Visite sous haute tension aujourd'hui de Robin Cook en Israël

Israël s’apprête à recevoir fraîchement aujourd’hui le secrétaire au Foreign Office, Robin Cook, qui a suscité le vif mécontentement du gouvernement en voulant se rendre sur le site d’une colonie juive à Jérusalem. M. David Bar-Illan, porte-parole du premier ministre Benjamin Netanyahu, a déclaré en soirée que les derniers détails de la visite de M. Cook avaient pu en dernière minute être finalisés grâce à un accord selon lequel M. Cook visiterait Har Homa en compagnie d’une délégation israélienne et non pas du dirigeant palestinien Fayçal Husseini comme prévu au départ. Cependant la tension demeure vive entre les deux parties d’autant plus que M. Cook avait affirmé hier matin au Caire que «l’expansion des colonies était nocive au processus de paix». A ce propos, M. Netanyahu, a réagi en déclarant que «ce n’est pas une bonne chose que les Européens et la Grande-Bretagne interviennent sur la question de Jérusalem». «En voulant se rendre à Har Homa sans aller à Yad Vashem», le mémorial de l’Holocauste à Jérusalem, et «en rencontrant des responsables de «La Paix Maintenant», M. Cook se livre à une opération politique qui ne peut que susciter notre irritation», a déclaré, pour sa part, M. Bar-Illan. M. Cook rencontrera le président de l’Autorité palestinienne Yasser Arafat dans la bande de Gaza, avant de se rendre à Har Homa, une colonie dont la mise en chantier, il y a tout juste un an dans la partie arabe de Jérusalem, a provoqué le gel du processus de paix israélo-palestinien. Le secrétaire au Foreign Office aura ce soir des entretiens avec M. Netanyahu et le président de l’Etat, Ezer Weizman, ainsi qu’avec des responsables de «La Paix Maintenant», un mouvement anticolonisation israélien. M. Netanyahu avait déclaré dimanche que la visite de M. Cook «accompagné par Fayçal Husseini n’était pas acceptable par le gouvernement». La presse israélienne en avait conclu qu’il pourrait refuser de rencontrer M. Cook s’il se rendait à Har Homa. Mais le Foreign Office a ensuite affirmé que M. Netanyahu avait «même eu la gentillesse d’inviter à dîner» le chef de la diplomatie britannique. La mise en chantier de 6.500 logements réservés aux Israéliens à Har Homa avait provoqué des critiques de la communauté internationale, qui n’a jamais reconnu l’annexion de Jérusalem-Est par Israël en 1967. «Quelle aurait été la réaction en Grande-Bretagne si la première personne que le chef du gouvernement israélien avait rencontré lors d’un séjour à Londres avait été Gerry Adams?», le chef du Shin Fein, la branche politique de l’IRA irlandaise, a ajouté M. Bar-Illan. Pour M. Bar-Illan «l’UE peut difficilement jouer un rôle plus actif dans le processus de paix en adoptant presque systématiquement les positions des Palestiniens». Moins diplomatique, un responsable du ministère des Affaires étrangères cité par la radio publique israélienne a estimé que «les Britanniques, avant de faire la morale à Israël, feraient mieux de balayer devant leur porte en Irlande». Ce responsable a dit craindre que l’initiative de M. Cook crée un précédent qui ferait de Har Homa «une étape obligée des ministres des Affaires étrangères lors de leur visite en Israël». Le Foreign Office a indiqué dimanche que M. Cook rencontrerait M. Husseini probablement «après sa visite» à Har Homa. Le Conseil législatif palestinien a pour sa part indiqué hier que le député palestinien de Bethléem, M. Salah Tamari, accompagnerait M. Cook à Har Homa. «L’Autorité palestinienne applaudit la condamnation courageuse par la Grande-Bretagne de la politique immorale israélienne de colonisation», a précisé le Conseil dans un communiqué. Début mars, le premier ministre britannique Tony Blair avait pressé M. Netanyahu de procéder au retrait militaire israélien prévu en Cisjordanie, qui a déjà pris plusieurs mois de retard. A ce propos, Israël, qui considère que le projet de Cook à «des allures d’inspection» imposée à un pays ami, se méfie de longue date de ce qu’il considère comme la position partiale des Quinze dans le conflit palestino-israélien et juge que cela leur dénie le droit de se présenter en médiateurs honnêtes.(AFP-Reuters)