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Actualités - CHRONOLOGIE

Accueilli à la Knesset par une volée de bois vert Le secrétaire général de l'ONU sermonne ses amis israéliens

«J’espère que vous pourrez reconsidérer votre opinion et vous accommoder de l’ONU»: accueilli à la Knesset par une volée de bois vert, au lieu de paroles de bienvenue, le secrétaire général des Nations Unies a défendu l’organisation internationale, au terme d’une visite sans précédent à Jérusalem. Auparavant, le président du Parlement israélien Dan Tikhon avait accusé l’ONU de vouloir «isoler et délégitimiser Israël», ajoutant: «Mais cette stratégie n’apportera que des fruits amers». M. Tikhon a rappelé à M. Annan la résolution de l’Assemblée générale de l’ONU de 1975 assimilant le sionisme au racisme, qui a pourtant été abrogée en 1994. Pour lui, il s’agissait d’une «gifle humiliante» pour les Israéliens. «Les Nations Unies sont, dans les faits, devenues un obstacle dans nos relations avec nos voisins arabes», a affirmé M. Tikhon. M. Annan, qui effectue depuis mardi la première visite en Israël d’un secrétaire général de l’ONU, a répliqué en appelant les Israéliens à tourner la page. Après avoir rappelé que le fondateur de l’Etat hébreu, David Ben Gourion, traitait par dérision les Nations Unies de «machin», M. Annan, osant un jeu de mots en hébreu, a souligné: «Sans le machin (Shmoum), vous n’aurez rien» (cloum). M. Annan a refusé de répondre directement aux critiques mais a estimé qu’Israël «avait beaucoup à offrir et à gagner dans ses relations avec l’ONU». L’accueil agressif de M. Tikhon a suscité les réactions indignées de l’opposition de gauche au Parlement, mais le soutien de députés de droite. Un député arabe de l’opposition, M. Abdel-Wahab Darawsheh, a prononcé en anglais un mot de bienvenue à l’adresse de M. Annan, mais il s’est aussitôt fait tancer par M. Tikhon: «Pas en anglais, vous ne pouvez pas parler en anglais». Un député d’extrême-droite, M. Benny Eilon, a à son tour critiqué l’ONU en lui reprochant d’exercer des pressions pour qu’Israël fasse des concessions aux Arabes. «Nous sommes un pays souverain», a-t-il insisté. M. Annan, resté silencieux pendant cet échange d’amabilités, s’est alors levé et a quitté l’hémicycle. Plus tard, prenant la parole devant le Conseil israélien des relations étrangères, M. Annan n’a pas ménagé ses critiques à l’égard du gouvernement de Benjamin Netanyahu, lui imputant une bonne part des responsabilités dans la crise actuelle du processus de paix. Il a adjuré l’Etat hébreu de se conformer aux engagements contractés envers les Palestiniens dans les accords conclus à Oslo en 1993 et à accepter le principe de la restitution des territoires occupés en échange de la paix avec tous ses voisins arabes. Il a rappelé que presque toute la communauté internationale tenait Israël pour responsable «d’actes de provocation» qui ont contribué à plonger ce processus de paix dans la crise, tels que l’implantation de colonies juives, les confiscations de terrains, les démolitions de maisons et autres actions qui «privent les Palestiniens de leur dignité même». «Voici ce que dit la grande majorité des Etats membres des Nations Unies: ils considèrent qu’Israël est responsable, directement ou indirectement, d’actes de provocation qui ont sapé la bonne volonté et provoqué des hostilités. Leur opinion est qu’Israël ne s’est pas conformé aux résolutions du Conseil de Sécurité», a-t-il souligné. Reproches «Je pense qu’il est important que vous tentiez de comprendre, mes amis israéliens, que ces reproches ne tombent pas d’un beau ciel bleu. Ils montrent que vous êtes lents à remplir vos obligations aux termes des accords d’Oslo et que vous en avez conditionné la mise en œuvre d’une façon que les accords d’Oslo n’impliquaient pas», a-t-il poursuivi. «Je vous demande d’accepter le fait que la masse écrasante de l’opinion mondiale, dont de nombreux pays qui sympathisent avec Israël et son dilemme, pense sincèrement qu’Israël rend un très mauvais service à sa cause et à sa position en persistant dans ces pratiques», a poursuivi M. Annan. «Je demande à Israël d’accepter que, tout comme vous êtes en droit de demander à vos partenaires palestiniens de remplir leur part du marché aux termes des accords passés, eux aussi sont fondés à vous demander de remplir vos propres obligations», a-t-il encore dit. «Un simple fait demeure. Le statu quo d’avant Oslo était intenable. Il n’y pas d’alternative viable à Oslo et de graves conséquences s’annoncent potentiellement si le processus échoue, a-t-il souligné. L’itinéraire existe. Il vous revient, ainsi qu’à vos partenaires, de le suivre». Il est essentiel, a poursuivi le secrétaire général, qu’Israël et ses adversaires arabes s’engagent dans une paix globale fondée sur les principes contenus dans les résolutions de l’ONU et les accords d’Oslo, «fondamentalement: territoires contre la paix». Il s’agit, selon le secrétaire général de l’ONU, du «seul principe qui ait des chances d’apporter la paix sur cette terre». Avec des Palestiniens M. Annan devait, par ailleurs, irriter encore plus les Israéliens en rencontrant en soirée à Jérusalem des responsables palestiniens qui ont appelé l’ONU à jouer un plus grand rôle dans le processus de paix. Le secrétaire général a ainsi reçu une délégation conduite par M. Fayçal Husseini, lequel devait estimer par la suite que «cette rencontre montre l’équilibre de la position (de l’ONU) concernant Jérusalem». Mme Hanane Achraoui, député palestinien de Jérusalem-Est, qui a participé à la rencontre, a noté une «concordance de vues» entre l’ONU et les Palestiniens sur la question de Jérusalem. Israël a manifesté son irritation en dépêchant plusieurs dizaines de policiers qui ont bouclé la rue de l’immeuble du PNUD et contrôlé systématiquement l’identité des passants. M. Annan avait commencé sa journée en se rendant au musée Yad Vachem, qui commémore les morts juifs, victimes des nazis. Il a ensuite déposé une gerbe devant la flamme éternelle rappelant la mémoire des juifs tués dans les camps d’extermination nazis et a signé le livre d’or du mémorial. En visitant Yad Vachem, Mme Nane Annan s’est brièvement arrêtée devant une plaque rappelant le souvenir de son oncle, le diplomate suédois Raoul Wallenberg, qui a sauvé des centaines de juifs hongrois de la déportation avant de disparaître mystérieusement, apparemment dans une prison soviétique. M. Annan s’est par ailleurs entretenu avec le maire israélien de Jérusalem, M. Ehud Olmert, pour évoquer notamment les activités de l’ONU dans la ville.
«J’espère que vous pourrez reconsidérer votre opinion et vous accommoder de l’ONU»: accueilli à la Knesset par une volée de bois vert, au lieu de paroles de bienvenue, le secrétaire général des Nations Unies a défendu l’organisation internationale, au terme d’une visite sans précédent à Jérusalem. Auparavant, le président du Parlement israélien Dan Tikhon avait...