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Actualités - COMMUNIQUES ET DECLARATIONS

Raymond Eddé : l'élection d'un militaire, une menace pour la démocratie

Le «Amid» du Bloc national, M. Raymond Eddé, a commenté, dans une déclaration faite à Paris, la tournure prise dans les circonstances présentes par l’élection présidentielle. Evoquant, notamment, la possibilité de l’élection du commandant en chef de l’armée libanaise, le général Emile Lahoud, à la première magistrature de l’Etat, le «Amid» a souligné que «l’élection d’un militaire à la présidence de la République est une menace pour la démocratie au Liban». Voici le texte de la déclaration de M. Eddé. «L’élection d’un militaire à la présidence de la République est une menace pour la démocratie au Liban. Certes, de nombreux Etats arabes ont à leur tête un militaire, mais ces Etats sont, tous, démocratiquement, sous-développés. On peut, évidemment, citer Eisenhower et de Gaulle. Mais ce furent de très grands généraux qui ont participé à la Seconde Guerre mondiale, et qui remportèrent la plus grande victoire de l’Histoire. Le général de Gaulle a libéré la France et a exigé de ses alliés que l’armée française soit la seule et la première à libérer Paris, encore occupé par les Allemands. C’est ce qui s’est produit. Puis, il descendit à pied et au péril de sa vie l’avenue des Champs-Elysées, passa par la rue de Rivoli pour atteindre l’Hôtel de Ville. Il mérita d’être réélu au suffrage universel à la présidence de la République. Enfin, le général Fouad Chéhab fut désigné chef du gouvernement par Béchara el-Khoury le jour de sa démission. En 1952, Camille Chamoun est élu président de la République. En 1958, éclata la guerre civile qui dura plusieurs mois et fit près de trois mille tués. En septembre 1958, Fouad Chéhab est élu président de la République. A cette époque, la sixième flotte américaine entourait Beyrouth. Personne n’osait affronter l’élection de Fouad Chéhab. Je réunis le comité exécutif du parti, pour lui faire part de ma décision de poser ma candidature à l’élection présidentielle pour sauvegarder le régime démocratique au Liban et pour qu’il ne soit pas dit que les canons de la sixième flotte ont nommé le président libanais. Le comité exécutif ayant approuvé ma candidature, j’ai obtenu, au premier tour, 17 voix sur celles des 66 députés qui composaient la Chambre. Le général Chéhab n’ayant pas obtenu, au premier tour, les deux tiers des voix, prévues par l’article 49 de la Constitution, échoua. Il fut élu à la majorité au second tour. J’en arrive au général Emile Lahoud, que je ne connais que par ses photos dans la presse. Son père, le général Jamil Lahoud, qui commandait la place de Beyrouth avait reçu du président Chéhab, dont j’étais le ministre de l’Intérieur dans le fameux gouvernement des «Quatre», des instructions pour soutenir militairement la gendarmerie quand je le lui demanderais. Nos relations étaient empreintes d’une profonde amitié. Les précédents Durant l’année de mon ministère (octobre 58 - octobre 59), j’ai eu plusieurs fois l’occasion de me plaindre auprès du président Chéhab des interventions du colonel Antoun Saad, chef du Deuxième Bureau, dans des domaines qui relevaient de mes attributions et de certains de ses comportements. Après l’assassinat du député Naim Moghabghab, dont les assassins n’ont jamais été arrêtés, et lors des élections du Chouf qui ont suivi, ledit colonel ne cessa d’intervenir dans des affaires qui relevaient de mon ministère. J’avais demandé alors au président de choisir entre nous deux. Il me dit qu’il ne pouvait se dispenser des services du colonel Saad. Je lui présentais alors immédiatement ma démission. Je me dois ici de signaler les risques que comporte une présidence de la République confiée à un miliaire, car tous les grands et même petits officiers estimeront qu’ils ont les mêmes pouvoirs que leur ancien collègue et se mêleront de politique. Ainsi, sous la présidence du général Chéhab et après ma démission, deux officiers, Fouad Awad et Chawki Khairallah, préparèrent avec le PPS (1961) un coup d’Etat. Le soir du 11 mars 1976, le général Aziz el-Ahdab paraît soudainement à la télévision après avoir procédé à un coup d’Etat militaire. Plus tard, un officier, Ahmad el-Khatib, fait scission avec de nombreux soldats, dans la Békaa. Puis, c’est le tour des officiers Saad Haddad et Antoine Lahd de faire scission. Actuellement, l’armée libanaise est composée de 63.000 soldats et de 132 généraux. En France, l’armée de terre comprend 190 généraux seulement! Le général Lahoud, comme tout autre général libanais, ne peut faire la guerre contre Israël ni contre la Syrie, il ne peut même pas se rendre à Jezzine, occupé par l’armée pro-israélienne d’Antoine Lahd, quoique celui-ci ait récemment déclaré qu’il était disposé de se retirer avec ses soldats, si l’armée libanaise était disposée à le remplacer. Cela étant, j’estime que le général Emile Lahoud devrait se satisfaire d’avoir unifié l’armée avec l’aide de l’officier Jamil el-Sayed et d’avoir ainsi servi son pays. Aussi, j’estime que l’article 49 de la Constitution doit être modifié pour permettre la réélection du président Elias Hraoui, qui a déjà une grande expérience des affaires de l’Etat, pour une période de trois ans. Etant entendu qu’il devra démissionner dés le retrait des armées israélienne et syrienne et après que la Chambre aura mis fin par une loi à son propre mandat. La nouvelle Chambre, qui sera librement élue, aura à élire un nouveau président de la République, qui sera légal et légitime».
Le «Amid» du Bloc national, M. Raymond Eddé, a commenté, dans une déclaration faite à Paris, la tournure prise dans les circonstances présentes par l’élection présidentielle. Evoquant, notamment, la possibilité de l’élection du commandant en chef de l’armée libanaise, le général Emile Lahoud, à la première magistrature de l’Etat, le «Amid» a souligné que...