Vie politique - Démarches pour créer un front chrétien élargi La dette publique et le déficit budgétaire au centre de la prochaine réunion Lahoud-Hariri

Il se confirme un peu plus chaque jour que le mandat du président Émile Lahoud sera marqué, d’entrée de jeu, par son orientation sociale. La présence hier du président de la CGTL au domicile du chef du gouvernement Rafic Hariri est, à ce titre, significative. Les dernières réserves du mouvement syndical à une application partielle de la nouvelle échelle des salaires, sans effet rétroactif, semblent désormais être levées, en prévision du vote, la semaine prochaine, au Parlement. Le vent d’optimisme soulevé par l’élection du général Lahoud n’est pas étranger à ce développement. La nouvelle échelle des salaires coûtera à l’État quelque 370 milliards de LL, prévoit-on, soit environ 246 millions de dollars. Les ressources pour la couvrir proviendront essentiellement des revenus assurés par la perception d’une surtaxe douanière générale de 2% décidée par le gouvernement le 24 avril dernier. Une nouvelle réunion Lahoud-Hariri est prévue après-demain, lundi, a-t-on affirmé hier de sources concordantes, qui en veulent pour preuve l’annulation, par M. Hariri, de ses rencontres de lundi matin avec les députés. Malheureusement, il n’a pas été possible d’obtenir officiellement confirmation de ce rendez-vous. Le président du Conseil, poursuit-on de mêmes sources, se ferait accompagner cette fois de M. Fouad Siniora et du gouverneur de la Banque du Liban Riad Salamé. Et d’ajouter qu’après la première réunion entre le président élu et le chef du gouvernement, lundi dernier, une seconde réunion Lahoud-Hariri s’est tenue cette semaine, loin des feux de l’actualité. De toute évidence, des dossiers, comme celui de la dette publique et du déficit budgétaire, ou des recettes fiscales et de la perception, sont en train d’être attentivement étudiés par le nouveau chef de l’État. Cela dit, plusieurs blocs parlementaires et forces politiques commencent à se mettre en avant, en prévision de la formation du futur Cabinet. C’est à de telles manœuvres qu’il faut apparenter certaines tentatives de regroupements qui se font en ce moment dans les rangs des ligues chrétiennes, où l’on cherche à créer un front élargi chrétien, qui serait présidé par une sorte de «patriarche civil». Nés de la nostalgie d’un leadership chrétien fort, aujourd’hui inexistant, ces efforts sont toutefois mal vus par les personnalités pressenties, parfois à leur insu, pour incarner le renouveau. Dans des milieux bien disposés à l’égard du président élu, on souligne la vanité de toute tentative pour lui en imposer, sur le plan chrétien, et l’on plaide au contraire pour que le général Lahoud jouisse de la part des personnalités, forces et partis représentatifs des chrétiens, comme tout nouveau président, d’une période de grâce sur laquelle on pourra le juger.