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Actualités - INTERVIEWS

La directrice de l'organisation internationale expose à l'Orient Le Jour son plan de réforme L'OMS fait peau neuve (photo)

Plusieurs fois Premier ministre dans son pays, la Norvège, auparavant ministre de la Santé puis de l’Environnement, Mme Gro Brundtland, directrice depuis juin dernier de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), a visité le Liban à l’occasion de la tenue du sommet régional de l’organisation. «Réforme au sein de l’Organisation, soins médicaux pour tous, meilleure coopération avec les bureaux régionaux», telles sont les notions sur lesquelles la nouvelle directrice de l’OMS a insisté dans ses interventions au Liban. Dans une interview accordée à «L’Orient-Le Jour», Mme Brundtland a passé en revue cette réforme au sein de l’OMS sur laquelle elle insiste particulièrement. «Toute organisation a besoin de revoir son système et de réviser ses programmes quand elle change de direction», a-t-elle dit. «Dans un monde sans cesse en changement, une nouvelle administration se doit de se poser des questions sur l’efficacité de son travail: nos priorités sont-elles les bonnes? Avons-nous les résultats escomptés dans notre lutte contre les maladies? De même pour les questions de budget et d’emploi: les bonnes personnes sont-elles au bon endroit?» Et d’ajouter: «J’ai commencé ma réforme au sein du quartier général. A part les neuf directeurs exécutifs travaillant avec moi, j’ai supprimé des emplois pour en créer d’autres où les personnes en charge sont plus directement en contact avec les personnes travaillant dans leurs départements. Le but de ces opérations était de restructurer la hiérarchie bureaucratique en la simplifiant». Pour une plus grande équité dans les soins Interrogée sur les priorités actuelles de l’organisation, Mme Brundtland a dit: «Nous aspirons à créer une différence au niveau de chaque pays pour une plus grande équité dans les soins prodigués aux gens. Pour cela, il faudra travailler à plusieurs niveaux, la santé n’étant pas un domaine isolé: éducation, environnement… La santé est la clé du développement. D’autre part, nous créons plusieurs programmes concernant certaines maladies, afin de rendre notre lutte contre elles plus efficace. Je parle notamment des maladies transmissibles qui constituent un grand problème: à ce niveau, nous nous efforcerons de renforcer la collaboration entre les départements traitant de diverses maladies, comme la tuberculose, la malaria, etc, parce qu’une action en commun serait plus rentable». Commentant l’injustice qui existe toujours dans le domaine médical de par le monde malgré les immenses progrès de la médecine, Mme Brundtland a déclaré: «La santé et l’accès aux soins médicaux font partie des droits de l’homme les plus élémentaires. Nous avons lancé un défi aux pays afin de les pousser à adopter plus d’égalité et plus de solidarité en matière de soins». Par ailleurs, interrogée sur la nécessité d’une réforme dans certains systèmes sanitaires, notamment dans la région, elle a insisté sur le fait que «toute réforme doit se faire dans le sens d’une plus grande équité dans le domaine médical». Les droits des femmes ne sont pas toujours assurés A la question de savoir si une présence plus substantielle des femmes à la direction de l’OMS (6 femmes pour 4 hommes) changeait la perception des problèmes, Mme Brundtland a répondu, avec un sourire, que «l’égalité entre l’homme et la femme dans les questions relatives au développement et au sein de l’organisation est une nécessité, la femme et l’enfant ayant une importance clé dans le développement». «Il est sûr qu’une femme comprend mieux les problèmes féminins», a-t-elle poursuivi. Interrogée sur la condition des femmes, en matière de soins, dans les pays de la région et dans les pays en développement, elle a ajouté: «Il y a certainement beaucoup de progrès en ce qui concerne les femmes dans le monde: la mortalité lors de l’accouchement est en baisse, le concept de la grossesse sûre est davantage pris en compte et plus généralisé. Mais il y a toujours des pays où les droits de la femme ne sont pas assurés. Cela signifie que ces pays devront faire des efforts pour changer cette situation. Certaines pratiques et règles imposées aux femmes sont combattues non seulement par l’OMS mais par d’autres organisations de l’ONU». Cependant, Mme Brundtland a relevé un fait essentiel: «Dans un monde de plus en plus démocratique, il faut que les gouvernements prennent soin de leur population. Mais il n’empêche que chacun a une responsabilité et peut créer une différence». Parlant du lien qui existe entre les problèmes de santé et ceux de l’environnement, Mme Brundtland a déclaré: «Les problèmes d’environnement sont très liés à la pauvreté et à l’augmentation des maladies dans le sens que celles-ci augmentent quand l’environnement est menacé. À titre d’exemple, la pollution due aux voitures, comme à Beyrouth, cause non seulement des maladies pulmonaires, mais rend les gens plus susceptibles aux maladies transmissibles qui se déclarent alors plus fréquemment. Dans la question de l’impact de l’environnement sur la santé, nous travaillons nécessairement avec plusieurs instances concernées». Le Liban au 66e rang mondial Par ailleurs, dans une conférence de presse tenue hier à l’hôtel «Coral Beach», Mme Brundtland a précisé que «le Liban est passé, dans l’index du développement humain, de la 102e place en 1993 à la 66e actuellement». Et d’ajouter: «Je crois que ce pays a du potentiel pour faire encore mieux. J’ai parlé avec le ministre libanais de la Santé de la réforme qui se fait actuellement dans le système sanitaire au Liban, et je pense que ces changements se font dans un sens très positif». Mme Brundtland a également indiqué que cette réunion régionale était la sixième et la dernière à laquelle elle assistait. «J’étais heureuse de m’informer sur la façon dont les bureaux régionaux et les ministères de la Santé (à un niveau national) travaillaient. Certes nous ne pourrons atteindre notre but d’assurer la «Santé pour tous» en l’an 2000, comme nous l’avions décidé en 1978, mais nous ferons des progrès sur cette voie par des campagnes de prévention, de meilleurs soins prodigués à la mère et à l’enfant...» Interrogée sur les conclusions qu’elle a tirées après cette réunion régionale, Mme Brundtland a dit: «Nous avons débattu de plusieurs questions lors de cette réunion, comme celle du commerce des médicaments dans le contexte de globalisation, un des défis qui se posent à l’OMS. Pour ma part, le message que j’ai tenu à passer est celui de la nécessité de combattre la tuberculose, la malaria et la poliomyélite dans la région, ainsi que la lutte contre le tabagisme». Par ailleurs, la directrice de l’OMS s’est rendue au Chronic Care Center en compagnie de Mme Mouna Hraoui, épouse du chef de l’État. Elle a également rendu visite au chef du Parlement, M.Nabih Berry.
Plusieurs fois Premier ministre dans son pays, la Norvège, auparavant ministre de la Santé puis de l’Environnement, Mme Gro Brundtland, directrice depuis juin dernier de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), a visité le Liban à l’occasion de la tenue du sommet régional de l’organisation. «Réforme au sein de l’Organisation, soins médicaux pour tous, meilleure...