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Actualités - INTERVIEWS

Interview - Le député du Metn votera en faveur du général Nassib Lahoud : mon opposition ne sera pas systématique . Mon loyalisme non plus (photo)

Il s’appelle aussi Lahoud et il était candidat non déclaré à la présidence de la République. Selon certaines sources, il était même l’un des grands favoris, au moins dans les sondages populaires. Mais c’est finalement le général Émile Lahoud, autre grand favori, qui sera porté ce matin à la magistrature suprême par l’écrasante majorité des députés, dont fait partie son cousin, Nassib. Fidèle à ses principes, ce dernier a voté, mardi, contre le projet d’amendement de l’article 49 de la Constitution, tout en ayant décidé de donner sa voix au général, «en lui souhaitant bonne chance dans la réalisation du changement» attendu par la plupart des Libanais. Mais y aura-t-il place dans le régime qui s’annonce pour deux «Lahoud»? Celui qui, au cours des neuf dernières années, a été l’une des grandes figures de l’opposition dite modérée se contente de sourire: «Je reste en tout cas au Parlement jusqu’en l’an 2000. Si mon électorat me renouvelle sa confiance, j’y resterai plus longtemps encore». Cet ancien diplomate ne voit aucune contradiction dans sa position. «Au contraire, j’estime que les deux votes sont complémentaires. Ma position au sujet de l’amendement de l’article 49 est dénuée de tout sentiment personnel. Elle s’inscrit dans la logique de ma position lors de l’amendement du même article en 1995. À l’époque, j’avais refusé de voter en faveur d’un amendement taillé sur mesure et j’agis de même aujourd’hui. Personnellement, je suis convaincu que la Constitution ne doit pas être amendée pour le bénéfice d’une personne ou sous la pression d’échéances électorales. En tout cas, les amendements ne doivent pas revêtir l’aspect d’une législation d’exception». Lahoud rappelle à cet effet son opposition à la loi électorale élaborée en faveur de certains politiciens. «Je n’aime pas les législations d’exception», répète-t-il. Mais il ajoute qu’à partir du moment où l’amendement a été adopté, il devient partie intégrante de la Constitution «Cela me permet, précise le député, de voter pour le général Lahoud qui représente un espoir de changement absolument nécessaire aujourd’hui. Je lui souhaite d’ailleurs beaucoup de succès dans la réalisation de ce changement. Je suis tout à fait convaincu de ma position, mais je respecte celle de mes collègues qui ont voté en faveur de l’amendement». En d’autres termes, Nassib Lahoud est contre l’amendement, mais ne conteste pas la légitimité de l’élection. Les rivalités familiales Les rivalités familiales interviennent-elles dans sa position? «Notre famille a connu des rivalités depuis des dizaines d’années. Mais elles n’ont en aucun cas influencé ma position au sujet de l’amendement ou de l’élection. Rien dans mon passé politique n’indique que mes positions politiques sont dictées par des considérations personnelles. Faut-il rappeler que je suis un membre de l’Assemblée qui a dissocié ses intérêts politiques et personnels?» (Depuis qu’il est devenu député, Nassib Lahoud a interdit à sa société de conclure des contrats au Liban). Mais y a-t-il une place pour deux Lahoud, au sein du nouveau régime? «Il y en a en tout cas une pour le général Émile Lahoud, qui, à partir du 24 novembre, assumera les responsabilités de la magistrature suprême. Quant à moi, j’ai une place au Parlement jusqu’à l’an 2000, sur base d’un mandat populaire. Si mon électorat décide de me renouveler sa confiance, j’y resterai plus longtemps encore. Sinon, je continuerai à œuvrer en dehors du Parlement. Depuis plusieurs années, je prône un projet de réforme politique et je continuerai à le défendre. J’espère d’ailleurs que les réformes qui seront adoptées sous ce mandat ressembleront à celles que je préconise». Continuera-t-il à faire de l’opposition modérée? «Il faut donner une chance au nouveau régime, mais je continuerai à assumer mes responsabilités de député. Mon opposition ne sera pas systématique, mon loyalisme non plus». Selon lui, le changement est-il réellement possible? «Je l’espère de tout cœur. Le changement n’est pas un luxe aujourd’hui, c’est une nécessité impérative. Il faut absolument adopter des réformes qui permettent plus de démocratie dans notre système politique, un réajustement de notre politique économique et sociale et une restructuration administrative profonde au lieu d’une simple épuration. Il est grand temps de remettre le Liban sur les rails de l’avenir, de façon à ce qu’il puisse affronter les défis régionaux». Le président de la République dispose-t-il toutefois des prérogatives nécessaires pour réaliser le changement espéré? «Certes, les prérogatives du pouvoir exécutif ont été dévolues au Cconseil des ministres, mais le président de la République est tout à fait capable et a les prérogatives nécessaires pour créer un climat propice au changement. Il a aussi les prérogatives nécessaires pour régler le fonctionnement des institutions étatiques de manière à promouvoir le changement». Lahoud affirme encore que nul ne l’a approché au sujet d’une éventuelle participation au prochain gouvernement. «Si celui-ci reflète, dans sa composition, la volonté de changement et si on me proposait d’en faire partie, j’envisagerai cette possibilité».
Il s’appelle aussi Lahoud et il était candidat non déclaré à la présidence de la République. Selon certaines sources, il était même l’un des grands favoris, au moins dans les sondages populaires. Mais c’est finalement le général Émile Lahoud, autre grand favori, qui sera porté ce matin à la magistrature suprême par l’écrasante majorité des députés, dont fait...