Trois palestiniens tués et six autres blessés à un barrage israélien en Cisjordanie (photo)

Trois Palestiniens ont été tués hier par des gardes-frontières israéliens, qui ont tiré apparemment par erreur sur une camionnette transportant des ouvriers revenant d’Israël en Cisjordanie, a indiqué un porte-parole militaire israélien à Hébron. Les trois victimes sont Ghaleb Moussa Rajjoub, 33 ans, Adnan Jibril Abou Zneid, 35 ans, deux ouvriers originaires du village de Doura, et Mohammed Charzi al-Charawni al-Jouneid, 28 ans, ouvrier de Hébron, dans le sud de la Cisjordanie, a-t-on indiqué de source palestinienne. Ghaleb Moussa Rajjoub était le cousin de M. Jibril Rajjoub, chef de la Sécurité préventive palestinienne en Cisjordanie. Six autres Palestiniens qui se trouvaient dans l’estafette Ford Transit ont été blessés, dont deux grièvement, a ajouté le porte-parole militaire. Cinq d’entre eux ont été évacués vers un hôpital en Israël et un autre, en état de choc, vers l’hôpital Ahli de Hébron. C’est la première fois que des Palestiniens sont tués par balles par l’armée israélienne cette année en Cisjordanie. Cet incident est survenu alors que le processus de paix est dans l’impasse depuis un an en raison du refus israélien de respecter les accords concernant le redéploiement des troupes de l’Etat hébreu en Cisjordanie. A ce propos, on indique de source israélienne que Benjamin Netanyahu a présenté, hier, à son gouvernement un plan en quatre points afin de reprendre les négociations avec les Palestiniens. Le premier ministre israélien avait discuté de ce plan avec les dirigeants occidentaux lors de sa tournée européenne de la semaine dernière. L’incident meurtrier d’hier a eu lieu à un poste de contrôle routier de l’armée israélienne aux abords de la localité de Tarkoumiya, dans la région de Hébron, près de la ligne de démarcation entre la Cisjordanie et Israël. Selon la radio publique israélienne, le conducteur du véhicule palestinien a dévié de sa route, accrochant un militaire israélien qui a été légèrement blessé. Les soldats de faction au barrage routier, croyant à une tentative d’attentat, ont immédiatement ouvert le feu. Un des blessés, M. Ali Hassan Abou Zneid, qui se trouvait dans l’estafette, a raconté qu’«il y avait un bouchon près du barrage de l’armée, et qu’un véhicule palestinien a voulu nous doubler, ce qui a amené notre chauffeur à déboîter pour l’en empêcher, provoquant ainsi les tirs des soldats». D’autres témoins, cités par la radio israélienne, ont estimé qu’un incident technique avait contraint la camionnette à dévier de son chemin. Le véhicule, qui transportait 12 personnes, revenait d’Israël pour se rendre en Cisjordanie, à l’heure où de nombreux Palestiniens qui travaillent pour la journée en Israël rentrent chez eux. «Selon les premiers éléments disponibles, le véhicule a tenté de forcer un barrage de l’armée et les militaires ont respecté les consignes», a réagi le premier ministre israélien Benjamin Netanyahu lors d’une conférence de presse à Tel-Aviv. Deux soldats impliqués dans l’incident ont été interrogés par la police militaire israélienne. A Gaza, un porte-parole du président palestinien Yasser Arafat a vivement condamné l’attitude des militaires. «Nous dénonçons les tirs de l’armée contre des civils palestiniens. Nous considérons que les autorités israéliennes sont responsables de cet incident», a déclaré le porte-parole, M. Nabil Abou Roudeina. «Les Israéliens ont ouvert le feu sans raison», a-t-il dit. Le ministre palestinien de la Culture, Yasser Abed Rabbo, a indiqué que «le gouvernement israélien porte l’entière responsabilité de ce crime, à cause de ses incitations racistes anti-palestiniennes dans la société et l’armée israélienne». Des heurts ont suivi l’incident, lorsque des Palestiniens témoins de la scène ont jeté des pierres sur les militaires, qui ont répliqué en tirant des grenades lacrymogènes et des balles caoutchoutées. Des incidents sporadiques ont ensuite éclaté jusqu’aux dernières heures de la soirée, sans faire de victime, au centre de Hébron. Des manifestants ont lancé des bouteilles incendiaires et des bouteilles contre les soldats israéliens, et la police palestinienne n’a pas été en mesure de les disperser. Opération de police Par ailleurs, un millier de policiers et militaires israéliens ont investi hier à l’aube la localité palestinienne de Chuwekha en Cisjordanie où ils ont arrêté des dizaines de Palestiniens et saisi des véhicules volés en Israël, a annoncé la police. Les forces israéliennes ont imposé le couvre-feu sur la bourgade et procédé à des perquisitions dans des maisons et des ateliers, où les voitures seraient démontées pour être revendues en pièces détachées. Une porte-parole de la police a indiqué que 34 habitants de la localité ont été appréhendés pendant l’opération, qui a duré plusieurs heures. La police a récupéré plusieurs dizaines de voitures volées en Israël ainsi que d’autres équipements automobiles, a-t-elle dit. Juste avant l’opération, la police israélienne a averti la police locale palestinienne de son action. Il s’agit de la plus importante opération effectuée jusqu’à ce jour dans une localité palestinienne au sujet des vols de voitures organisés par des réseaux israélo-palestiniens. Chuwekha, dans le nord-ouest de la Cisjordanie, est située près de la frontière israélienne, dans une zone sous contrôle sécuritaire israélien, même si l’Autorité palestinienne y exerce son contrôle administratif et dispose d’un commissariat de police. Les vols de voitures israéliennes — qui sont ensuite revendues dans les zones autonomes palestiniennes ou en Israël — ont fortement augmenté ces derniers mois, et la police israélienne se plaint fréquemment de recueillir peu d’aide de la police palestinienne. Plus de 40.000 voitures ont été volées l’an dernier en Israël, soit près de 30% de plus qu’en 1996, selon les chiffres de la police israélienne. (AFP-Reuters)