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Actualités - ANALYSE

Sud : les inconvénients d'une position libanaise trop subtile ...

A Beyrouth, on aime beaucoup Moscou pour son constant appui à la cause arabe en général et au Sud-Liban en particulier. Mais on regrette, dit un cadre, que le ministre russe des Affaires étrangères M. Yevguéni Primakov «semble un peu mal comprendre ce qu’il en est. Il écrit en effet à son homologue syrien M. Farouk El Chareh que le jumelage des volets libanais et syrien signifie qu’il y aurait retrait israélien simultané du Sud et du Golan. Ce qui équivaut à gommer la 425 qui ordonne à Israël la restitution aussi inconditionnelle qu’immédiate du territoire libanais qu’il occupe. Dès lors, l’application de cette résolution ne présuppose la signature d’aucun traité, les relations entre les deux pays devant continuer à être régies par la convention d’armistice de 1949, jusqu’à la conclusion d’une paix globale dans la région. On est donc loin des dispositions de la 242 qui concerne les territoires arabes envahis lors de la guerre de 1967, dont le Golan, et qui prévoit des pourparlers précédant le retrait et l’éventuelle signature d’une paix entre la Syrie et Israël». Ce responsable, qui ne veut pas avouer qu’il est difficile dans ces conditions de comprendre ce que le terme «jumelage» veut dire, s’efforce de trouver des circonstances atténuantes à M. Primakov. « Le chef de la diplomatie russe, dit-il, veut peut-être signifier qu’un retrait israélien du Sud et non du Golan pourrait ne pas prodiguer à Israël les garanties de sécurité qu’il réclame. Cela même si l’Etat hébreu a promis de traiter de la question du Golan après le retrait du Sud, moyennant des assurances syriennes pour la sécurité de sa frontière nord avec le Liban en guise de geste de bonne volonté comme de bonnes intentions de part et d’autre. C’est en effet ce que laisse entendre le ministre israélien de la défense M. Yitzhak Mordehaï. Mais la Russie craint sans doute - une méfiance que Paris ne semble pas loin de partager -que les Israéliens ne soient justement pas de bonne foi et ne tiennent que des propos trompeurs, sans avoir aucune envie de rendre le Golan à la Syrie. Ils pourraient, après avoir obtenu ce qu’ils voulaient en ce qui concerne le front libanais qui leur coûte tant en hommes, faire traîner indéfiniment les choses du côté syrien. On ne peut oublier en effet que la devise de M. Benjamin Netanyahu, sur laquelle il a réussi à se faire élire, reste «la sécurité avant la paix»». D’où on peut conclure qu’il importe au chef du Likoud de rendre le Sud parce qu’il n’y trouve pas la sécurité, tant s’en faut, alors qu’il n’aurait pas de raisons à son sens de restituer un Golan qui ne pose aucun problème de résistance active. Une logique que le responsable libanais cité se garde évidemment de mentionner… Alternative Cette source reprend en rappelant que «les travaillistes de M. Shimon Pérès pensent pour leur part que la sécurité ne peut découler que de la paix. Quant au président Bill Clinton il affirme que les deux doivent aller de pair. Mais le processus bute sur l’obstination d’un Netanyahu qui prétend que la paix ne peut être conclue qu’avec des régimes démocratiques et non avec des systèmes qui répriment les libertés et soutiennent le «terrorisme» ou ne parviennent pas à le juguler. C’est pourquoi il lie le redéploiement en Cisjordanie à la neutralisation du Hamas comme du Jihad islamique par l’Autorité palestinienne. Il affirme dans ce cadre que les accords d’Oslo conclus avec Arafat par les travaillistes quand ils étaient au pouvoir n’assurent pas la sécurité d’Israël, à preuve que les formations intégristes islamistes hostiles à la paix ont poursuivi leurs actions de plus belle après la signature de ces arrangements. M. Netanyahu applique la même ligne par rapport au Liban où il exige la liquidation du Hezbollah qui, là, incarne le «terrorisme» à ses yeux. Une liquidation qu’Israël, malgré les sanglantes agressions de juillet 93 et d’avril 96, n’a pas pu lui-même réussir. M. Netanyahu insiste donc pour que préalablement au retrait du Sud et de la Békaa-ouest, le gouvernement libanais et le gouvernement syrien lui assurent l’arrêt des actions de la résistance et le désarmement du Hezbollah qui pour sa part met en garde les autorités locales contre toute velléité de le mettre au pas. En pratique, et le Likoud montre qu’il en est parfaitement conscient, seul Damas — qui contrôle ce pays — peut lui prodiguer les garanties qu’il réclame sur le terrain au Liban. C’est ce qui explique sans doute en partie les remarques de M. Primakov qui restent quand même un peu trop associatives. Car la solidarité avec la Syrie, et vice-versa, concerne la signature d’un accord de paix global et non la 425…» Une position nuancée, théoriquement correcte mais pratiquement démolie par les réalités, dont la moindre n’est pas que les Libanais en allant à Madrid — ce que tous les sudistes, à commencer par M. Nabih Berry, ont réprouvé — ont accepté de négocier. Au point qu’ils se récrient aujourd’hui quand on parle de «retrait unilatéral», expression un peu bizarre vu que le Liban pour sa part n’occupe aucune enclave en Galilée et qui signifie que les Israéliens partiraient sans préavis et sans mécanismes permettant aux réguliers libanais d’occuper sans entrave ni retard la place laissée vide, avec l’aide de la FINUL… E.K.
A Beyrouth, on aime beaucoup Moscou pour son constant appui à la cause arabe en général et au Sud-Liban en particulier. Mais on regrette, dit un cadre, que le ministre russe des Affaires étrangères M. Yevguéni Primakov «semble un peu mal comprendre ce qu’il en est. Il écrit en effet à son homologue syrien M. Farouk El Chareh que le jumelage des volets libanais et syrien...