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Actualités - ANALYSE

Le problème de l'implantation en filigrane Diplomatie : de l'eau dans le gaz ..

C’est toujours le même problème: qui donc doit gérer la politique étrangère du pays et parler en son nom? Avant Taëf, le régime étant présidentiel, ce domaine était réservé au chef de l’Etat qui, généralement, confiait les Affaires étrangères, sinon à un proche, du moins à un spécialiste ou à une personnalité fiable. Mais Taëf, ou plutôt l’application tronquée, déviée, qui en est faite, a tout changé. Tout le monde veut se mêler des questions extérieures, même en dehors de l’Exécutif et c’est un objet de plainte constante pour le palais Bustros. Surtout quand les violons ne sont pas accordés au sein de ce Conseil des ministres qui, selon les préceptes du nouveau pacte national, doit seul décider des options à retenir. Ainsi, il n’est pas étonnant d’entendre aujourd’hui le ministre des Affaires étrangères, M. Farès Boueiz, se déclarer «surpris» (euphémisme… diplomatique) des engagements hardis que prend le chef du gouvernement, M. Rafic Hariri, au nom du Liban. On sait, en effet, que le président du Conseil a promis à Israël un traité de paix dans les trois mois qui suivraient son retrait du Sud, de la Békaa-Ouest, mais aussi derrière les lignes du 4 juin 1967 au Golan. Sur le plan purement technique, M. Boueiz se demande en substance «comment on peut conclure un tel traité en trois petits mois, alors qu’il en faut plus, rien que pour programmer le retrait». Le ministre met ensuite en garde contre le précédent de l’Autorité palestinienne «qui s’est hâtée de signer sans règlement de la question du retour des réfugiés… Le Liban ne peut pas accepter de laisser un tel problème de côté car cela signifierait tacitement qu’il accepte l’implantation. Avec le temps, l’Etat hébreu refusant le retour et l’Autorité palestinienne s’en désintéressant, cette implantation des réfugiés palestiniens installés au Liban deviendrait un fait accompli irréversible». Aux yeux de M. Boueiz, il est donc clair que les négociations avant tout traité de paix doivent impérativement englober une telle question, pour difficile et longue à résoudre qu’elle paraisse. Assimiler un demi-million de Palestiniens La présence palestinienne est, en effet, pour le Liban un problème difficile. C’est ce que le patriarche Sfeir, notamment, ne cesse de souligner. Sans craindre de se faire contredire – car verbalement le rejet de l’implantation fait l’unanimité –, le chef spirituel de la communauté maronite déclare que ce pays n’a tout simplement pas les moyens d’assimiler un demi-million de Palestiniens, alors que plus de 700.000 de ses fils ne trouvant plus leur pain quotidien dans la mère-patrie ont dû émigrer ces dernières années. Mais, en pratique, c’est la quadrature du cercle. Le rejet de l’implantation est inscrit dans le prologue de la Constitution libanaise. C’est donc dire combien il est fondamental pour ce pays. Toutes les autorités, officielles ou religieuses, répètent régulièrement que les Palestiniens devront un jour retourner chez eux. Mais les Libanais sont seuls à le vouloir ou à y croire. Les autres parties concernées sont en effet à fond pour l’implantation. Israël, tout naturellement parce qu’il ne veut plus d’une pression démographique palestinienne accrue en Cisjordanie. Mais Arafat aussi, parce qu’il ne saurait comment nourrir toutes ces bouches, alors que son territoire, exigu, est déjà surbondé. Les réfugiés eux-mêmes sont généralement plus contents d’être ici, même dans des camps, que dans les territoires autonomes. Certains d’entre eux n’hésitent pas de la sorte à parler du droit… de non-retour! Pour tout dire, la question semble d’autant plus insoluble, du moins dans le sens souhaité par les Libanais, que Beyrouth, pour s’aligner sur Damas, a refusé d’adhérer au processus des négociations dites multilatérales engagées après Madrid et qui traitent justement de questions comme le partage des eaux ou les réfugiés. Quoi qu’il en soit, par ses remarques, M. Farès Boueiz souligne en quelque sorte qu’avant de se lancer dans de retentissantes promesses, M. Hariri devrait peut-être se donner le temps de réfléchir à ce que cela implique… «L’un et l’autre, conclut un taëfiste un peu naïf, devraient en réalité plutôt que de polémiquer publiquement en discuter en Conseil des ministres». Ce serait vraiment trop beau…
C’est toujours le même problème: qui donc doit gérer la politique étrangère du pays et parler en son nom? Avant Taëf, le régime étant présidentiel, ce domaine était réservé au chef de l’Etat qui, généralement, confiait les Affaires étrangères, sinon à un proche, du moins à un spécialiste ou à une personnalité fiable. Mais Taëf, ou plutôt l’application...