Deux émissaires de Netanyahu à Washington Israël veut empêcher une relance par les USA du processus de paix

Empêcher les Etats-Unis de lancer un programme de sauvetage du processus de paix: tel est à l’heure actuelle l’objectif numéro un d’Israël, dont le premier ministre vient de rejeter avec éclat les propositions de l’Union européenne. Benjamin Netanyahu, à en croire la radio publique de son pays, a chargé d’une mission en ce sens à Washington deux membres de son équipe, le ministre du Commerce et de l’Industrie Nathan Chtcharansky et son conseiller diplomatique Uzi Arad. Dans la capitale fédérale, M. Arad a rencontré le secrétaire d’Etat adjoint Martin Indyk qui a tenté de le rassurer en soulignant qu’il n’y aura «aucune surprise» sur une éventuelle initiative de son pays pour un déblocage du processus de paix, ainsi que l’a indiqué à la presse un responsable américain. «Quoi que nous fassions, ils seront tenus informés et les deux parties sauront exactement ce que nous avons à l’esprit avant que quelque chose ne soit mis sur la place publique», a ajouté ce responsable. En Israël même, le secrétaire du gouvernement Danny Naveh a refusé de préciser la mission confiée à MM. Chtcharansky et Arad. «Les Etats-Unis peuvent aider le processus de paix, mais il est toutefois préférable que les décisions soient prises dans le cadre des négociations directes entre Israël et les Palestiniens», a déclaré à la radio M. Naveh qui mène les discussions avec les Palestiniens. «Pour le moment, les Américains n’ont présenté que des idées. Nous ne savons pas si celles-ci se transformeront en initiative ou en plan américain», a expliqué de son côté David Bar-Illan, porte-parole du premier ministre. «Notre position dépendra de la manière dont cela sera présenté», a-t-il prudemment ajouté. Pour le quotidien «Haaretz», la visite des deux émissaires est «une démarche de la dernière chance pour convaincre l’administration (du président Bill) Clinton de s’abstenir de rendre publique une nouvelle initiative diplomatique au Moyen-Orient». Un message M. Netanyahu a déjà spectaculairement rejeté les propositions de l’Union européenne. Il a été jusqu’à annuler mardi un dîner avec le chef de la diplomatie britannique Robin Cook, sous prétexte qu’il avait rencontré un responsable palestinien près du site d’une colonie juive à Jérusalem-Est occupée. Dans l’espoir de contribuer à débloquer le processus de paix, l’Union européenne, présidée ce semestre par les Britanniques, a proposé le gel de la colonisation et un retrait militaire israélien «significatif et crédible»en Cisjordanie. «Après la visite de M. Cook, nous pensons que l’Europe a encore moins un rôle d’intermédiaire à jouer dans les négociations entre Israéliens et Palestiniens», a souligné M. Bar-Illan. «Les Européens adoptent systématiquement les positions palestiniennes et les Américains jouent déjà ce rôle d’intermédiaire», a ajouté le porte-parole. Les propositions des Etats-Unis, qui prônent une «pause» de la colonisation et un retrait militaire israélien «significatif et crédible», sont cependant très similaires à celles des Européens. En ce sens, la vigueur avec laquelle M. Netanyahu a rejeté le plan européen peut aussi être comprise comme un message aux Etats-Unis, pour leur faire comprendre que toute pression publique serait contre-productive. Mercredi toutefois, le premier ministre israélien semblait être revenu à de meilleurs sentiments — plus européens en tout cas... «Israël et l’Europe ont un intérêt à renforcer le processus de paix», a-t-il déclaré à l’issue d’un entretien avec le président chypriote Glafcos Cleridès qui effectue une visite privée dans l’Etat hébreu. «Nous sommes toujours disposés à accepter des efforts européens honnêtes pour faire avancer la paix», a dit M. Netanyahu, cité par ses services.