Carnet de route Une ambiance de conspiration

La machine à prospecter l’éventail des présidentiables est-elle coincée? Le moteur des concertations a-t-il subi un quelconque grippage? Pourquoi ce climat de conspiration, qui ne dit pas son nom, se nourrit-il, et nous avec, du secret? Même les murs n’ont plus d’oreilles. D’ailleurs, tout se passe comme si personne n’avait rien à dire. Au point que quelques journalistes et un ministre sortent des oubliettes le nom du président Fouad Chehab (qui a quitté le pouvoir il y a trente-quatre ans- par association d’idée (c’était un militaire et l’on parle, entre autres, d’un militaire aujourd’hui) comparaison est raison dans l’argumentation de plus en plus faible des uns et des autres. Dans ces circonstances, avec cette prolongation indéfinie du verdict, beaucoup ont perdu la tête, sans savoir s’ils attendent un événement ou un non-événement, de nouvelles têtes ou les mêmes. Le pouvoir décisionnaire consulte, le Liban fait semblant de répondre aux consultations, tout le monde joue le jeu de la dernière rumeur entendue. C’est malsain à souhait. On en oublie comment ça se passait avant l’incursion des présences étrangères. Il y a dix ans, il y eut suspense à Taef avant l’élection de René Moawad, comme un dernier jeu plus ou moins démocratique. Et puis l’assassinat. Et nous voilà depuis en deuxième république; agrémentée d’une troïka et d’incessantes visites dans l’ancienne capitale des Ommeyades pour régler le problème le plus menu. Non pas que nous retombions en enfance: nous n’en sommes pas vraiment sortis, malgré une guerre qui aurait pu tremper les esprits. Mais tout cela n’est pas grave. Il y a des pays, comme la Grèce après l’invasion romaine, qui ont vécu agréablement leurs trois siècles de décadence. D’ailleurs, nous venons d’inaugurer notre premier Mac Donald...