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Actualités - INTERVIEWS

Sélim Hoss, ancien chef du gouvernement Débarrasser la vie politique de ses nombreux vices (photo)

Une administration gangrenée par la corruption, le clientélisme, l’incurie et l’anarchie. Des fortunes qui se bâtissent sur des magouilles ou des trafics d’influence. Le premier slogan du nouveau régime, le plus populaire sans doute, c’est «halte à la pourriture ambiante». Et pour prêcher d’exemple, pour donner corps à l’éthique qu’il prône, le général président va faire une déclaration de patrimoine dès son entrée en fonctions. Une façon du reste de promouvoir le nouveau code Tabbarah sur l’enrichissement illicite qui doit voir prochainement le jour et qui impose une parfaite transparence côté revenus à tout personnage de l’État. Bien entendu, le but global est de détruire progressivement tous les nids à rats qui infestent la République, services publics et loges politiques confondus. Car on ne peut assainir les uns sans passer les autres au détergent, ces vases étant hautement communicants. De plus, comme nul ne l’ignore, aucun redressement socio-économique n’est possible sans un tel nettoyage. Comme quoi, morale et intérêt général peuvent facilement faire bon ménage, quand on fait le ménage… Les différents cercles politiques prennent donc en compte la volonté du nouveau régime de faire de l’épuration administrative une priorité absolue. Certains sont évidemment réticents. Mais d’autres se lancent dans la surenchère. Ainsi un député se demande «s’il va être possible de corriger la trajectoire sans ouvrir les dossiers. Le président Lahoud laisse entendre qu’il ne réclamera pas de comptes pour le passé, mais que, désormais, aucun dérapage ne sera permis. Or les indélicatesses commises auparavant ont très souvent des effets durables, voire permanents qu’on ne peut gommer sans revenir en arrière pour identifier les coupables en même temps que la faute. On peut donner à ce propos l’exemple foisonnant de divers contrats douteux conclus pour de multiples années au nom de l’État libanais qui s’en trouve grugé. Pour les dénoncer, il peut être nécessaire de sanctionner les fautifs. En outre l’ouverture des dossiers permettrait d’entrée de jeu de faire des exemples, à titre dissuasif». Des rapports détaillés Pour sa part, une personnalité informée pense que «l’épée de Damoclès est maintenant suspendue au-dessus de la tête des pourris. Car le prochain pouvoir dispose de rapports détaillés, émaillés de noms et de chiffres, que lui ont remis des investigateurs et qui décortiquent d’innombrables magouilles ou abus dans de multiples services officiels. Le cas échéant, des enquêtes judiciaires peuvent être ordonnées. Et beaucoup, pour se protéger ou se racheter, vont probablement tenter de réparer leur faute, si c’est possible voire de rembourser discrètement le Trésor. À l’instar de cet homme d’affaires, qui avait fraudé le fisc dans les années soixante et qui, sur le point d’être démasqué, s’était hâté de faire un très gros don aux œuvres de la Loterie nationale…». Mais la campagne anti-corruption risque de se heurter à une résistance passive soutenue par une incurable force d’inertie. Ainsi, dans les salons, on entend beaucoup répéter que «l’attitude la plus raisonnable, la plus réaliste, la plus efficiente, est de laisser les dossiers de côté, pour n’en rendre que plus dirimantes, plus impératives, plus sévères, les nouvelles règles de jeu. L’effet rétroactif peut en effet devenir un contre-effet improductif. Il ne faut pas acculer les fauves dans leur tanière, les requins dans leurs recoins, les pousser à d’imprévisibles réactions en chaîne, mais les apprivoiser, les domestiquer. Car on ne doit pas oublier qu’ils sont si nombreux qu’on ne peut tout simplement pas les chasser tous». Ces arguments zoologiques résisteraient sans doute difficilement à un contre-examen. Mais ils prouvent par eux-mêmes qu’il y a en l’air de l’inquiétude et des velléités de mobilisation regroupée en cas d’ouverture des dossiers. Même parmi les purs et durs, il en est qui sont convaincus qu’il serait contre-indiqué de ne pas tourner la page. Et qu’on peut, par exemple et pour l’exemple, se contenter de donner de l’allant à des enquêtes déjà en cours, comme sur le scandale dit des timbres fiscaux (des pertes évaluées à quelque 43 milliards de LL !) aux Finances ou encore sur le scandale aux douanes, les dérives des carburants ou les problèmes de porte-monnaie de la MEA.
Une administration gangrenée par la corruption, le clientélisme, l’incurie et l’anarchie. Des fortunes qui se bâtissent sur des magouilles ou des trafics d’influence. Le premier slogan du nouveau régime, le plus populaire sans doute, c’est «halte à la pourriture ambiante». Et pour prêcher d’exemple, pour donner corps à l’éthique qu’il prône, le général...