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Actualités - ANALYSE

Présidentielles : un rafistolage constitutionnel élargi, à toute fin utile

Pour faire bonne mesure, outre le double amendement de l’article 49, on envisage de tripatouiller l’article 73 de la Constitution pour modifier les délais légaux et permettre une élection présidentielle anticipée. Les défenseurs de cette suggestion font valoir qu’à partir du moment où l’on retoucherait le 49 les dés seraient lancés et il vaudrait mieux alors abréger une campagne électorale qui mettrait fatalement le pays sous forte tension politique, ce qui nuirait à une situation socio-économique déjà peu reluisante. Et de rappeler que c’est ce qui s’était passé en 1995 où, en attendant le verdict qui allait obliger la Chambre à proroger le mandat de M. Hraoui, les tiraillements avaient provoqué une hausse du dollar qui avait contraint la Banque centrale à se défausser d’1,5 milliard de $ pour protéger la livre. A l’époque le président Rafic Hariri, soucieux de défendre la monnaie nationale, avait milité pour une décision rapide soit par la prorogation (qu’il favorisait personnellement, en ces temps oubliés…) soit par l’élection rapprochée d’un nouveau président. Aujourd’hui le chef du gouvernement prône… une réduction du deuxième mandat de M. Hraoui et plaide pour une élection anticipée, toujours afin d’éviter des secousses préjudiciables à son enfant chéri, à savoir cette stabilité de la livre qu’il présente comme l’un des principaux acquis de sa gestion. Ses proches font valoir que l’évolution financière n’ayant pas été positive — ah le doux euphémisme —, il est encore plus dangereux aujourd’hui qu’en 95 de laisser traîner les choses. Notons que M. Hariri se prononce pour un amendement de l’article 73 concernant les délais, mais ne soutient pas du tout le double amendement de l’article 49 car il est à la fois contre une nouvelle prorogation et contre l’avènement d’un fonctionnaire de première catégorie en exercice, entendre notamment le général Emile Lahoud. Il accepterait cependant une telle retouche si elle devait faire nécessairement pendant au raccourcissement des délais. Mais les décideurs qui comme leur nom l’indique décident, ont «recommandé» que l’on gèle tout jusqu’après le passage successif dans la région de M. Kofi Annan, secrétaire général des Nations Unies et du secrétaire au Foreign Office britannique M. Robin Cook, le dossier diplomatique ayant la priorité sur tout le reste pour le moment. C’est ensuite seulement, ajoutent les décideurs, que l’on pourra entamer des concertations entre différentes parties concernées au sujet des options relatives aux présidentielles libanaises. Des consultations qui devront amener tout le ban et l’arrière-ban des politiciens locaux, candidats potentiels en tête, à défiler en masse à Damas, le mois prochain. Selon une source informée «si la Syrie parvient à la faveur de ce cycle de consultations avec les parties locales qui s’étendrait sans doute aux autres grands électeurs étrangers, à réunir un consensus sur un nom déterminé elle pourrait approuver un scrutin anticipé, avec ou sans double amendement de l’article 49 selon l’identité de l’heureux élu. Mais s’il n’y a pas un tel accord généralisé, la Syrie pourrait bien laisser la procédure prendre son cours normalement, sans aucun amendement» estime cette personnalité. Toujours est-il que localement le nombre de partisans d’une élection anticipée semble grossir chaque jour à cause des avantages que cette formule peut offrir et qui se résument comme suit: — Sous prétexte qu’on ne peut mener de front deux échéances,on passerait à la trappe des municipales qui pour beaucoup représentent un risque de perte d’influence.Et pour d’autres constituent un danger de tensions internes dont le pays, plongé dans de considérables difficultés économiques, n’a que faire pour le moment. — On larguerait du même coup plus vite un gouvernement devenu un poids mort à cause de ses divisions et de son manque de cohésion qui atteint désormais un plafond redoutable puisque les divergences portent même sur la question vitale du Sud-Liban. — On tirerait un trait sur beaucoup de promesses gênantes qui ont été faites et que le pouvoir ne peut tenir, notamment en ce qui concerne le développement des régions déshéritées et le remboursement des arriérés dus par l’Etat aux hôpitaux privés. — Enfin, répétons-le, on abrégerait une campagne électorale qui pourrait avoir de préjudiciables conséquences sur la situation économique du pays. E.K.
Pour faire bonne mesure, outre le double amendement de l’article 49, on envisage de tripatouiller l’article 73 de la Constitution pour modifier les délais légaux et permettre une élection présidentielle anticipée. Les défenseurs de cette suggestion font valoir qu’à partir du moment où l’on retoucherait le 49 les dés seraient lancés et il vaudrait mieux alors abréger...