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Actualités - CONFERENCES DE PRESSE

La crise financière à Télé-Liban Boulos : les pertes annuelles s'élèvent à 23 millions de dollars (photo)

M. Jean-Claude Boulos, directeur général de Télé-Liban, a tenu hier une conférence de presse, au siège de la télévision à Tallet el-Khayat, pour évaluer la situation de l’entreprise publique, qui sera incapable de payer les salaires de ses employés à partir de la fin de ce mois . La conférence, qui a duré deux heures et demie, a été transmise en direct à la télévision. Ont assisté à la conférence de presse, des membres du conseil d’administration de Télé-Liban, des membres du conseil national de l’audiovisuel, dont M. Nasser Kandil, vice-président du conseil, et M. Saïd Sabbagha, président du syndicat des propriétaires d’agences de publicité. M. Boulos, qui a pris la parole après la présentation d’un clip montrant des personnalités politiques donnant un avis positif sur la chaîne publique, a déclaré que «juste après le 18 septembre 1996, date à laquelle j’ai entamé mon travail à la télévision, j’ai été confronté au problème des salaires des employés. Depuis cette date, le conseil d’administration se pose tous les mois les mêmes questions: comment payer les salaires des employés et comment assurer les dépenses qui gardent l’entreprise fonctionnelle?». Le directeur général de Télé-Liban a affirmé que «les problèmes de l’entreprise remontent à 1978, date de la fusion de deux chaînes privées, CLT et Télé Orient. La nouvelle entreprise est devenue à moitié publique». Il a noté que «la crise financière de Télé-Liban pourrait se résumer comme suit: les grosses pertes subies au cours de la guerre; l’annulation de l’exclusivité accordée à la télévision publique d’émettre sur toutes les chaînes jusqu’à 2012; le retrait des plaintes en justice contre les télévisions privées; la chute des revenus des publicités; l’augmentation des coûts des programmes étrangers, des productions locales, des heures d’émission, du nombre d’employés, des frais de fonctionnement et des services de la dette». M. Boulos a précisé qu’en «avril 1995, le gouvernement libanais a acheté la part du secteur privé et a augmenté le capital de Télé-Liban, qui a atteint 60 milliards de livres». Concernant la situation de la chaîne publique en 1997, il a rappelé que «Télé-Liban a réalisé des gains (en publicité et en vente de programmes) s’élevant à 6 millions de dollars». «Les dépenses pour l’année 1997, a-t-il poursuivi, se résument en 12 millions et demi de dollars de frais d’employés (sécurité sociale, hospitalisation, retraite...); 8 millions et demi de dollars de frais de programmes locaux et internationaux (achats de programmes, production, décors...); 750 mille dollars de frais de bulletins d’information (production, voyages des correspondants, transports...); 750 mille de frais techniques (entretien, nouvelles antennes...) , 3 millions de dollars de frais de fonctionnement (électricité, téléphone, mazout...); 4 millions de dollars de frais pour la couverture des dettes de la chaîne ( service de la dette...)». Ces dépenses font un total de 29 millions et demi de dollars. Et M. Boulos de souligner que «les pertes annuelles de Télé-Liban s’élèvent donc à 23 millions de dollars». Il a noté que «le gouvernement devrait contribuer à couvrir le déficit». Le directeur général de Télé-Liban a déclaré que «contrairement à ce que certains pensent, toutes les télévisions ne font pas de gains et ce n’est pas uniquement Télé-Liban qui enregistre des pertes» expliquant que «les recettes de la publicité ne suffisent pas aux six chaînes locales; elles sont, dans tous les cas, incapables de couvrir les dettes de la chaîne publique». Et de rappeler que «Télé-Liban, malgré le cumul des pertes enregistrées dernièrement, s’est développée sur plusieurs plans, notamment celui de l’image de marque de la chaîne, de l’augmentation des heures d’émission, de la création de nouvelles antennes et de la qualité des programmes». «En septembre 1997, nous avons créé une nouvelle grille (de programme) grâce à laquelle l’audience de la chaîne publique a augmenté de 10%», a-t-il ajouté. «Nous avons prouvé ainsi que l’équipe de Télé-Liban est toujours la meilleure et que la chaîne peut devenir la première au Liban», a-t-il dit. Et de remercier «les techniciens, les scénaristes, les acteurs et les présentateurs, qui ont participé au lancement de la grille et qui jusqu’à présent n’ont pas touché leurs salaires». Le directeur général de Télé-Liban a précisé qu’actuellement «la chaîne publique est arrivée à l’apogée de la crise, surtout après la démission de 5 membres du conseil d’administration ( formé de 12 membres) le 9 mars dernier», notant que «l’un des membres démissionnaires est revenu sur sa démission». Et de souligner qu’il se retrouve «seul, sans conseil d’administration nommé par l’Etat, pour faire face à la crise». M. Boulos a déclaré avoir «présenté un projet pour régler la situation de la télévision publique. Projet qui a été approuvé par le ministre de l’Information, M. Bassem el-Sabeh, mais qui jusqu’à présent n’a pas été discuté en Conseil des ministres». Et de rappeler que «le Conseil des ministres ne se réunira pas avant la fin du mois». Le P.D.G. de la chaîne publique a souligné qu’à «partir de la fin du mois de mars, les problèmes commenceront. Nous serons incapables de payer les salaires, les frais de sécurité sociale et d’hospitalisation des employés ainsi que les factures essentielles couvrant les frais de fonctionnement». «Nous serons, peut-être même obligés de réduire les heures d’émission et d’arrêter certaines productions». «A la fin du mois , a-t-il souligné, nous ferons face à une catastrophe économique, sociale». Il a appelé «le président de la République, le Conseil des ministres et le Parlement à trouver des solutions radicales à la crise afin que Télé-Liban devienne la chaîne de tous les Libanais». En répondant aux questions des journalistes, M. Boulos a évoqué sa vision d’une solution tout en précisant que ce n’était pas à lui de régler la situation de la chaîne mais au gouvernement libanais. Une des solutions qu’il a proposée, pour le règlement de la crise financière, est de copier le modèle européen, qui oblige les citoyens à contribuer au financement des différentes chaînes publiques. «Le gouvernement libanais, a-t-il suggéré, pourrait obliger les contribuables à payer une taxe qui servira de subvention à Télé-Liban. Elle pourrait être prélevée par le biais des factures du téléphone». M. Boulos a également souligné que «si les employés acceptent de travailler sans toucher de salaire, la chaîne publique pourra poursuivre son fonctionnement jusqu’à la mi-mai», notant qu’il lutte, lui aussi «pour préserver les droits des employés de la Télé». A la question de savoir quelle sera la situation du Canal Neuf, M. Boulos a précisé que «la chaîne a été rouverte à la hâte quand la LBC et la MTV ont tenu à créer de nouvelles chaînes. Le but de Canal Neuf est de montrer une autre face de la culture libanaise. Nous tenons à couvrir tout le Liban afin d’émettre durant la journée des programmes éducatifs». Et de préciser que «si Télé-Liban se développe, et surmonte la crise, le Canal Neuf se développera». Le directeur de Télé-Liban a souligné en conclusion qu’il ne faut pas désespérer et qu’il ne présentera pas sa démission. «Si Télé-Liban va couler je coulerai avec l’entreprise», a-t-il dit. Par ailleurs, le Conseil du Syndicat des employés de Télé-Liban s’est réuni dans la matinée d’hier pour évaluer la situation des salariés de la chaîne. Le communiqué publié à l’issue de la réunion a précisé «qu’à la suite des discussions avec le président du syndicat , M. Elias Abou Rizk, qui assiste à Genève aux réunions du conseil de l’Organisation Internationale du Travail (OIT), le comité invite tous les membres du syndicat des employés de Télé-Liban à s’éloigner des spéculations politiques et à se concentrer sur leur but initial qui est la préservation de leurs droits». Le communiqué a souligné que «la responsabilité de l’annonce selon laquelle l’entreprise est incapable de payer les salaires, à une semaine de la fin du mois, doit être assumée par les personnes qui ont mené la chaîne à l’actuelle crise financière». «Le conseil du syndicat a déjà mis en garde (les responsables) contre une telle crise, due à une accumulation d’erreurs au sein de l’entreprise depuis des années». «Le conseil du syndicat tiendra une réunion extraordinaire le lundi 30 mars à 11h au siège de Télé-Liban de Hazmieh afin de prendre la position adéquate en vue des derniers développements», souligne le communiqué.
M. Jean-Claude Boulos, directeur général de Télé-Liban, a tenu hier une conférence de presse, au siège de la télévision à Tallet el-Khayat, pour évaluer la situation de l’entreprise publique, qui sera incapable de payer les salaires de ses employés à partir de la fin de ce mois . La conférence, qui a duré deux heures et demie, a été transmise en direct à la...