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Actualités - OPINION

Why Plantation

Qui donc a besoin d’un accord à Wye Plantation ? Tout le monde, bien évidemment, c’est-à-dire Bill Clinton autant que les deux protagonistes d’une joute qui avait fini par s’enliser dans les sables mouvants des maquignonnages et des pourcentages. Logiquement – mais il est vrai parfois que la raison n’a rien, ou si peu, à voir avec la politique –, Yasser Arafat et Benjamin Netanyahu ne peuvent que trouver leur compte dans une issue au processus engagé il y a cinq ans à Oslo et qui, depuis dix-neuf mois, se trouve au point mort. Pour des considérations géopolitiques d’abord, sécuritaires et économiques ensuite, la paix fait de plus en plus figure d’impératif dans une région hautement explosive, où le plus petit faux pas, le moindre atermoiement risqueraient de provoquer un embrasement dont les flammes ne viendraient pas lécher les seuls puits de pétrole mais s’étendraient jusqu’au cœur d’une Asie méridionale devenue dangereusement instable depuis l’entrée en hibernation définitive de l’ours soviétique. Un moment ligoté par les retombées de ses histoires d’alcôve, le président américain en était venu à n’accorder aux grands dossiers internationaux, Balkans, Afrique, Proche-Orient, qu’une attention de pure forme. Avec la clôture de l’enquête Starr et le déclenchement par la Chambre des représentants d’une procédure laborieuse et particulièrement complexe, il lui devenait loisible de relancer une initiative dont le succès devrait lui permettre de se remettre en selle. La rencontre sur les bords de la baie de Chesapeake avait été précédée d’un forcing opéré sur place, à Gaza et à Jérusalem, par le secrétaire d’État Madeleine Albright, flanquée de l’inusable Dennis Ross. Et le président aura passé sur place non moins de trente heures, mobilisant à ses côtés la presque totalité de son équipe de travail. Pour le chef palestinien vieillissant et malade, au leadership sans cesse remis en cause par les irréductibles du Hamas, la pratique de l’autorité ressemble de plus en plus à un exercice funambulesque qui peut se révéler à chaque instant périlleux. Autant sinon plus que les points aujourd’hui en discussion, dont l’énumération mènerait à d’inextricables dédales. Mais aussi, quel couronnement rêvé d’un combat étalé sur quatre décennies à la tête d’un peuple en continuelle errance, dont beaucoup ont voulu nourrir le désespoir pour en faire une dague plantée au flanc du monde arabe. Pour Abou Ammar, il s’agit moins d’arracher à l’occupant un lopin de terre supplémentaire que d’amorcer un début de mouvement après l’immobilisme dans lequel se trouve engluée la négociation depuis le retour au pouvoir du Likoud. Il n’est pas évident non plus, quoi que l’on dise, que le gel des pourparlers ait fait l’affaire des dirigeants israéliens. Les sondages d’opinion sont favorables à de nouveaux redéploiements militaires sur la rive occidentale du Jourdain, un élément que ne saurait négliger un Premier ministre désormais élu au suffrage populaire. Lâcher du lest sur ce point précis contribuerait en outre à désarmer dans une large mesure l’hostilité grandissante des juifs d’Amérique et aiderait à relancer une économie qui donne depuis quelque temps des signes certains d’essoufflement. La participation d’Ariel Sharon au dialogue en cours a été perçue par certains comme un gage pris par «Bibi» contre tout éventuel débordement sur sa droite, par d’autres comme un frein à tout signe de mollesse face à l’adversaire. Les deux hommes, est-il apparu au fil des cinq jours passés, ont procédé à une habile distribution des rôles, le plus intransigeant ou le plus souple suivant l’occasion n’étant pas celui qu’on pense. Dans la pièce qui se joue au cœur d’un décor bucolique qui n’est pas sans rappeler Camp David, il manquait une certaine densité émotionnelle. Le roi Hussein s’est chargé de l’apporter hier en laissant entendre qu’il pourrait être présent à Wye Plantation, malgré la terrible maladie qui le mine. Spectateur, à défaut d’être acteur, dans ce théâtre qu’il n’aura jamais cessé de marquer de son empreinte inimitable et aujourd’hui combien poignante.
Qui donc a besoin d’un accord à Wye Plantation ? Tout le monde, bien évidemment, c’est-à-dire Bill Clinton autant que les deux protagonistes d’une joute qui avait fini par s’enliser dans les sables mouvants des maquignonnages et des pourcentages. Logiquement – mais il est vrai parfois que la raison n’a rien, ou si peu, à voir avec la politique –, Yasser Arafat et...