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Actualités - ANALYSE

Une médiation interviendrait entre l'est politique et Damas Exilés : le retour se profile à l'horizon

En général, un général est heureux quand un militaire accède au pouvoir. Sauf peut-être si cela lui rappelle que lui-même n’y est pas parvenu et s’est retrouvé tout au contraire en exil. Changera-t-il de langage quand le pouvoir l’invitera à rentrer? Pour le moment, seul de tous les augustes exilés comme des marginalisés résidents, Michel Aoun campe sur d’intransigeantes positions d’opposition. Il critique sévèrement la procédure suivie pour la présidentielle, parle de parachutage syrien, de bris de la volonté libanaise et affirme même que la déferlante populaire en faveur de l’autre général n’est que le reflet d’une opération de manipulation orchestrée par les tuteurs… Une entente sous l’égide de Bkerké Aucun des autres expatriés permanents (comme Amine Gemayel et Raymond Eddé) ou périodiques (comme Dory Chamoun) n’est tout à fait de cet avis farouchement irrédentiste. L’ancien chef de l’État a approuvé le recours au général Émile Lahoud. Le leader du Bloc national a décidé de retremper sa formation dans la vie politique active, officielle ou non ; et s’il a préconisé la prorogation du mandat de M. Elias Hraoui, cela ne devrait pas l’empêcher d’examiner les possibilités de faire participer le BN au prochain gouvernement, à en croire certains cadres locaux de ce parti. Quant au chef du PNL, devenu président de la municipalité de Deir el-Kamar, il a, comme on sait, présenté sa candidature à la première magistrature puis indiqué qu’il n’est pas a priori contre le nouveau régime… Qui a recueilli par ailleurs la caution de l’assemblée des prélats maronites présidée par le patriarche Sfeir. «Partant de ces données comme de la nécessité d’engager une action sérieuse en vue d’une véritable réconciliation nationale, il ne serait pas du tout étonnant, dit un ministre influent, que le général Lahoud confirme une fois en place l’invitation lancée jadis par la troïka aux exilés de Paris pour qu’ils reviennent au pays. Ce serait tout à fait un appel plus nettement sérieux que le précédent car il s’accompagnerait de mesures et de garanties déterminées. Il y aurait d’abord, on s’en doute, un libre accès à la participation au pouvoir, par le biais d’une représentation de l’opposition de l’Est toutes tendances confondues au prochain Cabinet. Il y aurait ensuite des accords séparés ou une entente globale, probablement sous l’égide de Bkerké, pour la concrétisation de l’entente dans divers domaines, politiques mais aussi socio-économiques. Parallèlement, le pouvoir engagerait une médiation pour un rapprochement effectif entre l’Est politique et Damas». Selon ce ministre, «tout cela s’intégrerait en fait dans un plan bien plus global. Le nouveau régime compte, en effet, lancer une sorte de mobilisation générale à l’adresse de tous les Libanais, résidents ou émigrés, pour qu’en se serrant les coudes, ils entreprennent tous ensemble de dégager le pays de l’ornière. Les objectifs seraient clairement fixés et la tâche de chacun bien définie. On sait où est le mal et l’on sait que, pour en guérir, il faut essentiellement que le Liban fasse front comme un seul homme. Les problèmes sont certes nombreux et compliqués : le territoire occupé, l’état désastreux des finances publiques, les difficultés de l’économie nationale, la corruption généralisée, l’incurie de l’administration… Mais, s’il est vrai qu’aucun d’entre eux ne peut être réglé du jour au lendemain, aucun non plus n’est insoluble. À la double condition expresse que les Libanais s’y mettent résolument et qu’ils cessent de se chamailler pour un oui pour un non. Il leur faut se sauver. Ils ne peuvent le faire qu’ensemble, en aidant le régime à édifier un véritable État des institutions qui mette la loi au-dessus de tout. Et de tous». Un engagement vibrant. Mais si les exilés, peut-être dans l’espoir de pouvoir retourner, ont un peu l’air de mettre de l’eau dans leur vin, par contre les pôles influents locaux ne semblent pas pour le moment renoncer à leurs ambitions particulières et à leurs luttes d’intérêts… Et il faut malheureusement compter avec le poids accablant de la récession budgétaire, financière, économique et sociale. Dans ce domaine vital, le pouvoir libanais rénové pourra-t-il compter sur des aides extérieures que, malgré son entregent, un Hariri n’a pu obtenir ? Aura-t-il, en d’autres termes, les moyens de la politique de rédemption qu’il veut mener ? On peut l’espérer, quoique cela paraisse plutôt difficile…
En général, un général est heureux quand un militaire accède au pouvoir. Sauf peut-être si cela lui rappelle que lui-même n’y est pas parvenu et s’est retrouvé tout au contraire en exil. Changera-t-il de langage quand le pouvoir l’invitera à rentrer? Pour le moment, seul de tous les augustes exilés comme des marginalisés résidents, Michel Aoun campe sur...