a demandé, lorsque la question a été soulevée en Conseil, que l’on attende car la conjoncture ne se prête pas à un débat litigieux qui de plus ne se classe pas parmi les priorités. Il a rappelé que tout sujet crucial doit être tranché en base d’une claire entente politique, pour ne pas exposer le pays à des divisions accrues au moment où il a tant besoin de rester uni». Puis de se demander «pourquoi cette lourde insistance à vouloir ouvrir en grand les battants de portes donnant sur des sujets aussi conflictuels que le mariage civil et l’abolition du confessionnalisme. Des débats comme ceux-là provoquent forcément des remous qui secouent la stabilité du pays. Et ce ne serait pas lui rendre service au moment où se déploient les manigances redoutables de l’ennemi israélien qui tire profit de toute fêlure sur le front intérieur libanais». «La Syrie, se félicite ce haririen, a bien compris les nécessités de l’heure et nous a conseillé, à nous tous Libanais, de geler les questions qui nous divisent pour favoriser et renforcer l’unité des rangs internes. Comment peut-il y avoir une partie libanaise pour ignorer un conseil judicieux, en soulevant des questions délicates qui froissent les autorités religieuses du pays… Ne voit-on pas que l’on risque de provoquer des mouvements de rue, des incidents et des heurts qui pourraient ébranler la paix civile… Ne comprend-on pas que les secousses sont en outre extrêmement préjudiciables à la santé économique du pays qui n’est déjà pas excellente… Quels peuvent être les objectifs recherchés? Pense-t-on susciter une agitation pour qu’en définitive la prorogation apparaisse comme la seule solution possible? Si c’est là le but, on fait de toute évidence fausse route puisque M. Hraoui se met à dos tout un camp communautaire. Veut-on au contraire, ce qui serait d’ailleurs plus vraisemblable, mettre en place les raisons justifiant une élection présidentielle anticipée? Tente-t-on de tester les intentions des parties extérieures ou locales concernées par cette échéance?» Et d’estimer ensuite que «ce n’est pas en liant à l’abolition du confessionnalisme politique qu’on donne au mariage civil facultatif de meilleures chances, bien au contraire. Car les instances religieuses chrétiennes sont elles-mêmes hostiles à une telle abolition qui équivaudrait, selon elles, dans la situation présente, à la domination totale des musulmans après suppression des quotas, par le biais de la loi du nombre». Cette source, faisant ensuite allusion à d’obscures manœuvres qui n’ont pas encore affleuré en surface, affirme que «l’on essaie en vain de faire pression sur une partie de l’opinion en laissant entendre que la prorogation est souhaitable car M. Hraoui est supposé être le dernier président maronite. Ce n’est pas vrai du tout. On n’en est pas encore à une redistribution des présidences et encore moins à leur attribution en dehors des contraintes du confessionnalisme, en base de la seule compétence. Le jour où l’on ne saura presque plus si tel président appartient à telle communauté, les élections législatives se feront sur base de partis déconfessionnalisés, l’Etat laïc sera enfin une réalité, les mentalités auront enfin changé dans le bon sens. Mais ce n’est pas demain la veille…».
Au-delà du ton passionné qu’adoptent les instances mahométanes, l’initiative présidentielle concernant le mariage civil facultatif est passée au crible dans les cercles haririens où l’on s’efforce d’opposer au projet Hraoui des arguments à consonance juridique autant que politique. — Pour ce qui est de la forme d’abord «la clause 11 de l’article 53 de la...