Diplomatie - Les arabes appelés à dire non à Ankara Hraoui accuse la Turquie et Israël de vouloir prendre en tenailles la Syrie et le Liban (photo)

Le chef de l’État Elias Hraoui s’en est violemment pris hier à la Turquie, qu’il a accusée de chercher avec Israël à «prendre en tenailles» la Syrie et le Liban, et a appelé les pays arabes et musulmans à intervenir pour dissuader Ankara de persévérer dans sa politique actuelle. M. Hraoui a tenu ces propos à l’ouverture de la VIIe foire commerciale des pays membres de l’Organisation de la conférence islamique (OCI), organisée au centre des foires Rachid Karamé, à Tripoli. S’adressant aux responsables de l’OCI et aux délégués des pays membres, le chef de l’État leur a demandé de se remémorer le discours qu’avait prononcé le président turc Suleyman Demirel au sommet islamique de Téhéran, en décembre 1997. «Il nous avait parlé de la concorde et de l’ouverture sur le monde entier. Il nous avait assuré que la Turquie était disposée à défendre les libertés dans le monde et notamment dans les États musulmans», a rappelé M. Hraoui. «Aujourd’hui, a-t-il poursuivi, moi qui sais combien le Liban a connu de guerres des autres sur son territoire, j’apprends avec surprise que le Premier ministre turc, le dénommé (Mesut) Yilmaz, se rend en Israël pour comploter avec cet État afin de prendre en tenailles la Syrie et le Liban». «Les médiations se succèdent, tantôt venant d’Égypte, tantôt d’ailleurs. Mais où se cache donc l’OCI? Pourquoi ne dit-elle pas non à la Turquie»?, s’est-il interrogé. S’adresssant au secrétaire général de l’organisation islamique, le marocain Ezzeddine Laraki, M. Hraoui se défend de vouloir lui imputer la responsabilité de ce silence. «Je dis cela simplement pour que l’on sache tous, Arabes ou musulmans, qu’il existe un danger sioniste qui menace le monde tout entier, à commencer par le Liban. Ce danger finira par atteindre l’ensemble du monde islamique». «Où voulez-vous qu’Israël écoule sa production? Est-ce en Europe et aux États-Unis? Ces derniers en ont-ils vraiment besoin? Ne serait-ce pas plutôt dans le monde arabe et en Afrique»?, s’est encore demandé le président de la République. «Vous êtes tous témoins de ce qui arrive aux Libanais d’Afrique», a-t-il dit, rejoignant ainsi la théorie que développent d’autres responsables libanais, comme notamment le chef du Parlement Nabih Berry, qui accusent l’État hébreu de jouer le rôle principal dans la destabilisation des communautés libanaises du continent noir. Revenant à la crise syro-turque, M. Hraoui a appelé les délégués de l’OCI présents à Tripoli d’adopter une résolution destinée «non seulement à soutenir la Syrie, mais aussi à dissuader la Turquie de poursuivre ce qu’elle trame contre le monde islamique tout entier, en accord avec Israël, l’ennemi des Arabes et des musulmans».