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Actualités - DISCOURS

Il y a un fossé entre les gouvernants et la population, reconnaît Hariri

Le président du Conseil, M. Rafic Hariri, a imputé «aux particularités libanaises» l’échec des réformes qu’il a tentées d’entreprendre dans les domaines politique et administratif depuis la formation de son premier gouvernement en 1992. Le premier ministre a exprimé de sérieuses réserves au sujet du projet du mariage civil avancé par le chef de l’Etat, M. Elias Hraoui, estimant qu’il ne s’agissait pas d’une priorité. «Je suis opposé aussi bien à la manière avec laquelle cette question a été soulevée qu’aux réactions qu’elle a suscitées», a-t-il dit. M. Hariri a enfin réitéré sa détermination à ne pas soumettre au Conseil des ministres des projets qui risquent de provoquer des dissensions et des discussions fiévreuses au niveau de l’Exécutif. M. Hariri a tenu ces propos lors d’une rencontre mardi soir avec les membres du «Comité libanais pour la paix» dans le cadre des concertations qu’il a entamées il y a un mois avec les représentants des différents secteurs de la société. Cette rencontre, dont le compte rendu n’a été distribué à la presse qu’hier, s’est déroulée en présence des députés Roucheid el-Khazen, Mahmoud Awad, Habib Hakim et Antoine Haddad et plus de 200 personnes. «Il y a un problème dans notre système issu de Taëf, a déclaré M. Hariri. Nous essayons d’édifier un pays et de bâtir une démocratie qui sont en réalité en contradiction avec les dispositions du document de Taëf. Nous ne pouvons pas dire que la démocratie en vigueur dans notre pays est semblable à celle qui est appliquée dans le reste du monde. Il y a au Liban des particularités. Et c’est à cause de ces particularités que sont commises des erreurs et des exactions à tous les niveaux. J’ai tenté de réformer beaucoup de choses, mais je me suis heurté à ce qu’on appelle les particularités du pays. Ce sont des questions d’ordre organisationnelles qui, lorsque nous les évoquons, provoquent des susceptibilités confessionnelles». Le chef du gouvernement a d’autre part estimé que l’adoption du projet de mariage civil facultatif prôné par le président Elias Hraoui ne constitue pas une priorité. «Cette question, a-t-il dit, aurait pu être traitée d’une manière beaucoup plus efficace. Je pense d’ailleurs que ce n’est pas le moment d’en parler et le timing, dans de tels cas, est très important». M. Hariri a mis l’accent sur la nécessité pour les hommes politiques de procéder à une autocritique. «Chacun de nous doit (...) exposer aux Libanais les erreurs et les réussites, a-t-il dit. C’est un devoir. Et après la fin des concertations, qui est pour bientôt, j’aurai une initiative dans ce sens. Je peux dire pour l’instant que nous traversons une période transitoire entre la fin de la guerre et l’édification d’un Etat moderne. Il y a encore beaucoup de problèmes en suspens. J’ai fait tout mon possible ces dernières années, mais j’ai dû faire face à de multiples difficultés. Notre régime est issu du Parlement et les députés n’ont pas été élus sur des listes de partis politiques. Comment dans ce cas peut-il y avoir une stabilité politique dans le pays? La stabilité est le résultat d’élections au cours desquelles les candidats sont affiliés à des partis politiques. La formation qui rassemble le plus grand nombre de voix est déclarée gagnante et est chargée de former le gouvernement. Ou, si elle n’a pas une majorité confortable, elle peut décider de former une coalition avec d’autres forces. C’est cela le principe fondamental du parti politique et tel n’est pas le cas dans notre pays. Le Liban est le seul Etat du monde où les élections ont lieu sur la base des photos des candidats et non pas de leurs programmes. Pour que la vie politique reprenne son souffle, il faut commencer par appliquer les principes de base, à savoir, la formation de partis». «J’ai l’impression que le pouvoir s’est éloigné de la population, a encore dit M. Hariri. Il y a un fossé entre les gouvernants et les gens et cela est très dangereux. Nous devons nous rapprocher d’eux, sentir leurs problèmes et savoir où nous en sommes. Nous devons d’un autre côté écouter, discuter et expliquer ce que nous avons fait ces cinq dernières années. Le but (des concertations) n’est pas médiatique. Depuis le début de cette année, j’ai adopté une nouvelle approche et je compte poursuivre sur le même chemin». M. Hariri a déclaré que le taux de change de la livre est influencé par les tiraillements politiques qui ont lieu de temps à autre. «Notre politique est de préserver la stabilité de la livre parce que cela a de nombreuses répercussions positives alors qu’une éventuelle baisse de la valeur de la monnaie nationale risque d’avoir un impact négatif sur les personnes à revenus limités», a-t-il précisé. Sur un autre plan, M. Hariri a assuré que les élections municipales auront lieu à la date prévue. Recevant hier une délégation du Comité de soutien et de développement de l’action municipale, le chef du gouvernement a appelé les différentes forces politiques à participer aux élections locales, les premières au Liban depuis 1964.
Le président du Conseil, M. Rafic Hariri, a imputé «aux particularités libanaises» l’échec des réformes qu’il a tentées d’entreprendre dans les domaines politique et administratif depuis la formation de son premier gouvernement en 1992. Le premier ministre a exprimé de sérieuses réserves au sujet du projet du mariage civil avancé par le chef de l’Etat, M. Elias...