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Actualités - CHRONOLOGIE

Confusion et incertitude au sein de la droite française

L’une des deux principales composantes de la droite française modérée, l’Union pour la démocratie française (UDF), a implosé sous les coups de boutoirs du Front national d’extrême droite, ouvrant une période de confusion et d’incertitude pour l’ensemble de l’opposition encore non remise de sa défaite aux élections législatives de juin 1997. Si le président gaulliste Jacques Chirac a réussi à redresser sa popularité après la gigantesque erreur de la dissolution de l’Assemblée nationale l’an dernier, les soubresauts de la droite réduisent sérieusement à court terme sa marge de manœuvre au plan politique intérieur. C’est François Bayrou, un des dirigeants centristes de l’UDF qui regroupe plusieurs petits partis, qui a porté le coup de grâce à ce rassemblement libéral, en se prononçant mercredi soir pour un «rassemblement politique nouveau (...), un parti fort, large, uni et responsable sur l’espace du centre et du centre droit». L’UDF et son président, l’ancien ministre de la Défense François Léotard, étaient sortis très affaiblis des élections régionales, plusieurs de ses responsables ayant accepté «la main tendue par le Front national (FN) d’extrême droite de Jean-Marie Le Pen» pour se faire réélire à la présidence de leur région. L’ensemble de la droite modérée était déjà divisée sur l’opportunité ou non de se redéfinir en un seul parti pour se préparer aux prochaines grandes échéances électorales (législatives et présidentielle) qui n’auront lieu, heureusement pour elle, qu’en 2002. M. Bayrou s’est donné jusqu’à l’été pour constituer son nouveau rassemblement. Sans être une surprise, sa démarche a fait l’effet d’un coup de tonnerre à l’UDF. Il a trouvé quelques alliés à l’UDF parmi d’anciens ministres, mais son plan aura aussi des adversaires déterminés, en la personne notamment de François Léotard. La crise issue des régionales a certes moins touché le parti gaulliste RPR fondé par Jacques Chirac, mais ce parti n’en est pas sorti sans sérieuses égratignures. Quelques-uns de ses cadres, comme son ancien secrétaire général Jean-François Mancel, qui a été exclu, et une partie de ses militants et de ses électeurs sont favorables à des alliances avec le FN. Cela va à l’encontre de l’un des dogmes du RPR et de Jacques Chirac qui a dénoncé lundi soir «la nature raciste et xénophobe» du parti de M. Le Pen. Tirant les premières leçons du séisme provoqué par le FN, le patron actuel du RPR, Philippe Seguin, a dénoncé ceux qui pactisent avec l’extrême droite. Mais il a aussi mis l’accent devant les jeunes de son parti sur des symboles que M. Le Pen s’est arrogés: la défense de la patrie et du drapeau. Au-delà des effets de la tourmente, les résultats de ces élections ont confirmé l’érosion lente mais régulière que la droite modérée subit depuis une vingtaine d’années, constatent les politologues. L’un d’entre eux, Jérome Jaffré, note que l’émergence du FN, qui reçoit l’appui de 15% de l’électorat français, pèse certainement lourd dans l’équation. Mais elle n’en est qu’un élément. La base géographique de la droite se réduit et sa base sociologique se rétrécit, certaines couches d’électeurs traditionnels étant «de plus en plus tentés par (...) une gauche devenue gestionnaire». Jérôme Jaffré relève aussi qu’en étant «obnubilée par le FN, la droite modérée délaisse la place du centre». Pour un ancien ministre libéral des Finances, Jean-Pierre Fourcade, les enjeux sont en tout cas lourds de conséquences. «Il est improbable, estime-t-il, que la droite gagne les prochaines élections législatives si elle n’arrive pas (...) à se réorganiser de manière démocratique. Et d’ici là, les élections européennes et surtout l’élection présidentielle risquent d’être perdues». Démission Sur le plan politique, un des cinq présidents de droite la modérée élus grâce aux voix du Front national, Jean-Pierre Soisson, a annoncé à la télévision qu’il démissionnait de la présidence de la région Bourgogne (est de la France). Les instances dirigeantes de l’UDF avaient donné une semaine aux cinq présidents de région issus de ses rangs élus avec l’apport des voix du FN pour démissionner, sinon ils seront exclus du parti. M. Soisson avait indiqué dès mardi, au lendemain d’une intervention télévisée du président Chirac rejetant fermement toute compromission avec le FN, qu’il n’excluait pas de démissionner. «S’il doit y avoir la moindre compromission, naturellement, je quitte la région et je n’accepte pas de poursuivre mon mandat. Je serai fidèle en cela à l’appel lancé par le président», avait-il déclaré. (AFP).
L’une des deux principales composantes de la droite française modérée, l’Union pour la démocratie française (UDF), a implosé sous les coups de boutoirs du Front national d’extrême droite, ouvrant une période de confusion et d’incertitude pour l’ensemble de l’opposition encore non remise de sa défaite aux élections législatives de juin 1997. Si le président...