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Actualités - ANALYSE

Un sommet qui a tout l'air d'un coup d'épée dans l'eau...

Le récent sommet élargi de Damas n’a donné lieu (mise à part la rituelle, la routinière, la précaire «réconciliation» entre dirigeants libanais) à aucune décision d’ordre pratique en ce qui concerne les problèmes intérieurs, et Dieu sait s’il y en a… Cette stérilité est due en partie aux divergences persistantes de vues, malgré les accolades, entre ces mêmes responsables notamment sur les questions financières. Et en partie au fait que la Syrie, dossier régional oblige, a bien d’autres chats à fouetter, sans compter qu’elle n’est pas pressée de trancher sur des points comme les présidentielles ou ce qui s’y rapporte. Comme pour confirmer leurs divisions, les trois présidents libanais ont demandé à être d’abord reçus séparément par le président Hafez el-Assad. Plus exactement, ce sont MM. Elias Hraoui et Nabih Berry qui ont présenté une telle requête, après quoi le chef de l’Etat ne pouvait faire autrement qu’accorder également un entretien en tête à tête à M. Rafic Hariri. A travers ces apartés, M. Assad a pu se rendre compte que ses interlocuteurs successifs ont des divergences marquées sur la quasi-totalité des sujets politiques, économiques, financiers ou sociaux et ne sont d’accord que sur la 425. Quand l’un réclame le double amendement de l’article 49 de la Constitution, l’autre le rejette et le troisième demande qu’on retouche l’article 76 pour organiser des présidentielles anticipées… Quand ce dernier estime qu’il faut décréter de nouvelles taxes ou impôts pour financer les projets de développement, le retour des réfugiés ou l’augmentation salariale des fonctionnaires, les deux autres refusent net, etc. L’heure n’étant pas encore à un arbitrage définitif, le sommet a donc laissé en suspens tous ces différends. Le président Assad s’est donc contenté d’une exhortation à la compréhension mutuelle, à l’entente, à l’harmonie entre autorités libanaises, insistant sur la nécessité d’une telle coopération-coordination resserrée pour traiter valablement les difficultés socio-économiques que traverse ce pays. Durant les entretiens séparés, le chef de l’Etat syrien, réputé pour son don d’écoute, a donné l’impression à chacun des trois présidents qu’il avait compris son point de vue, au sens empathique du terme et qu’il se tenait à ses côtés… En réalité l’attention du chef de l’Etat syrien est pour le moment presqu’entièrement braquée sur le dossier régional, sur la toute prochaine tournée au Proche-Orient du secrétaire général des Nations Unies, M. Kofi Annan, sur les chances (minimes a priori) de débloquer le processus de paix. Le point essentiel c’est qu’à Beyrouth comme à Damas le visiteur entendra un même son de cloche tant par rapport à la 425 qu’en ce qui concerne le nécessaire retour aux principes de Madrid. En fait, on accorde plus d’importance à la démarche de M. Annan qu’à l’initiative européenne marquée par la tournée de M. Robin Cook car il est clair que cette tentative de médiation est rejetée par Netanyahu en raison du fait qu’elle s’oppose à ses projets de colonisation. Il faudra cependant savoir si M. Annan, dont le prestige a été rehaussé par son succès dans l’affaire irakienne, sera porteur d’idées ou s’il se contentera d’une mission exploratoire quitte à désigner un représentant permanent qui jouerait après son départ les go between entre les Israéliens et les Arabes. Pour ce qui est des présidentielles, qui sont déjà en toile de fond de la vie politique locale pour anémique qu’elle soit, les Syriens considèrent qu’on a bien le temps d’en parler. Ils conseillent qu’en attendant on trouve quelques palliatifs pour rendre la crise socio-économique supportable. Pour tout dire, les choix de ce grand électeur qu’est la Syrie se feront en fonction de l’évolution régionale. Si le statu quo devait être maintenu, il y aurait une nouvelle prorogation du mandat de M. Hraoui. Et en tout cas ce serait une autre sorte de président qu’on désignerait s’il devait y avoir reprise sérieuse du processus. Ou encore s’il devait y avoir retrait israélien du Sud…
Le récent sommet élargi de Damas n’a donné lieu (mise à part la rituelle, la routinière, la précaire «réconciliation» entre dirigeants libanais) à aucune décision d’ordre pratique en ce qui concerne les problèmes intérieurs, et Dieu sait s’il y en a… Cette stérilité est due en partie aux divergences persistantes de vues, malgré les accolades, entre ces mêmes...