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Actualités - ANALYSE

Vie politique - Un Etat à édifier Lahoud va définir sa voie dans son premier discours

Discret de nature autant que par fonction, le futur président, ex-chef de la Grande Muette, va devoir user de la luette, devenir un communicant de premier ordre, en dépassant le cadre de l’ordre du jour à la Troupe pour s’adresser à toute la nation. Et définir dans son premier discours la voie que son régime va suivre. Le président Émile Lahoud – on peut bien lui donner ce titre dès à présent, sans craindre de froisser une Chambre qui n’est là que pour la forme – compte vraisemblablement indiquer clairement ce qu’il pourra faire et ce qu’on ne peut lui demander, car il n’est pas homme à donner promesse en l’air. Le président sortant, M. Elias Hraoui, déclare que n’ayant pas pour sa part pris livraison d’un État, il se trouve en mesure d’en remettre un à son successeur. Il indiquait pourtant voici peu de temps que cet État présente l’inconvénient, plutôt monstrueux sur le plan morphologique, d’avoir trois têtes… Il serait cependant inconvenant de trop pinailler sur ce point et il suffit de relever, avec les évêques maronites, que M. Hraoui a certainement mérité de la patrie pour sa contribution majeure à la cessation de l’état de guerre, à la stabilisation sécuritaire et à la réunification du pays, de ses institutions et de ses services. Avec les prélats, on regrettera cependant que les circonstances politiques, constitutionnelles et économiques n’aient pas aidé le régime à répondre à toutes les aspirations des Libanais… L’assemblée des évêques n’a pas voulu détailler les impedimenta qui ont rendu l’itinéraire un peu confus, pour ne pas provoquer une vaine polémique avec les hraouistes et ferrailler dans le vide. On peut quand même, selon un opposant de l’Est, développer sans esprit d’acrimonie, simplement pour qu’on sache ce qu’il faut corriger, un certain nombre d’observations critiques: – Le système mis en place après Taëf a mis fin aux hostilités, mais n’en a pas traité sainement les causes. Dès lors, beaucoup de Libanais gardent le sentiment que d’une façon ou d’une autre la guerre n’est pas finie. La paix civile reste donc précaire et fragile. L’on a vu à maintes reprises – avec le cas Toufayli, avec l’explosion à Dora, avec les déclarations incendiaires de feu Saïd Chaabane ou avec les attentats du groupe Abou Mahjane – qu’elle se trouve exposée aux entreprises des extrémistes de tout poil. Dans ces conditions on peut craindre que d’éventuelles secousses régionales, détournant l’attention de la Syrie qui veille sur la stabilité interne du Liban, ne provoquent la dislocation du pays. Car faute d’une entente nationale effective son unité ne peut être garantie. – L’État actuel, de l’aveu même des dirigeants, n’est qu’un squelette, un échafaudage, une façade, un décor. Les institutions dysfonctionnent à qui mieux mieux, les services publics, mi-nés par la corruption et l’anarchie, se montrent. contreproductifs L’ordre et la sécurité sont pour le moins relatifs. Les finances publiques sont dans le rouge et l’économie va à vau-l’eau. La stabilité monétaire n’est maintenue que par endettement et interventions constantes de la Banque centrale. La situation sociale est presque dramatique, le tiers de la population vivant dans la pauvreté. Et du moment que l’expédient commode des surimpositions indirectes ne peut plus être utilisé pour cause de saturation, le danger de faillite pointe sérieusement à l’horizon. – Autre grave problème de fond: à cause d’un chantage permanent politico-financier, le pouvoir en place n’a pu réaliser le plan de retour des déplacés à leurs villages. Parallèlement, il n’a pas pu faire revenir les cerveaux et les mains qui sont partis chercher leur pain à l’étranger. Alors même que la main-d’œuvre non-libanaise employée sur les chantiers locaux dépasse le million et éjecte hors du pays au moins trois millions de dollars/jour. – Enfin en neuf années le système de Taëf n’a pas su manœuvrer pour obtenir la restitution du Sud occupé par les Israéliens. Ni par voie de conséquence rétablir la souveraineté nationale sur l’ensemble du territoire et libérer la décision libanaise de toute tutelle pour édifier un État basé sur le règne de la loi, de l’égalité et de la justice sociale. Le nouveau régime aura donc du pain sur la planche. Il n’est pas certain du tout cependant que ses analyses et ses priorités concordent avec le point de vue de l’opposition de l’Est…
Discret de nature autant que par fonction, le futur président, ex-chef de la Grande Muette, va devoir user de la luette, devenir un communicant de premier ordre, en dépassant le cadre de l’ordre du jour à la Troupe pour s’adresser à toute la nation. Et définir dans son premier discours la voie que son régime va suivre. Le président Émile Lahoud – on peut bien lui donner...